Les terrasses font le plein au
bord de l'eau, les festivals font le bonheur des états de réservations pour toutes les
catégories d'hôtels, les chiffres d'affaires sont à la hausse dans toutes les régions,
et Paris sera toujours Paris, même si la tour Eiffel ne scintille plus, regrettant sans
doute la piteuse prestation de notre candidature au JO de 2008. Passons... Alors revient
la complainte rituelle sur la pénurie de personnel encore plus cruciale en été. Et
chacun d'y aller de son petit couplet sur ce mal devenu endémique et qui a remplacé,
dans le rôle d'épouvantail pour discours de congrès, les ravages passés du
paracommercialisme, qui n'était finalement pas si dangereux qu'on voulait bien le dire.
Au lieu de se lamenter, comme le font par exemple les représentants de la profession
en Languedoc-Roussillon, pour qui, selon une dépêche AFP du 16 juillet, il n'y aurait
que le travail clandestin comme planche de salut, il est temps d'essayer d'analyser
rationnellement une situation de plus en plus difficile à gérer.
Certes les explications ne manquent pas. Mais que valent-elles réellement ? "Les
jeunes ne veulent plus faire un métier trop contraignant ?" Peut-être, encore
qu'il faille nuancer cette appréciation : beaucoup de diplômés de l'enseignement
professionnel, beaucoup de jeunes en formation, éprouvent de l'enthousiasme pour la voie
qu'ils ont choisie. A condition, bien sûr, de ne pas être pris pour une
main-d'uvre corvéable à merci et confinée dans les travaux annexes (Les
intéressés utilisent une expression plus imagée...). Regretter 'le bon temps' de
l'apprentissage 'à la dure' ? C'est une époque révolue. Accuser les réductions de
temps de travail imposées par la puissance publique ? Certes, la négociation sur la RTT
dans la profession s'est révélée d'un rare byzantinisme qui a laissé le champ libre
aux exigences des pouvoirs publics qui n'en demandaient sans doute pas tant. Mais donner
l'image d'une profession opposée à une évolution des conditions de travail, malgré la
sincère volonté d'améliorer les choses, n'a évidemment pas contribué à rehausser
l'attractivité du métier. On peut se rassurer en songeant que nos voisins européens
connaissent les mêmes difficultés, ce qui ne peut guère servir de consolation. Nos amis
britanniques, en particulier (selon l'éditorial de Caterer du 11 juillet), se
considèrent à "l'entrée de l'enfer de Dante" face à la pénurie de
main-d'uvre. Et la décision du prestigieux Claridge londonien de recruter 18
étudiants serbes a révélé un profond malaise dans l'Angleterre de Tony Blair.
Dans l'Hexagone, où ne pèse pas l'héritage de Mme Thatcher, il reste encore de
l'espoir, à condition que la profession veuille bien enfin convenir d'analyser la
situation et essayer d'apporter des réponses concrètes et efficaces. Loin des querelles
compliquées entre signataires, non-signataires, réfractaires et j'en passe, qui
n'intéressent que ceux qui les cultivent.
LH
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L'Hôtellerie n° 2727 Hebdo 19 Juillet 2001