Rien ne serait plus erroné et plus dangereux que de considérer que
l'apocalypse déclenchée la semaine dernière sur le quartier financier de New York ne
nous concerne pas directement. D'abord, pour d'évidentes et immédiates raisons purement
économiques, même si c'est l'émotion et la révulsion qui inspirent chacun d'entre
nous. Mais au-delà des légitimes sentiments de compassion pour les victimes, il faut
avec réalisme tenir compte de l'inévitable impact économique de l'événement, sans
doute le plus inattendu et le plus meurtrier que le terrorisme a infligé à une nation.
Impact immédiat avec l'arrêt brutal des relations aériennes entre les Etats-Unis et le
reste de la planète, les annulations instantanées de réservations impossibles à
honorer, les reports de manifestations prévues au cours des prochaines semaines.
Au-delà des effets immédiats, il faut considérer que ces attentats surviennent au plus
mauvais moment d'une conjoncture déjà affaiblie, et dont il est certain que la
destruction des Twin Towers ne contribuera pas à relancer dans l'instant.
Or, aujourd'hui plus que jamais "nul n'est une île" dans l'économie
mondiale. Si le garagiste de Dallas fait de mauvaises affaires, si la ménagère de San
Francisco ou le professeur de Boston décident de se serrer la ceinture, c'est l'ensemble
des activités planétaires qui risquent d'en subir les conséquences. N'oublions pas que
la France est devenue, en quelques années, une destination privilégiée pour une
clientèle d'outre-Atlantique à forte contribution. Un ralentissement brutal de ce
courant ne pourra qu'avoir des effets dommageables pour une partie de la profession.
Raison de plus pour ne pas baisser les bras, ce serait donner raison aux terroristes, et
il ne faut surtout pas entrer dans cette logique d'abattement par ailleurs bien
compréhensible en ces temps de deuil partagé.
Au-delà de considérations qui peuvent paraître triviales, il faut espérer en la
formidable énergie que la ville de New York dégage : depuis la tragédie, ses habitants
ont fait preuve de leur capacité à se mobiliser, à partager l'angoisse et à faire
front à l'adversité. New York, ville de tous les excès, ville de la finance, des
milliardaires et des délires en tout genre, a démontré qu'elle a aussi du cur.
Parmi ses habitants, nombreux sont les Français qui ont posé un jour leur sac au pied du
'Skyline' et, pour certains, qui ont choisi d'y devenir restaurateurs ou hôteliers,
obscurs ou célèbres, qui participent à la renommée de notre pays. Pour eux aussi, nous
nous sentons proches de Manhattan.
L'H. zzz80
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L'Hôtellerie n° 2736 Hebdo 20 Septembre 2001