Ils étaient une trentaine à participer à l'opération : "Un nombre
suffisant, puisqu'il nous a permis de réussir à poser cette banderole qui a été vue
par des millions de personnes grâce aux médias présents", a souligné le
président de l'Umih, André Daguin.
Première
action coup de poing pour les restaurateurs et cafetiers. Mardi matin, entre 6 heures et 7
heures, à l'initiative de l'Umih, une trentaine de professionnels de la restauration
s'est introduite dans l'escalier qui mène en haut de l'Arc de triomphe, place de
l'Etoile, bénéficiant sans doute de la complaisance d'un portier. Arrivés au sommet du
monument, ils ont déployé une banderole, affichant leur revendication pour une TVA à
5,5 %. Quant aux policiers du GIGN venus les déloger, ils ont dû emprunter les filins de
l'ascenseur, les manifestants ayant pris soin de bloquer tous les accès. Une fois en
haut, les forces de l'ordre ont démonté la banderole de 120 kg. Puis ont fait patienter
les manifestants sur la terrasse, dans l'attente de l'arrivée de fourgons de police. Ce
n'est que vers 10 heures que tous les
restaurateurs sont redescendus, et, escortés des policiers, sont montés dans les
véhicules, direction le commissariat du VIIIe arrondissement, rue du Faubourg
Saint-Honoré. André Daguin, qui n'est pas monté en haut du monument, a pu regagner le
siège du syndicat après avoir accordé les interview à la presse. zzz74v
Une fois redescendus, les manifestants ont été conduits par les forces de
l'ordre au commissariat de la rue du Faubourg Saint-Honoré, dans le VIIIe arrondissement
de la capitale, pour un contrôle d'identité. Il n'y a pas eu de garde à vue.
Les "Sauvageons" de Peillon
Révélateur du peu de cas que font les politiques des réactions des professionnels... Un
certain M. Peillon, porte-parole officiel du parti au pouvoir, n'hésite pas sur le choc
des mots : les restaurateurs qui envisagent de faire la grève de la TVA à 19,6 % sont
des... "Sauvageons". Bigre ! Que la République est fragile si
unepoignée de gueux que Monsieur le ministre de l'Economie et des Finances trouve
néanmoins sympathiques, réussit à semer une telle panique chez les seconds couteaux du
PS. Que n'a-t-on entendu les excellences de la rue de Solférino s'inquiéter des grèves
injustifiées à la SNCF, à la Poste et en d'autres services publics qui prennent
régulièrement les usagers en otage. Mais ce M. Peillon a sans doute un chauffeur qui ne
réclame pas... 35 heures.
Laurent Fabius réagit et menace...
Le ministre de l'Economie n'a pas manqué, dès dimanche soir, de dénoncer le mouvement et de prévenir : "Il n'appartient pas à une profession, aussi sympathique soit-elle, de décider quel est le taux de sa taxation. Il y a des règles dans une société. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne faut pas discuter, mais il n'est pas possible que ce soit telle ou telle corporation qui dise du jour au lendemain voilà ce qu'on va faire en matière fiscale." Et de mettre en avant ses arguments : "Si on fait passer la TVA de 19,6 à 5,5 %, ça représente entre 2 et 3 milliards d'euros que doivent donc payer les autres Français." Côté européen, une telle modification nécessite "un accord de tous les pays d'Europe. Il est faux de penser que la France toute seule peut obtenir et demander cela". Dans une perspective où "l'on arrive dans le futur à dégager les sommes nécessaires et à convaincre nos partenaires européens, il faut que le consommateur profite intégralement de cette baisse de la TVA. Or, j'entends un certain nombre de représentants de cette profession tenir un autre discours et souhaiter répercuter cette baisse de la TVA sur leurs propres bénéfices". |
Christian Navet président de l'Union patronale
"C'est un succès. On a montré qu'on était aussi capable de faire parler de
nous, qu'on pouvait faire des actions qui soient reprises par les médias."
Charly Belisson, vice-président des restaurateurs
de l'Umih "Vous constaterez qu'on peut prendre un monument facilement, même si ce n'était pas le but de l'opération", ironise Charly Belisson. Il ajoute : "Fabius n'était jamais intervenu personnellement sur ce dossier, même lorsque des députés l'interpellaient nommément. Il vient de le faire pour la première fois en disant que les restaurateurs n'avaient pas à faire la loi. Ce qui est vrai. Mais il a brouillé les pistes en annonçant que la baisse coûterait 3 milliards d'euros aux contribuables. C'est faux, il ne tient pas du tout compte des effets positifs induits." |
André Daguin président de l'Umih
A propos de l'opération : "Ce n'est pas une grève, mais un contentieux
qu'on engage. Cet argent n'est pas à nous, c'est ce que les consommateurs doivent au
fisc. Nous le mettons sur un compte bloqué, mais nous ne le garderons pas." La
baisse de la TVA "est dans tous les programmes politiques. On va y arriver.
Je déplore qu'un syndicat parisien se désolidarise d'une opération dont il va
bénéficier. Critiquer ceux qui bougent, c'est trahir la profession". Concernant
l'opération à l'Arc de triomphe, "il n'y a pas eu de violence, pas eu de
dégâts, et nous avons respecté le lieu". Sur le fait que le GNC ne soutienne
pas l'opération TVA : |
Sur le vif- Jean-François Girault (président de la CPIH)
- Jacques Jond (président de la Fagiht) -Le SNRLH ne donnera pas de mot d'ordre de grève |
Philippe Villalon, président de l'Umih 14 et responsable des actions coup de
poing du syndicat, a mené avec succès cette prise symbolique de l'Arc de triomphe.
"C'est un événement médiatique qui lance le mouvement pour une TVA à
5,5 %. On n'a rien cassé, on n'a fait de mal à personne", commentait Patrick
Vignier, restaurateur à Saint-Michel-sur-Orge dans l'Essonne.
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L'Hôtellerie n° 2757 Hebdo 21 Février 2002 Copyright ©