Strasbourg
Le drame qui touche l'Amérique atteint de plein fouet Strasbourg où la clientèle américaine représente jusqu'à 30 % du chiffre d'affaires de certains établissements. Les hôteliers, inquiets, réfléchissent au moyen de traverser la crise et de se recentrer sur une clientèle de proximité.
Le spectre de la guerre du
Golfe plane sur l'hôtellerie de la capitale européenne. Comme au début des années 90,
les grands hôtels strasbourgeois voient leurs chambres se vider et les carnets de
réservations se charger de ratures. "Ce conflit représenta 15 % de baisse de
profit", rappelle Frank Sébire, directeur du Hilton de Strasbourg. Mais
par-delà les propos de chefs d'entreprise soucieux de l'avenir de leur établissement,
les hôteliers interrogés ont d'abord réagi avec compassion pour les victimes du drame.
Tous soulignent la dignité des clients et du personnel, abasourdis par l'horreur du drame
vécu en direct. Mais la crise ne tétanise pas les hôteliers qui dressent déjà un
premier bilan et se préparent à affronter l'avenir. "Tous les collègues
hôteliers ont connu des annulations", constate Patrick Dieboldt, qui est aussi
vice-président du Groupement des hôteliers-restaurateurs du Bas-Rhin. Il a enregistré,
dans son établissement pour lequel les Américains représentent 30 % de la clientèle,
l'annulation d'un groupe venant des Etats-Unis, et vu des clients australiens écourter
leur séjour. "Pour l'ensemble de la profession, ce drame survient à un mauvais
moment. Les affaires se ralentissent et les conséquences de l'événement risquent
d'accélérer la récession pendant de nombreux mois", précise le responsable
professionnel.
A Strasbourg, une crise internationale majeure ne peut pas survenir plus mal qu'à l'orée
de la saison de Noël. Celle-ci représente le point culminant de la vie touristique
alsacienne. De plus, les hôteliers attendaient pour l'année 2002 les retombées à moyen
terme du congrès des agents de voyages américains qui s'était tenu en novembre 1999 à
Strasbourg. La profession et ses partenaires des collectivités locales avaient alors
mobilisé un budget de 22 millions de francs pour la réussite de cette opération. Elle
portait une partie de leur espoir de développement à long terme.
Si le choc immédiat est rude, les dirigeants des principaux hôtels refusent de le subir.
L'état-major du Hilton étudie déjà plusieurs scénarios afin de s'adapter à la
situation. Les Américains représentent 10 % de la clientèle du Hilton strasbourgeois,
mais pour Frank Sébire, la crise touchera l'ensemble des secteurs de l'hôtel. "Nous
savons déjà qu'en cas de crise les entreprises regardent à court terme et réduisent
sur les dépenses de voyages et de meetings", précise-t-il, en évaluant pour le
seul mois de septembre une perte de 250 à 300 nuitées. "Nous accélérons les
réflexions pour nous recentrer sur une clientèle de proximité", annonce le
directeur.
O. Berthelin zzz20a zzz36o zzz16
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L'Hôtellerie n° 2736 Hebdo 20 Septembre 2001