Lyon
Avec la complicité d'une vingtaine de tables lyonnaises, le plus ancien cru du Beaujolais joue la carte de la séduction pour reconquérir le marché.
Président du cru moulin-
à-vent, Jean-Pierre Labruyère admet volontiers que "le débit du Beaujolais doit
devenir plus important sur l'ensemble de la région lyonnaise". Par tradition vin
des cafés et des restaurants à Lyon, le fruit du gamay a vu sa vogue supplantée par les
vins en provenance des Côtes du Rhône voire, aujourd'hui, par ceux du Languedoc qui font
une percée non négligeable sur la carte de certains restaurants.
Les causes d'une certaine désaffection pour le Beaujolais sont multiples : un courant de
mode bien sûr, les prix jugés parfois excessifs, une image de marque qui ne correspond
pas totalement à la réelle qualité affichée, et aussi le 'phénomène primeur' qui
occulte la réalité d'un vignoble où les 10 crus méritent incontestablement davantage
de considération.
Admettant que "les crus souffrent de la concurrence des vins exotiques
(sic)", Jean-Pierre Labruyère sait tout cela. Et il se bat pour que Lyon continue,
selon la célèbre phrase de Léon Daudet, à être arrosée par trois fleuves : le
Rhône, la Saône et le beaujolais en général, le moulin-à- vent en particulier. "Si
le beaujolais est un vin de l'année, le moulin-à-vent, le plus Bourguignon des crus,
prend le temps pour prouver ses vertus. Il possède plus de concentration et de volume que
la plupart des appellations beaujolaises. Nous devons rajeunir notre image de marque et
innover." En présentant la nouvelle étiquette qui ornera les bouteilles vendues
par l'Union des viticulteurs au Caveau du Moulin à Vent (1), Jean-Pierre Labruyère a
également donné le coup d'envoi d'une opération de séduction en direction de la
clientèle des restaurants lyonnais. Du simple bistrot à la maison multi-étoilée, une
vingtaine d'établissements ont été sélectionnés (2). Avec pour temps fort de
l'opération le jeudi 7 juin, où tous ont accepté de "jouer le jeu" du
moulin-à-vent avec des initiatives multiples : ici le vin sera proposé en pot, vendu au
prix d'un beaujolais-villages ; là, il sera en vedette dans le menu du jour ; ailleurs,
proposé au verre pour la découverte, il accompagnera le plat du jour.
"Notre devoir est de promouvoir les vins de notre région. Le moulin- à-vent
descendant à Lyon, c'est la moindre des choses de le faire découvrir et de le proposer
à un prix attractif", déclare Daniel Denis, président régional des sommeliers
et patron de La Romanée où sa femme Elisabeth est au piano.
"Je pense qu'il peut s'apprécier autant sur une viande que sur un poisson et
qu'il possède la capacité d'en étonner plus d'un", insiste Mathieu Viannay
qui, aux Oliviers, misera sur l'accord mets/vins.
"Nous devons faire en sorte de revenir au top", conclut Jean-Pierre
Labruyère qui a mobilisé ses vignerons pour que, présents dans certains restaurants,
ils soient à même de vanter les vertus de leur vin à la clientèle lyonnaise.
J.-F. Mesplède
(1) Depuis 1988 où un dessin de Maurice Utrillo ornait l'étiquette, la tradition est respectée avec l'Américaine Patricia Demers, le Suisse Serge Baehler et le Hollandais Wim Vaarzon Morel qui signe l'étiquette 2000.
(2) Léon de Lyon, La Mère Brazier, Oxalis, Alex Chevallier, La Romanée, Les Trois Dômes, Le Petit Prince, Le Bouchon aux Vins, Le Mercière, L'Arc en Ciel, Christian Têtedoie, Les Terrasses de Lyon, Les Loges, Le Gourmet de Sèze, Les Oliviers, Le Théodore, L'Est, En Mets fais ce qu'il te plaît, A la Guill'on dîne, La Rotonde, La Brunoise et Le Puy d'Or joueront le jeu du moulin-à-vent. zzz46f
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L'Hôtellerie n° 2732 Hebdo 23 Août 2001