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FORMATION

Lycée technologique et professionnel privé de Noirmoutier

FONTE DES EFFECTIFS AUX SORBETS

L'océan Atlantique d'une part, une forêt de mimosas et de pins maritimes d'autre part : c'est ici, au cœur du très sélect Bois de la Chaize à Noirmoutier-en-l'Ile, qu'est installée l'école hôtelière privée des Sorbets.

Aux Sorbets, les effectifs fondent régulièrement. Ils sont moins de 300 inscrits cette année contre 400 il y a 10 ans. "Avec la multiplication des établissements de formation dans les métiers de l'hôtellerie et de la restauration, explique Jean-Paul Besseau, directeur, notre situation géographique est devenue un handicap." 296 jeunes gens suivent cette année les formations dispensées par Les Sorbets. Et encore faut-il retrancher les 83 jeunes inscrits de la filière alimentation, de la 3e technologique au bac pro (pâtissier, chocolatier, confiseur, glacier). Les métiers de l'hôtellerie et de la restauration accueillent 213 élèves, du BEP et CAP associés au BTS, en passant par le bac pro et le bac technologique (lire encadré ci-contre).
"Nos effectifs baissent d'année en année", constate Jean-Paul Besseau. Corollaire de cette chute, Les Sorbets n'offrent plus de mention complémentaire. La mention employé-traiteur qui comptait 12 places depuis 1991 a été fermée. Une fermeture qui intervient 4 ans après que la mention sommellerie fut rayée de la carte des formations. Jean-Paul Besseau apporte plusieurs explications à ce phénomène de décrue générale, notamment "la réforme de l'apprentissage de 1992 qui a marqué un sérieux coup de frein à nos recrutements. Je pense que le nombre d'élèves aspirant à intégrer les métiers de l'hôtellerie et de la restauration est resté le même. En revanche, les possibilités de formation ont été décuplées, tout comme le nombre d'établissements offrant des sections hôtellerie".

Une situation géographique excentrée
Résultat, le cadre de vie de cet établissement entièrement rénové ces dernières années, tout comme la qualité de ses formations, ne suffisent plus. "Nous souffrons d'une situation géographique excentrée. Malgré tout, notre bassin de recrutement touche à la fois la Vendée ainsi que les marches de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire." Pour consolider ses effectifs aux politiques de communication tous azimuts, Jean-Paul Besseau préfère cibler une information sur le terrain des collèges via la participation à des forums avec les élèves et leurs parents.
"Je m'aperçois que bien des familles tentent de dissuader leurs enfants de rejoindre la filière hôtellerie-restauration, dont elles dénoncent la politique sociale." A Noirmoutier comme dans les autres établissements vendéens, la crise que traverse la profession constitue un réel handicap. "La réalité des métiers ne cadre plus avec les aspirations d'une jeunesse élevée dans une société de loisirs dont ils ne veulent pas être exclus, explique Jacques Daudet, chef de travaux. Les jeunes sont d'accord pour travailler mais à la condition de trouver dans leur activité professionnelle des compensations. La restauration ou l'hôtellerie ne sont plus des sacerdoces !"

Activité et tutorat réel du stagiaire
Pour preuve, les élèves sont particulièrement sensibles aux 'à-côtés' que leur offre l'entreprise qui les accueillera en stage. "Center Parcs et Disneyland ont une excellente cote auprès de nos élèves de bac pro, tout comme les grandes chaînes hôtelières telles que le groupe Lucien Barrière, avec lequel nous avons établi un partenariat depuis 3 ans." Le lycée se montre en tout cas vigilant quant au choix des entreprises qui accueillent les stagiaires : "Nous veillons à ce que les conditions d'hébergement soient décentes. Nous préférons organiser les stages en période de pleine activité, hormis de la mi-juillet à la fin août comme l'exige l'Education nationale. Pour nous, affirme Jacques Daudet, un bon stage combine à la fois activité et tutorat réel du stagiaire." Les échecs sont rares : "Quand tout se déroule bien à l'école, le stage est une réussite. Mieux, c'est un facteur indispensable dans la motivation et l'orientation professionnelle de l'élève."
Le lycée travaille en relation étroite avec la Fédération hôtelière de Vendée où les offres de stage restent très nombreuses. "Nous allons systématiquement vérifier dans les entreprises la bonne intégration de nos stagiaires." Les élèves les plus âgés poursuivent leurs stages sur "une bonne moitié ouest de la France, ainsi qu'à l'étranger, principalement en Angleterre et en Espagne". Les Sorbets travaille depuis 1999 en partenariat avec l'école hôtelière de Nuestra Senora de Guayente en Aragon, ainsi que, depuis 1985, avec le collège de Carmarthen au pays de Galles. De ces partenariats, le lycée noirmoutrin a acquis la conviction que la crise traversée par la profession dépasse les frontières françaises. "Le problème se pose surtout pour le service en salle, précise Jacques Daudet. Il se déprofessionnalise. La tendance est de ne plus le considérer comme un vrai métier avec un vrai savoir-faire, mais comme un job." Une analyse que partage Jean-Paul Besseau qui pressent "le danger de voir arriver une main-d'œuvre étrangère, hongroise et polonaise notamment, peu formée et sous-payée".

Trait d'union entre les entreprises et ses futurs acteurs, le lycée hôtelier veut croire en un avenir meilleur "à condition que la profession prenne ses responsabilités. Mais, prévient Jean-Paul Besseau, les résultats ne seront pas immédiats".
I. Doat zzz68v

Les Sorbets
Allée des Sorbets - 85330 Noirmoutier-en-l'Ile
Tél. : 02 51 39 10 95
E-mail : sorbets@wanadoo.fr
Web : www.perso.wanadoo.fr/les.sorbets

En chiffres

w BEP hôtellerie-restauration : 84 élèves.
La première année du BEP est une année commune aux trois options cuisine, restaurant
et hébergement. La spécialisation n'intervient qu'en seconde année. Le recrutement se fait sur dossier. L'accord du conseil de classe où se trouve l'élève lors de la demande d'inscription est obligatoire.

w Bac professionnel restauration, options organisation et production culinaire ou service et commercialisation : 47 élèves.
Le recrutement en 1re année s'effectue en priorité à partir d'un BEP hôtellerie-restauration, d'un CAP cuisinier ou de restaurant préparés après la 3e. Peuvent également être candidats les élèves sortant de 1re baccalauréat technologique hôtellerie ou des adultes justifiant de trois années d'activité professionnelle.

w Bac technologique hôtellerie : 50 élèves.
Les élèves sortant de 3e peuvent préparer ce bac technologique à partir de la seconde technologique hôtellerie. Les élèves titulaires
du BEP hôtellerie-restauration peuvent préparer ce bac en passant par une 1re d'adaptation.

w BTS hôtellerie-restauration option art culinaire, arts de la table et du service : 32 élèves.
La formation revêt deux formes : en contrat de qualification d'une part. Sont admis les jeunes de moins de 26 ans, titulaires d'un contrat de qualification, ainsi que d'un brevet de technicien hôtellerie ou d'un bac technologique hôtellerie ou encore d'un diplôme de niveau IV et d'une formation de niveau V en hôtellerie-restauration. D'autre part, la formation au BTS en formation initiale est prévue et ouverte aux titulaires d'un brevet de technicien hôtellerie ou d'un bac technologique hôtellerie ou d'un diplôme de niveau IV et d'une formation de niveau V en hôtellerie-restauration.

w Equipe pédagogique : 20 enseignants pour les matières professionnelles, 18 enseignants pour les matières générales, dont certains à temps partiel.

 

Témoignage

Elève aux Sorbets depuis 4 ans, Arnaud Rossignol, en terminale bac techno, a trouvé un établissement et une formation qui lui ont permis de "s'épanouir. D'être plus motivé aussi". Doté d'une élégance naturelle, le jeune homme excelle dans le service en salle. Mais il avoue qu'il se détournera peut-être de l'hôtellerie pour travailler dans la commercialisation du vin, "parce que je souhaite avoir aussi une vie familiale".

ArnaudRossignol.JPG (5952 octets)"La proximité de l'océan est un atout. Cela permet de s'oxygéner l'esprit. C'est important pour bien travailler." Cela fait maintenant 4 ans qu'Arnaud Rossignol est élève aux Sorbets. A 19 ans, le jeune homme originaire de Nantes ne regrette pas le moins du monde son choix de "s'expatrier" sur l'île de Noirmoutier. "On m'avait dit beaucoup de bien du lycée. Lorsque je l'ai visité en 1997, j'ai été séduit par son cadre, par le fait aussi qu'il ait une taille humaine." Rassurant pour celui qui n'était encore qu'un adolescent, désireux de trouver sa voie. "Lorsque j'étais collégien, j'étais persuadé de vouloir devenir cuisinier." Confronté à la réalité lors d'un stage dans les cuisines d'un restaurant nantais, cette vocation sera finalement contrariée.
"Je me suis vite aperçu que le service me correspondait mieux et que j'étais avide de contacts avec la clientèle." Un sentiment conforté dès la première année de BEP aux Sorbets où les élèves doivent obligatoirement explorer les options cuisine, restaurant et hébergement avant de faire leur choix. "Mon goût pour le service en salle s'est affirmé à cette époque. J'ai effectué mon premier stage au Mercure Montparnasse à Paris : j'avais à faire à une clientèle chic, d'hommes d'affaires notamment. J'en garde un excellent souvenir." BEP en poche, Arnaud, c'est décidé, ne s'arrêtera pas là. Son nouvel objectif, le bac technologique qui constitue une étape importante vers la préparation d'un BTS. Après une première d'adaptation, Arnaud est aujourd'hui en terminale. Entre-temps, c'est au Golf l'été dernier, établissement baulois 4 étoiles du groupe Lucien Barrière, qu'il a effectué son stage annuel. Mais côté cuisine, sans rechigner. Au contraire. "Je ne suis pas qu'un serveur. La polyvalence est vraiment fondamentale dans ma formation. A La Baule, j'ai travaillé le chaud et le froid. Il fallait être rapide, organisé, offrir des mets à la fois beaux et bons." Une belle expérience dans un établissement de prestige. C'est dans cette catégorie d'établissements qu'Arnaud souhaite poursuivre sa formation,
"à l'étranger afin de parfaire mon anglais auprès d'une clientèle internationale". Mais encore ? "La sommellerie me tente beaucoup." C'est aux Sorbets qu'Arnaud a pris goût à l'œnologie. Une passion également raisonnée : "J'envisage de poursuivre vers un BTS d'œnologie-sommellerie." En pleine période de transition, comme il le dit lui-même, Arnaud se dit tenté par l'expérience de la commercialisation du vin en domaines.
"J'ai bien conscience de me détourner de l'hôtellerie. Mais je pense à mon avenir. Un avenir avec une vie de famille. Hélas, la restauration permet difficilement de concilier ces deux aspects."

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L'Hôtellerie n° 2749 Hebdo 20 Décembre 2001

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