Roubaix (59)
Le brasseur coopératif roubaisien Terken, l'un des derniers indépendants français, a été placé en redressement judiciaire en novembre dernier.
Le tribunal de commerce a repoussé du 4 au 31 janvier le délai pour la présentation d'un projet de reprise. La décision est prévue pour l'audience du 26 février. Selon la presse régionale, une quinzaine de dossiers auraient été déposés, dont 2 ou 3 présenteraient certaines garanties. Cette brasserie représente une capacité importante, supérieure à 600 000 hl, une production courante supérieure à 400 000 hl, mais en baisse de 23 % sur l'exercice 2000, et un chiffre d'affaires de 26 ME pour 300 salariés (80 emplois ont été supprimés en début d'année). Le passif n'est pas colossal, on parle d'un petit pourcentage du chiffre d'affaires.
Mais le statut de l'entreprise l'a empêché d'effectuer les virages stratégiques nécessaires. Les coopérateurs actionnaires ne peuvent pas recapitaliser l'affaire, encore moins présenter un plan de relance. Réputée invendable pour la même raison, Terken aurait dû, comme ses concurrentes, être vendue ou choisir une spécialisation très poussée.
Bien implantée en CHR, Terken disposait, et dispose encore, d'une solide implantation.
Une clientèle de confiance, des marques et une image de qualité, un outil industriel
tenant la route. Mais cette entreprise différente souffrait depuis une dizaine d'années
de ne pouvoir, en raison de son statut, opérer le virage stratégique drastique qui
s'imposait. Dans ce métier, il n'y a plus guère de milieu entre géants et petits. Or,
Terken court tous les lièvres à la fois : le volume, en sous-traitant de l'entrée de
gamme pour la grande distribution ou de plus grands groupes, mais d'autres le font à
moindre prix. La qualité et les bières de spécialité, avec la Septante 5, son
porte-drapeau au pays des bières de garde. Les CHR, la distribution directe, le négoce
et la grande surface en plus... L'affaire est encore bonne à prendre, avec moitié moins
de personnel vraisemblablement, peut-être en totalité pour qui a du capital, de
l'intelligence et du souffle. Après tant d'années d'impuissance, les coopérateurs
semblent résignés à vendre. Les salariés sont sur les dents, et les Roubaisiens, qui
voient ce monument fort laid planté au bord du canal depuis des lustres, vivent mal cette
nouvelle épreuve économique et sociale.
A. Simoneau zzz46b
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L'Hôtellerie n° 2755 Hebdo 7 Février 2002 Copyright ©