L'Auvergne sur le pied de guerre
"Nous mettons en route cette opération. Nous devons surtout sécuriser
notre action", souligne Jean Leclerc, de l'Umih Puy-de-Dôme (L'Auberge du Guéry
au Mont-Dore). Il s'agit de bien informer les adhérents sur la marche à suivre et
éviter des 'représailles' éventuelles des services fiscaux. "Depuis plus de 6
ans, nous nous faisons berner par les gouvernements qui mettent en avant un soi-disant
refus de Bruxelles. Cela ne tient pas.
Le Portugal a pu baisser sa TVA sur la restauration, il y a 2 ans", argumente
Jean Leclerc. Il ajoute que les restaurateurs sont obligés "d'écraser leurs
marges depuis trop longtemps, ce qui freine les investissements et les embauches".
En Haute-Loire, les professionnels sont dans les starting-blocks. "La procédure
est en route", annonce André Perrier, chargé de la formation à l'Umih
Haute-Loire (Le Bourbon à Yssingeaux). "Nous envoyons des courriers pour informer
nos banquiers et les services fiscaux. Nous devons être nombreux à réagir et pour cela
sécuriser nos adhérents sur la marche à suivre et minimiser les risques."
Même propos dans l'Allier et dans le Cantal, concertation et mise en place sont à
l'ordre du jour en ce début de semaine. "Nous allons bien voir si le mouvement va
prendre de l'ampleur", indique Jean-Michel Chavarochette, président de l'Umih
Vichy (Le Lutèce à Vichy). zzz74v
P. B.
A Lille (59), on y croit
"Oui, il faut suivre la consigne, je l'applique moi-même, et avec mes amis du syndicat de Lille, nous mobilisons pour l'appliquer. C'est bien réfléchi, et les risques sont calculés correctement par l'Umih. Nous ne sommes pas des fraudeurs. Nous paierons notre TVA selon des modalités particulières, c'est tout. Le but est d'entrer en discussion avec le gouvernement, notamment avec M. Fabius, qui nous a adressés un courrier de soutien très clair quand il était président de l'Assemblée. Et sans gêner nos clients. Nous sommes unis pour nous défendre. J'ai peur comme tout le monde, et puis après ? Qu'est-ce qu'on va me faire ? Nous faire déposer le bilan ? Il y a un moment où il faut cesser de baisser sa culotte. Notre combat pour l'équité fiscale et pour faire cesser une aberration économique est juste. Je souhaite ardemment que beaucoup de nos collègues nous rejoignent. On va se défendre", précise le restaurateur Clément Marot.
A. S. zzz74v
La Gironde prend des mesures concrètes
Aucun doute, en Gironde, le principe de 'la grève de la TVA' est acquis. "Nous
avons adressé un courrier, puis relancé par téléphone 148 établissements. 128 ont
répondu favorablement", a indiqué le président de l'Umih 33, Serge Pétoin,
lors de la dernière assemblée générale, lundi 18 février, à la CCI de Bordeaux.
Reste à passer à l'acte. Si André Daguin fut très agacé par les garanties réclamées
par les hôteliers-restaurateurs présents en vue de les soutenir en cas de problème,
Serge Pétoin s'est montré rassurant : "D'ici la fin de semaine, vous recevrez
par courrier des réponses précises sur la conduite à tenir et sur les documents à
remettre à vos comptables. Vous disposerez du nom et des coordonnées de l'avocat, du
juriste et du fiscaliste à contacter. Je m'y engage." Présent lors de cette
assemblée, Alain Juppé a clairement apporté son soutien aux grévistes : "Je
regrette que l'attitude du gouvernement vous mette hors la loi. Des choses sont plus
faciles à faire quand la croissance est là qu'en période de disette lorsque les caisses
de l'Etat sont vides." Le député-maire de Bordeaux considère qu'une TVA pour
tous à 5,5 % est une "mesure d'équité". Et de rappeler que
l'opposition avait déposé des amendements en ce sens :
"Si des voix de députés s'étaient jointes à celles de l'opposition, tout
serait réglé," précisa celui qui, premier Ministre, fit descendre dans la rue
à Paris des milliers de restaurateurs parce qu'il avait augmenté de deux points le taux
de TVA... sur
la restauration... Concluant la séance, Serge Pétoin a enfoncé le clou : "Nous
devons jouer groupé, et pour cela, je tiens à dire à tous les professionnels quels
qu'ils soient, de l'Umih ou pas, que nous serons à leurs côtés."
B. D. zzz74v
Réactions mitigées à l'Ouest
En Bretagne, la consultation prévaut chez des restaurateurs qui semblent être dans
une certaine expectative vis-à-vis d'une opération qui n'est pas sans risque. "Ils
ont peur d'un effet boomerang inverse d'ici quelque temps, dixit l'Umih 35. Ce
n'est pas l'enthousiasme débordant." Un sentiment partagé par Jean-Yves
Vilboux, propriétaire de L'Aubergade et président des restaurateurs : "Je
suivrai l'opération, mais je n'irai pas au-devant d'elle. Le métier est assez dur comme
ça. A-t-on besoin de se mettre en ligne de mire des services fiscaux ? Ce qui me gêne,
c'est
le caractère frauduleux de l'opération. Ce n'est pas dans mes principes et j'émets donc
des réserves." Dans les Côtes d'Armor, Xavier Termet, propriétaire du
Restaurant de la Gare, va "suivre le mouvement. Mais pour l'instant nous n'avons
pas de directives. J'en ai parlé à un collègue, il est d'accord. Nous allons nous
organiser". Dans le fief de Philippe Villalon, président de l'Umih
Calvados et initiateur de l'opération au niveau national, on note "beaucoup
d'appels des professionnels qui sont très favorables à l'opération. Les réactions sont
positives. L'opération devrait vraiment concerner le mois de mars". Dans les
Pays-de-la-Loire, Philippe Quintana, propriétaire du Méditerranée et président de
l'Umih 44, pense que "les restaurateurs sont globalement partants. Nous ne
lancerons l'opération que si 50 % des adhérents s'engagent. Dans le cas inverse, nous ne
bougerons pas, mais que personne ne vienne ensuite se plaindre !"
O. M. zzz74v
Lyon ne suivra pas
Paul Bocuse "Peut-on aller contre la loi ? Le problème des 35 ou 39 heures, celui de la TVA sur le service me semblent autrement importants et ils m'ont paru susciter moins de mobilisation..." Paul Bocuse ne suivra pas ces consignes, ni pour son restaurant gastronomique, ni pour ses brasseries.
Didier Rinck (président des restaurateurs du Rhône)
"Nous avons évoqué le problème au cours d'une réunion de bureau. Nous ne suivrons pas le mouvement pour ne pas nous mettre hors-la-loi."
Roland Bernard (Président de l'Umih 69)
"Qu'il y ait une lutte pour l'abaissement du taux de la TVA peut paraître judicieux, mais je ne suis pas certain que ce genre d'actions le soit. Je ne pense pas qu'elle puisse mobiliser l'ensemble des professionnels, en particulier les gros groupes, et non 4 ou 5 volontaires casse-cou. Il ne faut pas oublier non plus que le non-paiement de la TVA s'assortira de pénalités de retard, voire de pénalités de mauvaise foi, qui mettront encore davantage en difficulté pas mal de petites et moyennes entreprises vis-à-vis des services fiscaux. On ne peut donc inciter nos professionnels à agir ainsi. Cela me semble irresponsable, et il doit exister d'autres moyens de discuter et de trouver des solutions que de se mettre ainsi hors-la-loi. Il me semble utile de rappeler que la TVA n'étant pas une charge d'exploitation, sa baisse ne nous permettra pas d'avoir davantage de rentabilité. Elle doit d'abord profiter au consommateur et s'assortir d'une réduction du prix des menus."
J.-F. M. zzz74v
Sur le vif... suiteDominique Giraudier, président du directoire du Groupe Flo "Pas d'accord sur la forme" Philippe Labbé, McDonald's France "200 millions d'euros de TVA à 19,6 % en 2001" "Le recours à une forme de mutinerie fiscale me surprend de la part d'une organisation professionnelle qui avait su, en son temps et par d'autres moyens, obtenir la TVA à 5,5 % sur l'activité hôtelière. Je regrette par ailleurs qu'une organisation professionnelle adopte dans ses communiqués un discours de dénigrement vis-à-vis d'autres acteurs de la restauration commerciale. Nul n'a le droit de s'arroger tout à la fois le bénéfice de la création d'emplois, de la qualité de la nourriture et de l'excellence du service. Je ne peux donc pas souscrire à la forme de cette revendication, mais ceci étant dit, sur le fond, il est indéniable qu'une baisse de la TVA favoriserait la fréquentation des établissements de restauration, y compris les établissements de restauration rapide qui versent une TVA de 19,6 % sur les ventes à consommer sur place. Les entreprises de l'enseigne McDonald's ont versé l'année dernière environ 200 millions d'euros de TVA à 19,6 %. C'est la raison pour laquelle nous ne suivrons pas ce mouvement. D'ailleurs, je ne pense pas que tous les indépendants s'associent à la démarche préconisée par l'Umih. Sur le fond, je suis, bien entendu, absolument favorable à une baisse de la TVA sur la restauration, et je continue à expliquer les effets bénéfiques d'une réduction de la fiscalité sur la consommation, et donc, sur les créations d'emploi. Prenons exemple sur la TVA sur les travaux de rénovation qui ont permis la création d'emplois et la réduction du travail au noir." zzz74v Accor ne suivra pas le mouvement de grève Pourtant membre actif du GNC (son président, Jacques Belin venant de chez Accor, et donc au directoire de l'Umih), le groupe Accor nous a fait savoir qu'il n'entendait pas suivre le mouvement de grève de la TVA lancé par le syndicat de la rue d'Anjou. "Nous réalisons l'essentiel de notre chiffre d'affaires en hôtellerie, pas en restauration", précise-t-on à la tour Montparnasse.
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L'Hôtellerie n° 2757 Hebdo 21 Février 2002 Copyright ©