Paris et sa région traversent une zone de turbulence depuis le 11 septembre dernier. Un plan de 15 millions de francs, établi par l'office de tourisme de la ville et des partenaires privés, vient d'être arrêté afin de redresser la barre.
En
temps de guerre, le tourisme figure parmi les premières victimes 'économiques'. Avec
36,4 millions de visiteurs accueillis en l'an 2000 (dont 68 % d'étrangers),
l'Ile-de-France, première région touristique au monde, en sait aujourd'hui quelque
chose. Tout juste après les attentats terroristes perpétrés aux Etats-Unis, le secteur
touristique francilien a enregistré une chute de son chiffre d'affaires de l'ordre de 10
% selon une enquête de l'Observatoire régional du tourisme d'Ile-de-France (Ortif).
D'une manière générale, les clientèles lointaines ont délaissé la capitale. Rien que
sur les 3 dernières semaines du mois de septembre, et les 2 premières d'octobre, la part
des visiteurs américains a diminué de près de 50 % par rapport à l'an dernier à la
même période. Celle des Japonais a fléchi de 25 %. Quant aux autres, elles ont mis un
sérieux coup de frein à leurs dépenses. A titre d'exemple, les grands magasins ont vu
leurs ventes plonger de 3,4 % en septembre.
Reste que depuis le lancement des opérations militaires américaines en Afghanistan, la
situation s'est encore sensiblement dégradée. Les principaux acteurs du tourisme, plus
pessimistes que le mois précédent, ont revu à la baisse les pourcentages de
fréquentation dans leurs activités respectives.
Maintien de la promotion aux Etats-Unis
Réalisé le 20 octobre 2001 auprès de 200 professionnels, le dernier sondage de l'Ortif
est éloquent en la matière. Les pertes estimées en termes de chiffre d'affaires
oscillent entre - 25 % à - 40 % suivant les secteurs interrogés.
Qu'ils s'agissent des palaces parisiens dont les Américains représentent 18 % de la
clientèle, des restaurants haut de gamme ou encore des sites touristiques, chacun est
plus ou moins fortement affecté par le contexte international actuel.
Les 'files d'attente' devant le musée du Louvre ont ainsi fondu comme neige au soleil (-
20 % de fréquentation) avant sa fermeture pour cause de grève... tandis que les taxis
ont observé un recul de 20 % du nombre de leurs clients. Selon le CRT IDF le taux de
remplissage du George V s'est élevé à 84 % en septembre contre 94 % l'année dernière.
Celui du Crillon a atteint 85 % contre 96 %.
Cela ne signifie pas pour autant que les professionnels du secteur aient choisi de baisser
les bras. Bien au contraire ! Sous la houlette de l'office de tourisme et des Congrès de
Paris (OTCP), ces derniers semblent définitivement résolus à agir. "C'est
durant les périodes d'incertitude qu'il faut en effet investir afin de se positionner et
occuper le terrain. Les professionnels du secteur l'ont aujourd'hui compris",
explique Christian Mantéi, directeur général de l'OTCP. Après consultation de 400
entreprises spécialisées dans le tourisme, un plan d'action doté de 15 millions de
francs (dont 5 MF sur les deniers de l'Office) a d'ailleurs dernièrement été bouclé
afin de promouvoir la région par l'OTCP et des partenaires privés.
Pour commencer, l'office va maintenir toutes les opérations promotionnelles prévues à
l'égard de la clientèle américaine sur la fin de l'année 2001 et en 2002. Même
tactique du côté du Japon, marché pour lequel un workshop a eu lieu la semaine
dernière dans la capitale française réunissant notamment 150 agences réceptives et
plusieurs sociétés nipponnes basées à Paris. Mieux vaut effectivement être présent
sur ces marchés lorsque la reprise se fera sentir.
'Christmas Shopping in Paris'
Fin novembre, les responsables de l'OTCP vont s'envoler vers la Russie, puis la Chine en
compagnie de 20 partenaires privés. "Ces marchés sont en pleine évolution,
notamment la Chine. Le nombre de touristes chinois ne cesse du reste de grimper dans
l'hôtellerie parisienne : 150 000 voilà 4 ans contre 400 000 en 2000", souligne
Christian Mantéi. Mais Paris n'en oublie pas pour autant les voyageurs européens. "C'est
une clientèle de proximité qui est indispensable pour maintenir de bons niveaux de
fréquentation en hiver", argumente le patron de l'office de tourisme et des
congrès. A cet effet, des campagnes de publicité assorties d'interventions, dans les
médias et dans le métro, seront prochainement menées en Italie (Artésia, Maison de la
France et 10 tour-opérateurs italiens) ainsi que dans la péninsule ibérique (Air
France, Maison de la France et 10 tour-opérateurs espagnols).
D'autres actions de promotion vont être par ailleurs organisées sur le thème de
l'exposition 'Raphaël' à l'attention des Britanniques (forfait avec Eurostar), des
Belges et Allemands (forfait avec Thalys). Tous les atouts parisiens sont 'mobilisés'
pour séduire les touristes étrangers et français à la fois. Et la Ville lumière n'en
manque pas. Pourquoi n'aurait-elle pas ainsi son mot à dire concernant le shopping de fin
d'année ? Après tout la capitale est belle à Nöel et qui plus est compétitive en
termes de prix... Une opération baptisée 'Christmas Shopping in Paris' va donc voir le
jour cette année. Des forfaits spéciaux seront à ce sujet proposés en collaboration
avec Air France et l'hôtellerie 4 étoiles, via des agences américaines. Cette offre de
Noël sera aussi destinée au Brésil en partenariat avec les palaces de la capitale.
Enfin, l'OTCP entend compenser les reports ou annulations du créneau incentive américain
en s'attaquant à celui des marchés européens. "Il va falloir être présent sur
différents marchés et saisir les opportunités", confie Christian Mantéi. Avec
l'appui de la Ville, l'opération "Paris capitale du monde", dont la
première édition qui se déroulait la 3e semaine de janvier fut un réel succès l'an
passé, va donc probablement prendre une plus grande envergure. C'est tant mieux parce que
le mois de janvier prochain risque d'être difficile pour beaucoup.
C. Cosson zzz20a
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L'Hôtellerie n° 2742 Hebdo 1er Novembre 2001