Le passage à l'euro ? "Un dossier sur lequel nous travaillons depuis plus d'un an." Pour Xavier Hoffmann, président du directoire du Casino des Pins, un établissement familial de poids sur la côte vendéenne, comme pour Christophe Lancel, directeur général du Casino des Atlantes, filiale du groupe Accor Casinos, l'échéance du changement de monnaie s'est traduite par un important travail d'anticipation. "Toutes les réflexions préliminaires, précise Christophe Lancel, ont été menées à l'échelle du groupe et de ses 15 casinos aux tailles très variables, mais aux problématiques le plus souvent communes." Au Casino des Pins, ces démarches ont été effectuées en interne via la mise en place de commissions multiactivité (jeux, restauration, communication, etc.). Les deux établissements de jeux sablais se retrouvaient sur le tapis du Syndicat des casinos de France au bureau duquel siège Jean Hoffmann, directeur général des Pins. "Pour les 75 membres du syndicat, précise Xavier Hoffmann, il s'agissait de confronter ses expériences. A chacun ensuite de prendre ses propres décisions."
Anticiper le changement de référentiel de la clientèle
La première étape était de taille : les machines à sous pouvaient-elles continuer à
recevoir de la monnaie fiduciaire euro à la place des pièces en francs ? "Très
vite, nous avons opté pour les jetons, expliquent les deux patrons, pour des
raisons techniques liées au mécanisme des machines." Pour des raisons
économiques aussi : grâce aux jetons, il est inutile de remplacer les monnayeurs de
chaque bandit manchot ! Deuxième étape, déterminer les mises minimales de chaque
machine et leur taux de redistribution. Après que l'Etat ait imposé les dénominations
des valeurs de jeux qui s'établiront de 0,10 à 2 euros, les deux casinos ont choisi de
retenir pour mise minimale 0,20 euro (1,31 F) jusqu'à la mise maximale de 2 euros (13,12
F), contre 1 à 10 F actuellement. "Notre grosse difficulté est d'anticiper le
changement de référentiel et de comportement de notre clientèle", affirme
Xavier Hoffmann. Même inquiétude du côté de Christophe Lancel : "Tout le
problème est de prévoir la mise que fera le client pour un temps de jeu qui lui paraisse
acceptable." Pas simple. Conscient de cet enjeu, l'Etat a assoupli les règles
des jeux : ainsi, du 1er janvier au 8 mai 2002, les casinos français ont la possibilité
de jouer sur la répartition de leurs machines au cours d'une période dite 'blanche' qui
court du 1er janvier au 8 mai 2002.
Outre la jetonnerie, les casinos ont également dû prévoir de changer tout
l'environnement des salles de jeu, panneaux légaux, affichages spécifiques, stickers,
ainsi que toutes les machines destinées à conditionner les nouvelles pièces, etc. Dans
le même temps, le personnel en contact avec la clientèle a suivi des formations
spécifiques afin d'être opérationnel dès le 1er janvier et de "répondre aux
questions de notre clientèle", affirme Christophe Lancel. A cet effet, les deux
casinos ont opté pour des politiques de communication différentes. Aux Pins, la
communication envers la clientèle a démarré sous les cotillons lors de la nuit de la
Saint-Sylvestre placée sous le signe de l'euro rond, avec décoration aux couleurs de
l'Europe. "Dans la mesure où les distributeurs automatiques ont fait la bascule
à minuit, nous devions être prêts à recevoir nos premiers euros dès cet instant."
Mais le réel passage de l'ensemble du casino à l'euro se fait actuellement, lors des
premiers jours de janvier. Au Casino des Atlantes, pas de paillettes pour l'euro, mais
tout un arsenal de brochures, flyers, disques de conversion concoctés par le groupe Accor
Casinos. Les premiers euros ont dû attendre le 1er janvier, 10 heures, pour y être
échangés contre des jetons de jeu.
Quant au coût du passage à l'euro, Xavier Hoffmann et Christophe Lancel l'estiment
respectivement à 1 MF et 1,30 MF. Pour les deux patrons, la conversion à l'euro n'est
pas encore un réflexe ! Le montant de la facture s'élève à 152 500 euros pour les Pins
et 200 000 euros pour les Atlantes.
I. Doat zzz30m
(1) Racheté en janvier 2000 à Georges Siboun, l'ancien Casino de la Plage, situé au sein du centre de congrès des Atlantes géré par Accor, est un établissement de taille modeste. Comprenant, outre un restaurant, un parc de 80 machines à sous, une boule, une salle de roulette et de black-jack, l'établissement compte 36 salariés.
(2) Propriété de la famille Hoffmann, le Casino des Pins situé dans le parc de la Rudelière comprend un parc de 90 machines à sous, boule et 23 tables de roulette et de black-jack. Il compte 2 restaurants et un bar, et emploie plus de 100 salariés.
L'euro côté restauration |
"Afin d'avoir une démarche commerciale logique avec celle du département jeux, restaurants et bar ont anticipé le passage à l'euro rond", explique Laurence Chaillot, responsable marketing du Casino des Pins. Un passage qui était prévu en trois étapes au sein du restaurant semi-gastronomique Saint-Louis, de la brasserie Cotton et du bar Cotton Nuit. Concrètement, à l'aube de la dernière saison estivale, les prix des différentes cartes ont été retranscrits en euros mineurs. A la rentrée de septembre, les euros ont pris la place des francs ronds. Et c'est le 1er janvier qu'apparaît l'euro rond. "Nous avons joué la carte de la transparence, lance Xavier Hoffmann. Afin de compenser une baisse globale des prix, nous avons légèrement revalorisé nos tarifs en juin et septembre 2001." Au Casino des Atlantes où le restaurant ne fonctionne que le soir, le double affichage euro-franc est en place depuis un an, tout comme au bar. |
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L'Hôtellerie n° 2750 Hebdo 3 Janvier 2002