Les 11 et 12 mars prochains, les membres de la confédération se réuniront en congrès près de Blois. Leur président, Jean-François Girault, revient pour nous sur les dossiers d'actualité, mais aussi sur les objectifs qu'il s'est fixés.
Propos recueillis par S. Soubes
L'Hôtellerie :
Plusieurs actions médiatiques ont été lancées par d'autres syndicats ces derniers
mois. Largement reprises par la presse, elles n'ont pas eu les effets escomptés auprès
des pouvoirs publics. Pensez-vous qu'il faille persister dans cette voie ?
Jean-François Girault :
La distorsion de TVA dont nous faisons l'objet est beaucoup plus qu'une injustice, c'est
un frein au développement et à la pérennité de nos entreprises. C'est une
discrimination inacceptable. Or, le message a du mal à passer et nous devons agir. La
confédération ne souhaite pas pour autant mettre la profession hors-la-loi. Je peux
toutefois d'ores et déjà vous annoncer qu'à notre initiative, et avec l'accord de nos
partenaires syndicaux, nous allons lancer sur l'ensemble de la France des opérations
escargot, tous les jours, durant un laps de temps précis. Nous voulons tabler sur le
répétitif. Ces actions ne seront pas uniquement destinées aux pouvoirs publics. Nous
voulons aussi sensibiliser les consommateurs, leur expliquer pourquoi nous nous battons.
J'ajouterais qu'en fin d'année, la France va pouvoir choisir ses taux de TVA en fonction
des métiers. Nous voulons et nous avons le devoir de nous faire entendre avant cette
date.
L'Hôtellerie :
N'avez-vous jamais songé, dans ce type de dossier, à demander le soutien, sous quelque
forme que ce soit, des fournisseurs ? Prenons l'univers de la bière. 1/3 des ventes
passent par les CHR.
Jean-François Girault :
C'est un aspect qui n'a jamais vraiment été travaillé. C'est vrai que les fournisseurs
pourraient être un levier en participant au lobbying. Ils auraient sans doute des moyens
pratiques qui permettraient de faire avancer les choses. Il y a quelque temps, avec le
groupe Nestlé, nous avons émis l'idée d'une assistance technique, humaine et
intellectuelle afin d'améliorer l'image du secteur. Nous avons une déficience d'image
auprès des pouvoirs publics, mais aussi auprès du grand public. Et nous devons tout
faire pour redorer notre image.
L'Hôtellerie :
Est-ce pour cela que vous ne trouvez pas de personnel ?
Jean-François Girault :
Notre image s'est dégradée, on parle beaucoup de nous mais rarement en bien. On nous
accuse, par exemple, de ne pas assez payer notre personnel. A Paris, dans un petit
restaurant, le salaire moyen d'un chef est de 1829,39 e nets, et la moyenne des salariés
en restauration, tous postes confondus, est d'environ 1524,5 e nets. Ces montants ne sont
pas aussi bas que ça. En revanche, c'est vrai que notre secteur possède des contraintes
horaires importantes qui ne correspondent pas aux attentes des nouvelles générations.
Les jeunes ont du mal à travailler le week-end notamment. En revanche, nous avons la
chance d'avoir des métiers de contacts et d'équipe. Nous ne mettons pas suffisamment en
avant ces deux aspects de la profession. Ce sont pourtant des valeurs que les jeunes
recherchent.
L'Hôtellerie :
Dans un autre domaine, que pensez-vous des cafés ? Quelles actions ont été menées par
votre syndicat dans ce secteur ?
Jean-François Girault
Ce secteur d'activité, comme les discothèques, est aux premières loges lorsqu'il y a
des problèmes de société. Nous avons développé le principe de commissions
spécifiques qui impliquent à la fois les professionnels et les institutionnels comme la
police et la préfecture. Cette structure travaille, je dirais, en amont des problèmes.
La première commission du genre a vu le jour à Nantes. Là-bas, les intervenants se
réunissent tous les 2 mois et dressent une sorte de bilan de la ville, quartier par
quartier. Quand on sait qu'il y a du laisser-aller dans un établissement, que la
clientèle évolue mais pas en bien, les responsables de la commission s'y rendent et en
discutent avec eux. C'est vrai que cela demande un engagement de la part des
professionnels, mais le plus important, c'est la participation active des institutionnels.
Ce type de commission est en train de se former à Angoulême. L'ancien préfet a décidé
sans vrai dialogue de diminuer les horaires d'ouverture des bars d'une heure et a rajouté
une heure supplémentaire aux discothèques. Pour ma part, je regrette qu'il n'y ait pas
eu de concertation préliminaire qui prenne en compte l'agglomération, son mode de
fonctionnement. Cette commission doit servir à tout ça. Elle doit trouver des solutions
en amont de problèmes. Après, c'est souvent trop tard.
L'Hôtellerie :
La restauration reverse depuis l'été dernier une TVA sur le service. Vous n'avez pas
spécialement réagi à l'époque.
Jean-François Girault :
Récemment, j'étais fou de rage quand on nous a montrés du doigt en disant que nous
avons profité de l'euro pour augmenter nos prix. La TVA sur le service représente
aujourd'hui entre 2 et 3 % du chiffre d'affaires. C'est énorme. Or, nous n'avons pas
augmenté nos prix à l'époque. Nous attendions le passage à l'euro pour y voir plus
clair. La profession n'a pas augmenté ses prix, elle les a seulement recalés par rapport
à une situation antérieure pénalisante. Il faut aussi prendre conscience qu'en France
les prix sont libres et la profession dans son ensemble doit aussi suivre la loi du
marché.
L'Hôtellerie :
Comment s'annonce votre prochain congrès ? Quel thème a été retenu ?
Jean-François Girault :
Je voudrais que ce soit un congrès basé sur la réflexion et le dynamisme du secteur. Il
faut voir plus loin et pas seulement les problèmes actuels. Nous sommes, dans le milieu
CHR, en pleine période de rajeunissement. Je souhaiterais que les professionnels
comprennent qu'ils doivent aussi se donner des ambitions d'avenir. Le titre du congrès
est clair : 'Nos métiers, une chance pour la France'. Oui, notre secteur est une richesse
pour la France. Nous représentons une force vive qui doit le rester. Claude Izard,
vice-président confédéral, est chargé d'animer les tables rondes. Nous allons parler
de la RTT avec des institutionnels bien sûr, mais nous faisons venir des professionnels
qui l'ont mise en place. Je pense que ces débats seront enrichissants car ils vont
aborder tous les aspects de cette loi sur le terrain. zzz74v
Programme du congrès Lundi 11 mars
Mardi 12 mars Ce congrès se déroule au Domaine de Seillac (près de Blois) - 41150 Seillac - Tél. : 02 54 20 72 11 |
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L'Hôtellerie n° 2759 Hebdo 7 Mars 2002 Copyright ©