Haut lieu de vacances balnéaires, Oléron accueille les classes les plus diverses et les plus populaires. Les bons professionnels survivent à petits prix face à une concurrence pléthorique de paillotes et pizzerias bon marché.
Sans pour autant être un lieu de pauvreté, l'île
d'Oléron fait figure auprès de son opulente voisine, l'île de Ré, de parent démuni.
La simple comparaison des prix de l'immobilier prouve cette analyse, avec 1 m2
constructible entre 700 et 800 F (contre 3 000 F minimum sur Ré), et des maisons encore
abordables à 800 kF qui sont introuvables de l'autre côté du Pertuis d'Antioche
séparant les deux terres. On y vit de la mer (ostréiculture, aquaculture, mytiliculture)
- les huîtres de Marennes-Oléron tenant la vedette -, mais aussi de la terre, de
l'agriculture, de l'élevage et surtout de viticulture.
Le tourisme est le tout premier secteur d'activité, avec les inévitables pics de
fréquentation l'été, à Pâques ou en fin d'année. La politique d'accueil des
responsables insulaires s'est toujours voulue très ouverte, et les facilités d'accès
issues du pont (gratuit depuis 1991), ont amplifié le phénomène. La très large
diversité de l'offre va du plus luxueux au meilleur marché possible, attirant une foule
de visiteurs de toute origine qui n'est pas obligatoirement une source d'enrichissement
pour les restaurateurs ou les hôteliers.
Pizzerias et camions frites
Avec un taux d'occupation annuel moyen de 60 %, l'hébergement en hôtel traditionnel tire
son épingle du jeu grâce, notamment, aux poussées à 100 % en juillet-août. Mais les
tables les plus réputées ont à déplorer la concurrence endémique des structures bon
marché qui poussent comme des champignons dès la fin juin.
"Les restaurants de camping, les camions frites abondent aux beaux jours,
déplore un professionnel de Dolus. Les vacanciers prennent l'habitude d'emmener à la
plage leur pizza ou leur sandwich, et les tarifs élevés des locations de vacances les
obligent à serrer leur budget restaurant. Pourtant, nous faisons des efforts pour rester
abordables."
Ainsi La Criée à Saint-Trojan, affiche des menus à partir de 60 F, malgré une
réputation de spécialiste des fruits de mer solidement établie. Son proche voisin, le
très renommé Homard Bleu, préférant rester dans sa catégorie entre 180 et 346 F. Les
grandes tables locales font avec, équilibrant leurs menus et leurs tarifs entre le prix
des matières premières, la notoriété et la demande. La situation insulaire d'Oléron
ne pose pas de soucis particuliers aux hôteliers ou restaurateurs, pour la simple raison
que l'île n'en est pas une. Les approvisionnements avec le continent sont réguliers,
sans problème et sans surcoût, grâce au pont, véritable cordon ombilical du site, qui
a rayé d'un trait de béton les inconvénients du bac aujourd'hui disparu.
Par contre, tous les professionnels ont un souci commun : celui du personnel. Tous
recherchent des employés qualifiés, fiables, avouant, du plus modeste au plus grand,
avoir de grandes difficultés à en trouver.
Les chiffres et les équipements
Oléron (30 km de long, 11 km de large) est un bout de continent au bord du Midi de
l'Atlantique, dans le sud de l'embouchure de la Charente. La mer régit la vie de ceux qui
peuplent cette presqu'île (18 000 résidents, 200 000 temporaires), reliée à la France
par un pont de 3 000 m sans péage, entre nourriture, nautisme et thalasso. On s'y presse
en été, mais on y réside en hiver, dans des proportions de 12 visiteurs pour 1
habitant, les infrastructures d'accueil s'adaptant à cette situation. L'hôtellerie de
plein air (campings, parcs aménagés, villages vacances) est très active avec 47
structures recensées sur les 175 km2 de cette deuxième île française en termes de
surface (après la Corse). Dans cette catégorie, on trouve tout et à tous les prix,
entre place pour petite tente face aux vagues et mobile home luxueux dans un parc
protégé et verdoyant.
Le choix des hôtels est du même esprit, entre 1 et 4 étoiles, avec 31 établissements
majeurs, dont 20 équipés d'un restaurant et 23 autres moins importants (source Otsi).
Quant aux bonnes (ou moins bonnes) tables, l'office de tourisme en distingue 23 dans son
opuscule 2001, et en relève une cinquantaine d'autres, en ne mentionnant pas les
multiples guinguettes, baraques à frites ou paillotes à pizzas. 38 brasseries, 10 bars
d'ambiance ou pubs, 8 discothèques complètent l'inventaire officiel, non-exhaustif,
surtout en période estivale durant laquelle foisonnent les initiatives diverses.
La circulation dans l'île est aisée, par un maillage routier de petites voies
départementales. Entre Saint-Pierre, Saint-Georges, Saint-Trojan, peu d'embouteillages,
hormis les jours de grande presse vers les plages, mais on relève un grand nombre de
loueurs de vélos. Le prix moyen à la journée est de 50 F maintenance comprise, la
bicyclette étant le meilleur moyen de découvrir une île offrant un terrain plat et de
nombreuses pistes réservées aux deux roues. On trouve également des bateaux, des
voiliers et des jet-skis, à l'heure, à la journée ou à la semaine. Environ 1 000 F
pour l'après-midi pour un 6 m à moteur de 90 CV.
J.-P. Gourvest zzz70
Le point de vue de l'hôtelier Les vertus de l'indépendancePour Daniel Orski, patron du Floratel, un hôtel-restaurant de 49 chambres implanté à Dolus, ne pas être affilié à une chaîne est un avantage lorsque l'on professe sur l'île. "Hormis Novotel, nous sommes tous ici des indépendants, souligne-t-il. Nous offrons une gamme de services étendus, accessibles à tous les budgets, et nous travaillons souvent ensemble. Lorsque je suis complet, j'envoie mes clients chez mes confrères qui me rendent régulièrement la pareille. Je crois que cet état d'esprit solidaire vient justement de nos structures, et qu'il ne se développe pas de la même manière dans les chaînes." Employant 3 personnes, réalisant un CA annuel de 2 MF complété par un restaurant, le Floratel dispose d'une piscine et de chambres 2 étoiles vendues entre 250 et 370 F la nuit. Son taux d'occupation varie de 36 à 100 % selon les mois. "La catégorie 2 étoiles est ouverte à un large éventail de clients, précise l'hôtelier. D'ailleurs, nous sommes une dizaine sur l'île à l'afficher, tandis que nous voyons le seul 4 étoiles (Le Grand Large) fermé depuis des mois. Nous tirons notre épingle du jeu par le service, et l'objectif de satisfaire nos visiteurs. D'ailleurs, 40 % de ces derniers reviennent d'une année sur l'autre." |
Le point de vue du restaurateur La Braise à Dolus : trouver le juste prixCarence
en personnel, politique touristique incohérente, le restaurateur appréhende la saison
d'été. Et reste lucide sur les avantages de l'insularité. Promotion et qualification |
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L'Hôtellerie n° 2726 Hebdo 12 Juillet 2001