Pierre Alfonsi
A la lecture de l'éditorial de L'Hôtellerie n°2733, intitulé Déficit d'image, Pierre Alfonsi, président des bars-brasseries du syndicat Umih CHR 13, a adressé une réflexion de synthèse au président de l'Umih, André Daguin, lui demandant officiellement d'agir en ce sens.
"Dans le journal L'Hôtellerie,
j'ai été interpellé par un judicieux article concernant les allégations faites par
certains politiques sur nos professions, ce qui me conduit à certaines réflexions.
Il y a en effet ras-le-bol que certains politiques dénigrent nos professions en évoquant
des conditions de travail précaires pour nos salariés, des horaires de travail abusifs,
de trop bas salaires... Mais la réalité est tout autre, et si l'on connaît une grave
pénurie de personnel, les causes sont ailleurs. Le gouvernement est-il conscient des
charges exorbitantes qui nous assassinent ?
Première mesure : Si les charges salariales, qui représentent environ 30 %, étaient ramenées à 15 %, les chefs d'entreprise pourraient octroyer les 15 % restant à nos salariés avec, ainsi, un pouvoir d'achat non-inflationniste.
Deuxième mesure : Si l'Etat baissait nos charges
patronales dans un premier temps de 50 %, nous n'aurions plus besoin de ses 'cadeaux'
comme les CIE et autres, et il en serait bénéficiaire grâce aux embauches générées.
Beaucoup d'aides octroyées aux demandeurs d'emploi créent une situation malsaine et
ingérable pour les petits patrons.
En effet, pour conserver leurs droits, ces demandeurs d'emploi ne veulent plus être
déclarés. Aussi, certains professionnels, pris à la gorge ne trouvant plus les
employés nécessaires à la vie de leur entreprise, sont obligés, à tort, de répondre
favorablement à la demande des demandeurs d'emploi avec tous les risques que cela
implique. Nous savons aujourd'hui que des patrons ont fermé leur établissement faute de
personnel.
Troisième mesure : L'Etat devrait nous exonérer
totalement des charges patronales pour l'embauche de personnes non-qualifiées,
actuellement au chômage, que l'on paierait au Smic plus les 15 % tels que proposés dans
la première mesure.
Les bienfaits de cette mesure seraient multiples : l'Etat n'aurait plus la charge de ces
personnes qui sortiraient ainsi du chômage ; elles seraient alors formées et
réinsérées. Par ailleurs, en faisant sauter le seuil des 10 salariés qui occasionne
des charges très lourdes, les PME pourraient embaucher 2 à 3 employés de plus. Par ces
mesures, le gouvernement ne serait pas perdant, car tous ces chômeurs travaillant, cela
créerait de la TVA, du pouvoir d'achat et surtout de la dignité.
Enfin il est impératif de redorer le blason de la formation qui n'est plus adaptée à ce
jour, avec une meilleure approche entre les entreprises et les centres de formation,
laissant la pratique aux professionnels dans l'entreprise et la partie d'enseignement
général aux enseignants dans le centre de formation.
Dernière réflexion sur la RTT : où va-t-on chercher des employés pour compléter nos
équipes ? Ne serait-il pas temps de se tourner vers les pays limitrophes avant que ne
ferment nos entreprises faute de personnel ? Il est toujours question des employés, mais
s'interroge-t-on aussi sur la vie des patrons ? Faute d'employés, ces derniers sont
obligés de cumuler les fonctions et les heures. Jusqu'à quand ? A quel prix ? N'oublions
pas que ce sont les patrons qui créent, qui apportent de la valeur ajoutée, et qui
attendent en retour le même respect qui est dû aux salariés.
L'Etat a la responsabilité de mettre en place de façon sérieuse le Pare. Cette mesure
doit permettre dans les faits, d'une part d'épurer les fichiers de l'ANPE des personnes
inscrites depuis longtemps, alors que des emplois sont vacants dans tous les secteurs
d'activité et, d'autre part, de mettre un frein à l'assistanat et d'éviter de verser
des aides à des personnes qui n'ont aucun droit, car aucune démarche réelle de
recherche d'emploi n'est justifiée.
En maintenant cet assistanat, nous ne les incitons pas à prendre un emploi.
Dans la France économique d'aujourd'hui, tous les chefs d'entreprise doivent faire face
au même mal : où sont les employés ? Le pays risque la paralysie, la délocalisation
restant la solution ultime, mais cette dernière n'étant pas possible dans nos métiers,
nous devrons aller chercher nos futurs salariés dans les pays limitrophes." zzz74v
"Le gouvernement est-il conscient des charges exhorbitantes qui nous
assassinent", dit Pierre Alfonsi.
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L'Hôtellerie n° 2736 Hebdo 20 Septembre 2001