De son niveau d'exigence, l'école hôtelière de Lausanne tient sa réputation. Un savoir-faire.
La doyenne mondiale des
écoles d'hôtellerie, fondée en 1893, n'a pas pris une ride et subit une incroyable
mutation. Sous l'impulsion de Maurice Zufferey, son directeur général, Lausanne comme
l'appellent les anciens, a diversifié ses enseignements, amélioré ses installations,
renouvelé son personnel et récolte aujourd'hui le fruit de ce travail.
L'école hôtelière de Lausanne a entrepris un repositionnement stratégique sur le
marché mondial de la formation hôtelière. Ce développement a pris un essor décisif
depuis quelques années. Elle achève maintenant sa transformation, passant d'une école
hôtelière classique, enseignant les bases du management hôtelier, à une école
d'affaires pour l'industrie de l'accueil.
Répondre aux exigences du monde du travail
Cette nouvelle dénomination implique un changement de profil, de mission et, en partie,
d'activités. La formation académique profondément modifiée a donné naissance à un
programme de hautes études en hôtellerie et restauration, d'une durée de 7 semestres
précédés d'une année d'expérience professionnelle. Cette nouvelle offre de formation
a été homologuée Haute Ecole spécialisée suisse, c'est-à-dire Université des
métiers. Cette reconnaissance lui vaut l'accréditation enviée de Bachelor of Science
Degree, niveau universitaire américain, qui affermit sa position sur le marché mondial.
Lausanne, ce n'est pas une simple école, c'est avant tout un état d'esprit, expliquent
unanimement enseignants et élèves. "Il y a tout d'abord et avant toute chose la
remise en question et l'ajustement par rapport à l'industrie hôtelière, explique
Arlette Walther, responsable de l'enseignement opérationnel. Nous ne nous définissons
plus comme une école purement hôtelière. Nous élargissons notre formation à toutes
les professions de l'accueil." Ainsi, sur l'ensemble des diplômes de l'EHL, 54 %
travaillent dans la gestion d'entreprise et seulement 13 % en restauration et 12 % en
hôtellerie. "L'enseignement que nous prodiguons, explique Jeffrey Catrett, le
doyen, permet à un étudiant d'aborder beaucoup de disciplines. En effet, nous
privilégions la gestion, le marketing, le management, mais aussi les techniques
hôtelières pures. Beaucoup d'écoles pratiquent l'une ou l'autre." Dès la
première année, les étudiants doivent maîtriser parfaitement l'outil informatique.
Chaque étudiant a son portable et les cours sont préparés sur logiciel power-point par
chaque professeur. "Maintenant, un directeur d'hôtel ne doit plus savoir
uniquement organiser l'accueil, gérer une cuisine, et avoir un bon relationnel. Le chef
d'entreprise hôtelière doit être capable de réaliser des profits, de lire et
d'exploiter un bilan, de monter une politique commerciale. Il y a quelques années, les
groupes recrutaient des étudiants sortant d'écoles de commerce, maintenant la tendance
s'est inversée." Etrange et gratifiant constat de rencontrer des chefs
d'entreprise d'un autre secteur venant à Lausanne rechercher la perle rare. "Les
sociétés industrielles qui ignoraient les écoles hôtelières recherchent aujourd'hui
nos étudiants, explique Amel Naoui, responsable de l'enseignement académique.
Elles ont compris que le process industriel, l'ingénierie et les théories marketing ne
suffisent pas. Il faut de fortes capacités aux relations humaines, une polyvalence
extrême et une grande capacité d'adaptation." Les diplômés de cette année se
sont ainsi vus proposer par Orange, le groupe de télécommunication, des postes à 5 300
francs suisses mensuels. Les banquiers, sociétés de cosmétiques, groupes de luxe
recherchent aussi ces jeunes diplômés, parfaitement bilingues, exercés aux relations
humaines et à l'accueil du client. Mais qui sont-ils, ces oiseaux rares de Lausanne ?
Longtemps, ils ont traîné une image de fils à papa. Mais les faits sont là. Il ne
suffit pas de payer pour intégrer la formation. La sélection est rigoureuse et c'est
aussi cela qui donne de la valeur au diplôme. Et les barrages sont nombreux.
Une sélection à forte valeur ajoutée
Sur les 300 postulants, il n'en restera que 98 au bout de 4 ans. Pour obtenir le sésame
qui conduit en 7 semestres successifs à l'obtention du diplôme, il faut satisfaire aux
tests de sélection. Tout d'abord, les élèves doivent être bacheliers et produire les
bulletins scolaires des 3 dernières années. Dans cette école, qui rassemble plus de 70
nationalités, un bon niveau en anglais est obligatoire (first certificate of english de
Cambridge, test d'anglais, et 500 points minimum au Toefl). Enfin après entretien,
dissertation, tests arithmétiques, le candidat sera formé pendant un semestre à la
pratique du métier dans les 5 restaurants et les 9 cuisines de l'école. Un stage de 6
mois chez un professionnel complète l'enseignement pratique.
Un programme théorique multidisciplinaire
Un enseignement théorique très dense complète les compétences propres au métier.
Pendant 5 semestres, le programme recouvre des disciplines majeures. L'économie
(politique monétaire, mécanismes du marché, rôle de l'Etat dans l'économie), le droit
(cadre juridique qui s'applique à l'industrie hôtelière), les finances (comptabilité,
financement, stratégies d'investissements), les ressources humaines (coût du travail,
productivité, administration mais aussi communication et leadership), l'ingénierie, la
gestion de la restauration et de l'hôtellerie. Enfin, un module informatique développe
les logiciels spécialisés. Particularité de la formation, les élèves pratiquent l'art
de vivre, le design, la culture, le goût, le style. "J'ai vraiment trouvé ma
voie, explique Kevin Barnes, étudiant canadien. Ce qui m'a motivé par rapport à
d'autres écoles, c'est la reconnaissance unique du diplôme et surtout l'ambiance
internationale studieuse et décontractée." "Je n'ai pas été formé
uniquement à l'hôtellerie et c'est ce qui m'a plu", explique Balthazar
Pélissier, étudiant fraîchement diplômé qui vient d'être recruté par une entreprise
d'événements. "Le campus est très bien pensé, fonctionnel et adapté. Les
équipements sont à la pointe de la technologie, mais ce que j'ai préféré, c'est
l'ambiance, un côté université nord-américaine, motivant et pluriculturel",
ajoute Céline Lacroix, une autre élève.
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Formation continue et consulting
L'école ne ferme pas ses portes en été. Elle forme les cadres des entreprises dédiées
à l'accueil. Plus de 100 participants de 30 nationalités suivent les 12 modules. Nestlé
Food Services, Peninsula Hong-Kong, le Ritz de Londres, le George V, y envoient leurs
meilleurs éléments. Autre volet, l'EHL a renforcé et considérablement déve-
loppé ses activités de consultance. La division Lausanne Hospitality Consulting propose
des programmes de formation et des services de conseil. A titre d'exemple, en 2000, elle a
conclu plusieurs accords dont la création d'une école hôtelière aux Emirats Arabes
Unis et un contrat de consultance sur les programmes d'un centre de formation en Malaisie.
Cette activité de conseil permet aussi de financer une petite partie du fonctionnement de
cette école-fondation entièrement privée dont le budget annuel est de 45 millions de
francs suisses.
Enfin, l'école lance en octobre une formation post-grades enseignée exclusivement en
anglais. En partenariat avec HEC Lausanne, elle dispensera des modules de très haut
niveau, sur 14 mois, à des élèves de l'enseignement supérieur.
"Notre réussite à Lausanne, explique André Mack, consultant senior,
c'est d'avoir toujours su regarder très loin devant nous et chercher à être le plus
pointu possible dans nos domaines de compétences. Mais ce qui nous fait progresser tous
les jours, ce sont ces jeunes, de tous pays, qui ont tous en commun une formidable passion
du métier."
F. Tari zzz68v
En chiffres |
w Fondée en 1893 - première école
hôtelière au monde w Plus de 30 000 diplômés depuis sa création w 5 000 anciens dans 106 pays w 1 400 étudiants de 70 nationalités w Campus sur 5 hectares - 300 studios - infrastructure sportive - 5 restaurants w Une bibliothèque de plus de 7 000 livres w 254 collaborateurs dont 85 enseignants w Budget annuel de 45 millions de francs suisses zzz68r zzz68v |
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L'Hôtellerie n° 2736 Supplément Formation 20 Septembre 2001