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Corse

La saison menacée dans l'extrême sud de l'île

Les incertitudes sur l'avenir du deuxième pôle aérien français commencent à faire craindre le pire pour la saison touristique de l'extrême sud de la Corse. Air Liberté est en effet la seule compagnie aérienne présente sur l'aéroport de Figari.

Depuis l'annonce du dépôt de bilan d'AOM Air Liberté, c'est tout l'avenir de la microrégion la plus touristique de l'île qui est en jeu. Roland Dominici, président de la coordination des industries touristiques et hôtelières à Porto-Vecchio ne cache pas, ni sa colère, ni son inquiétude. "La saison touristique 2001 s'annonçait exceptionnelle. Mai et juin, dont on attend encore les chiffres officiels, seront certainement meilleurs qu'en 2000. Pour juillet et août, on devrait retrouver le niveau record de 1999, proche de la saturation. Quant à l'arrière-saison, elle s'annonce vraiment prometteuse. Mais, tout pourrait être remis en cause en quelques jours." Air Liberté est en effet la seule compagnie à desservir l'aéroport de Figari qui alimente le pôle touristique de l'extrême sud de l'île : de Zonza en pleine montagne à Bonifacio en passant par Porto-Vecchio, la zone concentre 25 000 lits marchands soit 21 % de la capacité d'accueil totale de la Corse. Air Liberté est en effet la compagnie concessionnaire du service public entre Paris et Figari, en échange d'une subvention de continuité territoriale. Mais c'est aussi la seule compagnie à relier cet aéroport à Nice et Marseille. En décembre 1999, lorsque les élus de l'assemblée de Corse ont dû annuler l'appel d'offres pour le service public sur le bord à bord, Air Liberté a partagé la desserte sur Figari (environ 300 000 passagers par an, dont plus de 80 % pendant la saison touristique) avec son concurrent qu'était Air Littoral. Mais 6 mois plus tard, après la fusion des deux compagnies, Air Littoral s'est concentrée sur Calvi et Air Liberté s'est retrouvée de nouveau en situation de monopole sur Figari. "On ne peut imaginer que la desserte sera interrompue en plein été", tente de se rassurer Didier Léonetti, le directeur de l'office de tourisme de Porto-Vecchio. Malgré tout, l'émotion gagne les élus de l'assemblée de Corse. Fin juin, ils ont adopté une motion déposée par Camille de Rocca Serra, le maire de Porto-Vecchio. Au cours du débat, François Piazza Alessandrini, le président de l'office des transports de Corse, qui alloue les subventions de continuité territoriale aux compagnies concessionnaires a rappelé que même si la région était concernée, elle ne pouvait que rester observatrice de la situation. Les élus ont quand même demandé à Air France et à la compagnie régionale CCM Air Lines de se tenir prêtes au cas où à pallier la défection d'Air Liberté, alors que de son côté, Marc Dufour, le p.-d.g. d'Air Littoral a annoncé que sa compagnie resterait présente entre Calvi, Figari, Marseille et Nice, liaisons ouvertes à la concurrence. Mais en attendant de connaître l'épilogue de ce feuilleton, des contacts ont été pris par l'office des transports avec les services européens pour savoir quelle serait alors l'attitude à adopter en cas de cessation d'activité d'Air Liberté. Le problème concerne le contrat de service public sur Paris : sera-t-il possible de transférer ce contrat à un éventuel repreneur, ou faudra-t-il relancer une procédure d'appel d'offres ? "La situation est totalement nouvelle au plan européen, explique Yves Carsalade le directeur de l'OTC, la seule chose qui nous rassure, c'est qu'Air Liberté n'est pas propriétaire de ses créneaux horaires entre Orly et Figari. Ils appartiennent quoiqu'il arrive à la desserte de la Corse."
Malgré tout, l'inquiétude demeure : "La grande inconnue reste pour septembre et octobre, confirme Didier Léonetti. Nous misons énormément sur l'étalement de la saison touristique, et nous avons beaucoup de demandes pour cette époque. Mais d'ores et déjà, nous savons que les TO et agences de voyages hésitent à commercialiser l'aéroport de Figari, ignorant totalement quelle compagnie assurera cette desserte. Les conséquences risquent donc d'être très lourdes pour la microrégion." zzz70
L. Peretti

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L'Hôtellerie n° 2728 Hebdo 26 Juillet 2001

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