Les Charret en Touraine
Avec une formation en sciences politiques et sciences économiques à Grenoble, rien ne prédisposait Bernard et Dominique Charret à réussir un beau parcours dans la restauration. Et pourtant ce couple de 45 et 46 ans, après un passage dans la région de Compiègne, a réussi à créer trois établissements renommés en Touraine.
Les Charret se sont
installés en 1983 à Larçay, non loin de Tours, pour y créer L'Entrecôte aux
Chandelles avant de déménager trois ans plus tard juste à côté pour y ouvrir Les
Chandelles Gourmandes. L'ancien restaurant est devenu La Planchette où l'on sert
grillades, boudins et terrines maison. Une seconde Planchette ouvrira plus tard à
Chanceaux : trois restaurants qui forment un petit groupe d'établissements avec 13
salariés et 4,5 millions de francs de chiffre d'affaires. C'est aux Chandelles que
Dominique et Bernard Charret ont voulu marquer leur empreinte avec une véritable
philosophie de la cuisine qui interdit tous les produits congelés ou surgelés, les
conserves ou les aliments bas de gamme. Le restaurant travaille en effet exclusivement des
produits frais ou biologiques approvisionnés par un réseau 'sécurisé' de petits
producteurs fiables ou d'achats sur les marchés locaux.
Tous les produits ont ici une provenance claire afin d'informer en détail les clients sur
le contenu de la carte et de l'assiette.
Certifié Cuisinerie gourmande
Les terrines, pain biologique et autres préparations sont naturellement maison tandis que
la carte peut évoluer. "Nous n'achetons qu'en petite quantité, explique
Bernard Charret, afin d'écouler très rapidement. La carte peut donc subir quelques
modifications. Nous voulons respecter les produits et leurs cycles de vie : quand un
éleveur n'a plus de cailles, on n'en propose plus à la carte. Nous sommes tributaires
des produits frais." C'est vrai également avec le poisson, en particulier d'eau
douce. Les Chandelles travaillent essentiellement avec des pécheurs professionnels locaux
qui apportent leurs poissons péchés dans la Loire ou dans un étang. Aujourd'hui, le
restaurant peut ainsi proposer 25 poissons différents d'eau douce et même de la
lamproie, une espèce rare aujourd'hui : "Nous sommes les seuls à offrir une
telle diversité, et à faire redécouvrir certains poissons oubliés et pourtant
goûteux." Cette spécialisation suppose cependant un long travail pour enlever
les arêtes et vider les poissons, ce qui explique que "le service ait été
parfois un peu trop lent, ce qui nous a fait perdre quelques clients. Mais nous nous
sommes améliorés". Certifié 'Cuisinerie gourmande' le restaurant achète
mouton et porc bio en entier, ce qui oblige à proposer des plats multiples et pas
simplement quelques pièces nobles. Dans la même lignée, les escargots sont achetés
vivants et les poulets n'ont jamais moins de 7 mois. Tout cela est consigné dans un
cahier des charges propre à l'établissement qui interdit également la farine dans les
sauces, les précuissons ou l'achat de fromages de chèvre l'hiver quand les chèvres sont
taries, etc.
Un peu seuls...
Adeptes du 'pur terroir tourangeau' et du 'goût et de la qualité d'autrefois' les
Charret aiment donc accueillir des clients curieux qui se posent des questions sur le
contenu de leur assiette, désireux d'acquérir une certaine culture du goût. Evidemment,
les Charret se trouvent un peu seuls et isolés dans la région. Membre de l'association
Restaurateurs de métier des Provinces Françaises, ils ont été les premiers certifiés
Cuisinerie gourmande dans le département. Bernard Charret aimerait d'ailleurs que cette
certification soit encore plus sélective en renforçant les critères de choix, de
qualité et de fraîcheur. Pour se maintenir à niveau, les Charret sont des adeptes de la
lecture de journaux et livres professionnels, mais aussi de visites, avec le personnel,
chez les producteurs pour connaître leurs contraintes et leurs méthodes de culture ou
d'élevage. Cette démarche intellectuelle repose en effet sur une certaine idée de la
gastronomie qui exige également l'éducation et la pédagogie. Le restaurant travaille
avec des écoles, intervient lors de la Semaine du goût et fait uvre de pédagogie
tous les jours avec ses clients. La carte est d'ailleurs explicite : "Nous
oublions que les plats mijotaient pendant des heures au coin du fourneau. Nous y rêvons
encore, mais pourquoi nous persuader qu'ils sont les mêmes au micro-ondes." Un
message qu'ils voudraient porter plus haut et plus loin pour se sentir un peu moins seuls
dans le paysage gastronomique régional.
J.-.J. Talpin zzz22v zzz18p
Dominique et Bernard Charret.
En chiffresPour leurs 3 restaurants : |
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L'Hôtellerie n° 2727 Hebdo 19 Juillet 2001