Le CFAI Corot à Marseille
Avec ses quelque 630 apprentis en hôtellerie-restauration sur un total de 1 400 élèves, Corot est l'un des plus importants CFA de la région. Ce grand vaisseau immaculé de 10 000 m2, qui a regroupé ses locaux en septembre 1998 dans les quartiers nord de Marseille, se veut désormais plateforme de formation pour les jeunes, en apprentissage ou non, et pour les salariés d'entreprise.
Christian Vanbersky, directeur du CFA Corot, s'interroge : "Pourquoi, en juin, les journaux télévisés de 20 heures, ainsi que les quotidiens, font-ils leurs gros titres sur les candidats au baccalauréat et l'impasse sur le CAP, BEP, BP... ?" Il répond : "La nation française ne reconnaît pas l'apprentissage." A la tête d'un des plus importants CFA en hôtellerie-restauration de la région, il s'inquiète de la pénurie de professionnels. "Nous avons 200 demandes d'apprentis non satisfaites. Nous manquons aussi d'enseignants, particulièrement en cuisine."
Implanté depuis septembre 1998 dans les quartiers nord de Marseille, sur l'emplacement de l'ancienne usine Végétaline, Corot a bénéficié de l'aide Feder qui a financé 40 % de l'investissement total (12,7 Me, soit 83,3 MF). Objectif visé par l'Europe : revitaliser une zone en déshérence certes, mais pleine d'avenir, le site étant en bordure d'Euroméditerranée, le grand projet de développement économique et urbain de la ville. Ce n'est donc pas un hasard si Jean-François Brando, président de Corot où il représente l'Union pour les entreprises du département (alliance Medef/CGPME) depuis avril 2001, a pour projet de créer un 'Club d'entreprises' du secteur. Elles pourraient se réunir et inviter leurs clients dans les magnifiques locaux du restaurant gastronomique de Corot, jusque-là fermé à l'extérieur, par suite de l'hostilité des professionnels.
Assembleur de formation
Autre projet de Corot, celui de devenir une plateforme de formation ouverte aux salariés
d'entreprises souhaitant se perfectionner dans l'une ou l'autre des formations proposées
par Corot, notamment en alimentation. Christian Vanbersky : "Pourquoi un cuisinier
ne viendrait-il pas se spécialiser en pâtisserie, boulangerie, charcuterie... ? Pourquoi
un employé d'hôtel ne suivrait-il pas une formation de fleuriste qui lui permettrait de
décorer les chambres et les espaces d'accueil ? Pourquoi un futur patron ne prendrait-il
pas des cours de gestion ici ?" Il poursuit : "L'objectif est
d'individualiser la formation, de travailler sur les compétences. Concrètement, nous
devons analyser la capacité de chacun à occuper un poste donné et construire un
parcours de formation en adéquation avec les besoins de la profession."
En phase de démarrage, cette démarche se traduit, par exemple, par des formations en
contrat de qualification.
Pourtant, à Corot comme ailleurs, le problème numéro 1 réside dans la réticence des
jeunes à aller vers les métiers de l'hôtellerie-restauration, même si un nouveau genre
d'apprentis émerge, les bacheliers de l'enseignement général préparant un BP.
Christian Vanbersky : "Nous allons renforcer l'information sur les métiers de
l'hôtellerie-restauration, et pourquoi pas, aller chercher les jeunes là où ils se
trouvent : les plages, les galeries commerciales..." Une démarche dans la
lignée de ce que veut mettre en place Jean-François Brando, le président. A peine
nommé, il a mis en place un bureau de liaison entre le CFA et le CHR 13. Une bonne façon
de renforcer encore les liens avec les professionnels.
D. Fonsèque-Nathan zzz68v
CFAI Corot en bref |
1 400 apprentis du CAP au BTS 630 apprentis en hôtellerie-restauration Provenance géographique : Marseille (63 %), hors Marseille (37 %) * Equipements * Formations CFAI Corot |
Témoignages d'apprentis |
David Bloise, 20 ans, en 2e année de BEP hôtellerie, option cuisine
"J'ai commencé par faire un CAP de mécanique, mais, les mains dans le cambouis, le dos qui fait mal et le salaire bas, même en fin de carrière, ce n'était pas pour moi... Mon frère jumeau, lui, s'était déjà orienté vers la cuisine, et j'ai fait comme lui. Je ne le regrette pas, j'ai vraiment l'impression d'avoir trouvé ma voie. Après le BEP, je pense arrêter : à 20 ans, j'ai besoin d'être autonome financièrement. Mais, quand viendra le moment, je ferai de la formation continue pour me perfectionner et, j'espère, ouvrir un restaurant avec mon frère. Ce serait le rêve." Clément Esparon, 19 ans, 1re année de BP restauration |
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L'Hôtellerie n° 2751 Hebdo 10 Janvier 2002