Cinq élèves du CFA du lycée hôtelier Paul Augier de Nice nous ont fait part des raisons de leur choix : Carine Marra (18 ans), Nancy Sirito (17 ans), Franck Brugière (18 ans) en 2e année de CAP restauration, Pierre Bertolotti (18 ans) en bac pro service et Sébastien Fabri (19 ans) en bac pro cuisine. Ils ont tous choisi ces formations par goût : "Pour le contact avec le public", "pour ne pas faire tous les jours la même chose", ou plus prosaïquement, "pour conjuguer travail et école, gagner un peu d'argent et être indépendant des parents rapidement...". Mais l'entrée dans le métier ne se fait pas sans remise en cause : les expériences en entreprises, qui les ont confrontés à la fois au monde du travail et à leur future profession, leur ont fait perdre leurs illusions : "C'est dur, à la fois au niveau des conditions de travail, avec des horaires difficiles, mais aussi avec des maîtres d'apprentissage qui, passée la première semaine, n'ont plus beaucoup de temps à nous consacrer, et qui pensent qu'au bout d'une semaine tout doit être parfait !" "Ou alors, c'est l'inverse, on ne te laisse pas respirer, on est toujours derrière toi en train de te reprendre, et tu as vraiment l'impression qu'on ne te fait pas confiance..." Sans compter les conséquences sur la vie de famille. "Ceux qui sont depuis longtemps dans le métier n'ont pas de famille", la rivalité avec les autres : "Quand tu es dans une grosse boîte, pour te faire remarquer, tu n'as pas le choix, il faut en faire plus que tout le monde." Autres constats qui rendent ces jeunes amers : "Certains maîtres d'hôtel empochent les pourboires, c'est pas normal", le machisme, le manque de reconnaissance, le stress... Un bilan assez lourd, qui génère pour tous les mêmes conséquences. Si la plupart envisagent de rester dans la même filière, ils souhaitent continuer leurs études pour acquérir une plus grande qualification, mais aussi pour retarder l'entrée dans la vie active, et savent - avant même d'être dans la profession - qu'ils n'exerceront leur métier que pendant un temps : "C'est vraiment un monde à part, il faut avoir ça dans le sang ! Et dans un sens, il n'y a qu'en travaillant dans des conditions réelles qu'on peut s'apercevoir si c'est le cas ou non", reconnaît l'un d'entre eux. zzz68v
De gauche à droite : Carine Marra, Pierre Bertolotti, Sébastien Fabri, Nancy
Sirito et Franck Brugière.
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L'Hôtellerie n° 2746 Hebdo 29 Novembre 2001