Christel Chavant représentera la France aux Olympiades des métiers à Séoul. Cette jeune fille de 19 ans avoue rêver d'une médaille... sans vouloir faire le choix du métal !
Aéroport
Charles-de-Gaulle. Roissy, le 8 septembre à 21 h 50. Paroles de bienvenue avant les
dernières recommandations de l'hôtesse. L'avion à destination de Séoul va s'envoler.
Pour ce voyage de 13 heures, Christel Chavant n'est qu'une passagère parmi les autres.
Elle ne fait pas de tourisme mais part à la conquête d'une médaille. Depuis sa victoire
en finale nationale à La Rochelle en mai dernier, elle porte les espoirs de la France
dans ces Olympiades des métiers qui réuniront les représentants d'une trentaine de
nations dans le pays des Jeux olympiques de 1988 et du Mondial de football 2002. Service
de salle. Vaste programme pour Christel qui a passé son été à préparer le grand
rendez-vous. Travail technique, physique, psychologique même, rien n'a été négligé.
"J'espère remporter une médaille. Si ce n'est pas l'or, ce n'est pas grave",
dit-elle souriante. Elle est prête, sûre d'elle, mais consciente de l'importance d'un
enjeu qui ne lui fait pas encore passer des nuits blanches. C'est son professeur au LEP
François Rabelais de Dardilly, dans la périphérie lyonnaise, qui a su la convaincre de
participer.
Cette année donc, elle s'est tout autant concentrée sur les Olympiades que sur ce bac
pro obtenu en juillet dernier. Premier succès aux éliminatoires régionales à
Vénissieux dans le Rhône. Seconde victoire à La Rochelle qui conforte Christel dans son
choix d'une carrière dans la restauration. A priori, rien ne la prédestinait à pareille
trajectoire : ses parents sont agriculteurs à Chambost-Allières dans la vallée de
l'Azergues. Viticulteurs aussi dans ce coin où le cépage gamay produit un beaujolais
gouleyant. Rien, sinon un intérêt marqué dès l'enfance pour les 'choses de la table'.
Les 'choses de la table'
Aujourd'hui, confrontée à la réalité du travail dans quelques restaurants, Christel
avoue qu'elle "pense, pour avoir toujours bien mangé, pouvoir reconnaître la
qualité".
Elle cuisine un peu, mais avoue n'avoir guère le temps de sacrifier à son hobby.
Heureusement, Cédric, qui partage sa vie en attendant d'envisager de communes
perspectives professionnelles, est cuisinier... A 15 ans donc, elle fait le choix d'un
lycée professionnel. "Personne dans la famille n'est dans le métier et, petite,
je n'ai guère eu l'occasion d'aller au restaurant. Pourtant, je sais que j'ai toujours
voulu suivre cette voie. A la fin de la quatrième, je n'ai pas eu la moindre hésitation",
dit-elle. L'enseignement donc. Puis, à travers les stages annuels, la découverte d'un
métier qu'elle trouve toujours aussi séduisant. "Il existe un réel décalage
entre l'enseignement de base à l'école et la réalité du terrain." Concernant
notamment les horaires. Et d'ajouter : "Cela ne m'a jamais rebuté. Au contraire,
je dois même avouer que, d'une nature très réservée, je me suis épanouie."
Christel ne jalouse pas les jeunes de son âge qui profitent des sorties du week-end.
"Comme j'aime ce que je fais, ces petites contraintes du métier ne me dérangent
pas", affirme-t-elle avec conviction.
Née sous le signe du taureau, la fragile Christel en a le côté fonceur et sait ce
qu'elle veut. "A La Rochelle, je ne pensais pas gagner. J'étais surprise du
résultat, mais très contente de moi, et un peu fière aussi."
A Séoul, elle devra faire ses preuves en décoration florale, dressage et nappage d'un
buffet, pliage de serviettes, confection d'un cocktail sans alcool, décantage d'un vin,
service avec découpage et flambage, avant de reconnaître une vingtaine d'alcools dont la
liste lui a été auparavant fournie. Dans sa préparation, rien n'a été négligé :
stages professionnels, bien sûr, mais aussi à l'Insep de Paris avec Daniel Levasseur,
l'entraîneur de Laura Flessel, pour une découverte de la sophrologie, puis à Saint-Lô
où elle a répété tous les gestes. Ensuite ? "Je ferai de mon mieux",
affirme-t-elle. A son retour, elle retrouvera le quotidien du restaurant étoilé de Guy
Lassausaie à Chasselay. Le président des Toques blanches lyonnaises a proposé un poste
de chef de rang à sa 'stagiaire d'été' qui n'en finit pas de trouver du charme à son
futur métier. "Le salaire n'est pas une préoccupation majeure, mais il doit
être convenable. Les 35 heures ? Ce n'est pas mon souci du moment. On verra plus tard."
Plus tard aussi, elle pensera à s'établir. "Ce sera le plus tôt possible. Je
voudrais une petite structure plutôt sympa... mais il faudra résoudre les problèmes
financiers." Ce n'est, bien sûr, pas le plus facile quand on est jeune et que
l'on veut se lancer !
J.-F. Mesplède zzz18p
Née à Villefranche-sur-Saône et lycéenne à Lyon, Christel
tentera sa chance à Séoul.
En dates |
1982 Naissance à Villefranche-sur-Saône 1977 Entrée au LEP François Rabelais de Dardilly (Rhône) Mai 2001 Victoire en finale nationale des Olympiades des métiers à La Rochelle Juillet 2001 Succès au bac pro (mention assez bien) Septembre 2001 Finale des Olympiades des métiers à Séoul |
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L'Hôtellerie n° 2735 Hebdo 13 Septembre 2001