Récession ou pas récession ? Il est encore - bien sûr - trop tôt pour savoir
quelles seront les conséquences exactes des attentats du 11 septembre dernier sur
l'économie, mais, face aux analyses alarmistes, il est prudent de prendre un peu de recul
et de relativiser l'événement, aussi déstabilisant sur le plan émotionnel puisse-t-il
être. L'activité économique reprendra ses droits, quoi qu'il en soit.
On ne peut concevoir qu'un tel acte de barbarie soit neutre sur le plan économique, même
si le choc est arrivé à un moment où l'économie américaine, certes affaiblie, était
toutefois en phase de mise en place d'un redressement. De là à en déduire le pire, il y
a certainement une marge. Près de 2 semaines après ce drame, certains points positifs
peuvent être mis en avant quant à la réponse qu'ont su apporter les acteurs
économiques et politiques à la crise. Dès le 12 septembre, les autorités américaines
et européennes ont assuré le soutien de l'activité par la hausse des dépenses
publiques. Elles ont cherché à gagner du temps et à limiter un vent de panique qui
aurait été catastrophique pour l'économie internationale. Tout repose en effet
aujourd'hui sur la confiance des consommateurs. Aussi est-il d'autant plus essentiel de se
refuser à suivre le vent de panique. Si c'est du côté des places boursières que
l'avenir doit se lire, il est utile de relativiser les retombées de l'événement. Après
des chutes constantes, les premiers réajustements apparaissent et les cours se
repositionnent. A cela, rien d'anormal, l'indice Dow Jones a toujours, à chaque
difficulté grave (invasion du Koweït, attentat d'Oklahoma), connu le même schéma, à
savoir une chute significative suivie dans les six mois d'un rebond supérieur à 10 %.
Le parallèle avec la guerre du Golfe est inévitable pour tous les professionnels qui ont
traversé cette période particulièrement tourmentée pour le secteur du tourisme. En
1990 aussi, le choc était intervenu à un moment où l'économie était en fin de cycle,
particulièrement fragilisée. Toutefois, les causes étaient autres. A l'époque,
ménages et entreprises étaient déjà installés dans une phase de manque de confiance
et de refus à l'investissement et à la consommation du fait de la très lourde facture
de l'immobilier qu'ils devaient payer. La nature même du choc était, là aussi,
différente, puisqu'en 1990, la rupture de l'approvisionnement en pétrole avait doublé
son niveau de prix et déclenché des hausses insupportables. Aujourd'hui, un tel
scénario est d'autant moins envisageable que la plupart des pays producteurs ont, dès le
début de la crise, pris du recul par rapport au conflit. Autant dire que les cours
n'auraient pas de réelles raisons de flamber. Reste à savoir maintenant dans quelle
mesure la crise touchera le secteur de l'hôtellerie comme elle l'a fait dans les années
90.
Il suffit de comparer ce qu'était le secteur en France voici 10 ans à ce qu'il est
aujourd'hui pour se rassurer. Les hôteliers d'hier ne sont plus du tout les mêmes que
ceux d'aujourd'hui. Ceux qui ont réussi à passer le cap de la crise en ont, tiré des
enseignements qu'ils ne sont pas prêts d'oublier. La rigueur est devenue leur maître mot
et ils sont devenus prudents... Aussi, ces dernières années, les performances du secteur
n'ont cessé de s'améliorer, les hôteliers ont eu la sagesse de ne pas se laisser
griser, et ont su maîtriser leur développement. La frilosité des banques n'a fait que
renforcer le processus. Dans la seule ville de Paris, le niveau de l'offre n'a crû que de
0,4 % par an entre 1998 et 2000 contre 1,3 % entre 1990 et 1992. En province aussi, on a
appris à contrôler l'évolution de l'offre, la loi Raffarin n'y est certainement pas
pour rien, et aujourd'hui, on constate beaucoup plus de sérieux, de justification
économique, quand les projets sont déposés en CDEC. Les hôteliers ont appris à
vendre, ils ont équilibré leur 'mix' clientèle, et sont beaucoup moins vulnérables
qu'hier de par la diversification de leur clientèle. En cas de ralentissement du marché,
dans la mesure où l'hôtellerie ne connaît pas de situation de surcapacité, une baisse
des prix serait risquée puisqu'elle ne permettrait pas d'augmenter d'une manière
significative les taux d'occupation mais ferait chuter les prix moyens... Le marché sera
de toute évidence plus ou moins affecté en France, et plus particulièrement dans les
entreprises qui avaient une forte clientèle américaine, mais il y a de fortes
probabilités pour que ce ralentissement se limite à quelques mois. Une période qui, si
les professionnels savent continuer à investir dans la commercialisation, pourrait être
supportée en ralentissant les investissements, en attendant une reprise rapide.
Espérons-le.
PAF zzz80
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L'Hôtellerie n° 2737 Hebdo 27 Septembre 2001