Aix-en-Provence
La brasserie La
Royale ferme pour céder la place à une boutique de vêtements, le Mondial. En très
grosse difficulté, les cafés-restaurants accusent une baisse de chiffre d'affaires
2000/1999 de 15 à 20 %... La liste des reproches des professionnels est aussi longue
qu'un jour sans pain.
Il faut dire que, pour eux, la coupe est largement pleine depuis que la précédente
municipalité du docteur Picheral a décidé de requalifier la célébrissime Voie aux
Platanes. Celle-là même où Cézanne et Zola, les enfants du pays, ont posé un jour
leurs pas. Le principe retenu par les architectes Grumbach et Reymond consistait à
réduire l'emprise de la rue qui passait de 5 à 2 voies de circulation, à élargir les
trottoirs d'autant et à refaire le pavement à l'ancienne. Il s'agissait encore de
rénover entièrement tous les réseaux d'eau, d'électricité et de télécommunication.
Les choses avaient commencé à se gâter quand, sur les trois projets soumis aux Aixois,
le dernier du classement avait été sélectionné ! Elles avaient empiré quand les
travaux s'étaient déroulés lors de la période estivale 2000, celle où les
professionnels de la restauration font le plus gros de leur chiffre d'affaires.
Une municipalité autiste
Autiste aux plaintes, l'équipe Picheral n'avait rien voulu entendre. Le résultat ne
s'était pas fait attendre. Pour Stéphane et Tcherry Karouby, les patrons du Café du
Cours, "la baisse d'activité a été importante du fait du chantier, du bruit, de
la poussière". Idem pour Patrice Camacho, gérant des 2G : "Nous avons
accusé une baisse du chiffre d'affaires de 15 à 20 % en 2000. Comment voulez-vous que
les clients mangent en terrasse au milieu du bruit des pelleteuses ? Comment voulez-vous
qu'ils viennent quand on supprime toutes les places de stationnement ?"
Au Mondial, Jean-Charles Fouilhé, cogérant, assure "avoir perdu 152 449 E
HT (1 MF HT) sur la saison 2000". Son établissement connaîtrait
d'ailleurs de graves difficultés. Il n'est pas le seul. Selon Pierre Alfonsi, président
des cafetiers au CHR 13 et patron de la Belle Epoque, "d'autres établissements
auraient de graves difficultés bancaires". Leur trésorerie n'ayant pas
résisté à la baisse d'activité. Le Cours Mirabeau aurait pu, selon les professionnels,
se muer en vraie catastrophe économique si, lors des dernières élections, l'équipe
Picheral n'avait été balayée par l'avocate Maryse Joissains-Masini. Celle-ci avait fait
sa campagne sur le terrain, écoutant, consultant et s'engageant à poursuivre le dialogue
si elle était élue (lire l'interview ci-dessous).
Un planning de travaux
Devenue maire d'Aix, elle a récupéré l'héritage, tâchant cependant d'adoucir
l'esthétique très froide et nordique voulue par les architectes. Elle y travaille
actuellement. Sur le plan économique, elle a noué un dialogue avec les professionnels.
Il faut dire que ceux-ci ont fait le forcing auprès du nouveau maire. Résultat : ils ont
obtenu 90 % d'exonération de la taxe d'occupation des terrasses pour les années 2001 et
2002. Ils ont aussi obtenu l'arrêt des travaux pendant l'été 2001 et leur
échelonnement. Ainsi, le côté banques a été attaqué en premier en octobre 2001.
Quant au côté commerces, le chantier démarrera sous peu pour une période de 6 mois
maximum. Mieux, les entreprises ont accepté de fonctionner par tranche de travaux de 3 à
4 semaines chacune, occasionnant de moindres nuisances aux professionnels. Ceux-ci
devraient, dans leur grande majorité, profiter du chantier pour donner congé à leur
personnel. Cette première victoire n'est cependant pas suffisante pour Pierre Alfonsi et
ses mandants. Ils militent vivement pour la création d'une troisième voie de circulation
pour les livraisons et les véhicules prioritaires. Pour le moment, la discussion est dans
l'impasse.
Autre sujet de discorde, l'indemnisation des professionnels ayant subi une perte
d'exploitation avérée. Un avocat spécialiste du droit administratif a pris en charge le
dossier. Il devrait porter l'affaire devant le tribunal administratif. A suivre...
D. Fonsèque-Nathan zzz22v zzz26v zzz74v
Les cafés-restaurants accusent une baisse de CA 2000/1999 de 15 à 20 %
Trois questions à Maryse Joissains-Masini, maire d'Aix-en-Provence |
L'Hôtellerie : Vous aviez fait du Cours Mirabeau votre cheval de bataille lors des élections. Quelles sont, en ce qui concerne les cafés-hôtels-restaurants, vos critiques envers le projet de votre prédécesseur ? Maryse Joissains-Masini : On a mis la charrue avant les bufs. On aurait dû faire les parkings de dissuasion avant de refaire le Cours et supprimer toutes les places de stationnement (N.D.L.R : illicites). C'est ma principale critique. Mais, j'ai hérité d'une situation et je la gère. Nous sommes arrivés à un accord avec les commerçants et les riverains sur l'étalement des travaux. Nous allons finir le côté Nord (banques) avant d'attaquer le côté Sud (commerces) ce mois-ci. Et les entreprises ont accepté de terminer en 6 mois en s'arrêtant pendant les fêtes de Noël. Elles se sont également engagées à procéder par tranche, de 3 ou 4 semaines chacune. Cela va générer un surcoût pour la ville qui est parfaitement acceptable compte tenu des tribulations qu'il y a eu sur ce dossier. Nous allons aussi revoir l'aspect esthétique ainsi que le mobilier urbain. C'est vrai que l'on ne pourra pas effacer d'un seul coup 10,67 ME (70 MF) de travaux, mais nous pouvons améliorer, par exemple, en construisant des trottoirs en dégradé qui cassent la perspective en rail de la chaussée. L'Hôtellerie : Que répondez-vous aux demandes des professionnels du CHR 13 en ce qui concerne une troisième voie de circulation pour les livraisons et les véhicules prioritaires ? Maryse Joissains-Masini : La calade (N.D.L.R. : voie
pavée) n'a pas été conçue pour cela. Elle générerait de la pollution pour les
arbres. Il faudrait tout repenser. Pendant les travaux, nous allons faire un sens
obligatoire avec, en haut, un grand espace piéton. On ne pourra plus entrer sur le Cours
par le haut. Cela réduira d'autant la circulation et permettra les livraisons. L'Hôtellerie : Les commerçants vont vous assigner au tribunal pour perte d'exploitation... Maryse Joissains-Masini : C'est le droit commun. S'ils ont subi une perte d'exploitation, il y aura une procédure devant le tribunal ou un accord si les pertes sont avérées. Par contre, nous avons procédé à une exonération à 90 % de la taxe d'occupation des terrasses à cause des nuisances folles subies. Cela me paraissait normal. |
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L'Hôtellerie n° 2750 Hebdo 3 Janvier 2002