CDT d'Ille-et-Vilaine
Afin d'asseoir son appartenance à la Bretagne, le département d'Ille-et-Vilaine vient d'adopter une nouvelle stratégie de communication touristique. Désormais, le département se fait connaître sous l'appellation 'Haute Bretagne, concentré d'énergies'. Il faut reconquérir la clientèle perdue ces dernières années.
Saint-Malo, vous connaissez ?
"Ah oui, bien sûr, les remparts, la mer, les corsaires..." Et Rennes ?
"Oui, c'est la capitale de la Bretagne !" Cancale ? "Les
huîtres", etc. Le sondage commandé par le CDT d'Ille-et-Vilaine sur des
personnes n'ayant jamais passé de vacances en Bretagne se poursuit de même jusqu'à la
question finale : Qu'évoque pour vous l'Ille-et-Vilaine ? "L'Ille-et-Vilaine ? On
ne sait pas où c'est, cela ne nous donne pas envie d'aller voir." Eh bien c'est
tout simplement ce département aux sites touristiques très porteurs (Saint-Malo,
Cancale, Dinard, Brocéliande, Rennes, etc.), mais au nom tellement vague et sans aucune
appartenance que le citoyen lambda le situe partout sauf en Bretagne. Dur ! "Nous
avons du mal à nous positionner en Bretagne, le département n'a pas de contours. C'est
un constat que nous faisons depuis 5 ans déjà, mais faute de budget suffisant, nous ne
pouvions pas mener une campagne digne de ce nom pour inverser la tendance",
précise Yolaine Provost-Gauthier, chargée de la communi-
cation au CDT 35. Mais le Breton est têtu et le financement est arrivé. 3 millions de
francs ont donc été débloqués fin juin 2000 pour repositionner l'Ille-et-Vilaine. Oh
bien sûr, il s'agit ici d'un simple repositionnement marketing touristique. Il n'est pas
question de rebaptiser le département, à l'instar des voisins costarmoricains qui, voici
quelques années, optent pour Côtes d'Armor au détriment du glacial Côtes du Nord.
L'Ille-et-Vilaine continue d'exister, mais en sous-titre. Il faudra désormais lire, avant
et en caractère gras : 'Haute Bretagne, concentré d'énergies'. Le tout rehaussé d'un
logo dynamique mettant en exergue 3 visuels : une voile pour la mer, le donjon d'un
château pour le patrimoine et une feuille de chêne pour la nature et la campagne.
Un département énergique !
"Lorsque l'on évoque le mot énergie, cela concerne tous les éléments de
l'Ille-et-Vilaine, dixit Yolaine Provost-Gauthier. Les énergies naturelles bien
entendu avec l'eau, la forêt, les bocages... Energies telluriques avec les sites
mégalithiques, celles du savoir via nos sites culturels, nos musées, etc." Restait
à décliner ce concentré d'énergies dans tous les bassins touristiques de
l'Ille-et-Vilaine, à savoir Rennes, Saint-Malo-Cancale, Vitré-Fougères, Brocéliande,
la vallée de la Vilaine et la vallée de la Rance. A chacun ses spécificités et ses
formules, comme ce séjour gastronomique en baie de Cancale, cette croisière sur le canal
au départ de Redon, le week-end grandes marées dans la baie du Mont-Saint-Michel... "Parallèlement
au schéma de développement, nous nous sommes engagés sur des filières produits, à
commencer par la randonnée, qui fonctionne extrêmement bien ici. A l'inverse des autres
départements, les activités fluviales maritimes n'arrivent chez nous qu'en troisième
choix. Nous n'avons que 75 km de côtes. Les autres filières fortes sont la thalasso, le
golf, la gastronomie..."
Une fois le positionnement affiné, il restait à le faire connaître. Une grande campagne
de promotion a notamment été lancée sur la région parisienne, première clientèle
touristique du département, avec affichage dans le métro ou cartes postales distribuées
dans les gares parisiennes, dans les TGV, etc. Le tout accompagné d'un nouveau magazine, Haute
Bretagne, édité en lieu et place du traditionnel dépliant d'appel. "Nous
avons eu plus de 5 000 demandes en retour de catalogue." Cette campagne
vise à attirer davantage de touristes dans le département. L'an dernier,
l'Ille-et-Vilaine a enregistré quelque 12 millions de nuitées dont un quart entre le 14
juillet et le 15 août (70 % des nuitées sont réalisées entre avril et septembre). En
1999, le département a accueilli 3 millions de visiteurs, dont 75 % de Français et 25 %
d'étrangers, ces derniers étant en baisse puisque, selon Antony Ledaniel, "nous
avons perdu 5 % d'étrangers en 2 ans. Les Anglais représentent le gros du contingent
étranger (3e clientèle, toutes origines confondues, derrière les Franciliens et le
Grand Ouest), les Allemands sont par contre en perte de vitesse dans l'hôtellerie,
dépassés par le Benelux".
L'hôtellerie d'Ille-et-Vilaine a tout à gagner de ce nouveau positionnement puisqu'elle
représente, avec 286 établissements, le premier mode d'hébergement du département qui
d'ailleurs, en nombre, dépasse largement ses voisins bretons. En 2000, le TO était de
59,1 % en baisse de 0,7 point par rapport à 1999 (et surtout en baisse de 3,3 points pour
le 3e trimestre). L'hôtellerie enregistrait l'an dernier près de 2,4 millions de
nuitées, en baisse de 5 % par rapport à 1999 ; la durée du séjour reste la même avec
1,72 jour. La dépense moyenne par jour et par personne est cependant meilleure que dans
les autres départements avec 186 F (moyenne régionale à 169 F), ce qui s'explique par
la moins grande durée de séjour. Pour ce qui est de ce début d'année, "nous
avions des espoirs après Pâques, mais, début mai, nous avons eu de fortes inquiétudes
pour le début de saison du fait de la météo. Avec le beau temps, on verra".
Toujours est-il qu'avril 2001 est moins bon qu'en 2000, qui était lui-même moins bon que
1999 ! Le nom-bre total de nuitées était en baisse de 1,6 % pour le premier trimestre
2001 par rapport à 2000. Un résultat qui s'explique par une baisse de la fréquentation
française ; pour autant, dans le même temps, la clientèle étrangère semble retrouver
le chemin de l'Ille-et-Vilaine (+ 14 458 nuitées par rapport à 2000).
O. Marie
3 millions de francs ont été débloqués fin juin 2000 pour repositionner
l'Ille-et-Vilaine.
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L'HÔTELLERIE n° 2723 Hebdo 21 Juin 2001
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