Seillac est-il le congrès de la nouvelle chance ? C'est en tout cas ce qu'il ressort des débats qui ont eu lieu lundi et mardi derniers en Loir-et-Cher. Satisfaits d'avoir retrouvé cohérence et union au sein de leur équipe dirigeante, les délégués de la CPIH ont décidé de retrousser leurs manches et de réaffirmer sur le terrain leur indépendance et leur savoir-faire.
C'est à
quelques kilomètres de Blois, au Domaine de Seillac, que les délégués départementaux
et régionaux de la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie
(CPIH) se sont réunis en congrès. Sous un soleil clément le 11 au matin, ignorant les
coureurs de Paris-Nice qui faisaient étape dans la capitale du Loir-et-Cher, les membres
de la Confédération avouaient ne rien attendre de ces 2 jours, sinon l'essentiel :
cohérence et soutien. Au terme d'une première année de mandat, démarré dans un
contexte difficile, affaibli pour la centrale syndicale, Jean-François Girault n'avait
pas trop le choix. Sorte de quitte ou double, celui-ci devait impérativement redonner
force et courage à ses troupes. En choisissant une politique de terrain et un 'parlé
vrai', celui-ci semble avoir fait mouche. Pour François Effling, président des
saisonniers, désormais le doyen de la Confédération, non pas en âge, mais en années
d'adhésion, l'homme est "assez proche de René Gaillot" qui fut "un
des grands bonhommes de la Confédération et originaire de Blois". Comme lui, "Jean-François
Girault est un calme qui sait élever le ton au moment opportun. Il prend le temps de
réfléchir et il roule pour nous". Même constat positif dans la bouche de
Michel Lesec (Niort) qui se félicite d'une "ambiance générale favorable"
ou dans celle de Gérard Prigent (Dordogne) qui reconnaît à l'équipe en place une
volonté de "travailler" et dont le "discours concret"
est avant tout un signe de "respect" à l'égard des départements.
Jean-Marc Edet (CPIH 44) ajoute, non pas à "l'euphorie", mais au "bon
esprit retrouvé" des notions d'avenir. "Nous sommes dans une phase de
reconstruction. Nous allons pouvoir, sur les bases qui prennent forme, devenir une force
de dialogue. Les maîtres mots sont désormais marketing et lobbying. Nous avons pour
objectif de nous adapter à la société contemporaine, à apprendre à devancer les
attentes."
Les votes de lundi ont confirmé le "bon esprit" revendiqué : l'ensemble
des délégués a approuvé à main levée les rapports mis en délibération.
Branche par branche
Une seule fois, une main s'est abstenue d'approuver... "Une broutille",
a-t-on murmuré dans la salle. Restait ensuite à aborder l'avenir de plain-pied. Une
première table ronde, à laquelle participait la CGPME, portait sur les moyens
d'insuffler aux professionnels la fibre syndicale. Pas facile de trouver de nouveaux
adhérents de nos jours. Quel que soit le bord syndical... L'après-midi, les ateliers
allaient de leur côté recentrer les débats sur les dossiers propres à chaque branche.
Menés par Jacques Fréalle, les hôteliers souhaitent remonter le niveau des étoiles "contrairement
à la tendance". "Nous ne nous sentons pas l'âme à défendre cette
politique, alors que des pays comme l'Espagne a enfin compris qu'il fallait, pour
pérenniser le tourisme, une hôtellerie à la hauteur", a déclaré le
président du groupement en insistant sur la nécessité de séparer la démarche
normative des étoiles de celle commerciale des certifications. A l'instar des
'échos-labels' récemment lancés dans plusieurs pays d'Europe, Jacques Fréalle n'a pas
caché son inquiétude face aux dérives. "Les échos-labels touchent le type de
lessive, les économiseurs de douche, le recyclage de l'huile... Les excès, quels qu'ils
soient, ne sont jamais bons à terme." Chez les saisonniers, deux dossiers ont
principalement été abordés : le logement des salariés et la taxe de séjour,
appliquée ailleurs que dans des villes touristiques. "Nous avons l'impression que
les pouvoirs publics veulent banaliser cette taxe en détournant les paramètres
d'origine. Nous devons nous élever au plus vite contre cette dérive", s'est
insurgé François Effling, qui attend également une redistribution des redevances Sacem
en fonction des zones géographiques et de leur population (chaland y compris). Les
cafetiers et les discothécaires ont débuté par une séance collégiale. Au programme :
une motion visant, une fois encore, à modifier le système des fermetures
administratives... Sujet récurrent, entre Arlésienne et fatalisme ? "Non,
affirme un professionnel, nous devons aller au charbon jusqu'au bout. Le principe est
injuste, contraire à l'esprit démocratique de la France." Les restaurateurs
sont, de leur côté, longtemps revenus sur les prix. "Toutes les formes de
restauration ne rencontrent pas les mêmes contraintes. Il faut différencier la
restauration 'fonctionnelle' de la restauration 'plaisir'. Il existe deux notions
différentes : la qualité du prix et le prix de la qualité", a martelé Claude
Izard, président du Groupement et vice-président national, en appelant de tous ses
vux une politique gouvernementale qui prenne enfin en compte une population "qui
se bat pour préserver son identité et son savoir-faire".
Regonflés
Mardi, plusieurs conférences plénières ont entériné ce 32e congrès. Peut-être la
douceur du cadre, l'environnement paisible et bucolique du Domaine de Seillac ont-ils
joué en sa faveur. Une chose est sûre, les congressistes ont refermé leurs bagages la
fleur au fusil, ressourcés, regonflés, fermement décidés à faire valoir leur force et
leur identité. "Nous ne sommes pas optimistes, conclut une des rares femmes
de l'assemblée, seulement décidés à aller plus loin."
S. Soubes zzz74v
Discours de clôture de Jean-François Girault |
Principaux extraitsw CONCERNANT L'ATTITUDE DU GOUVERNEMENT : "L'augmentation des frais fixes de la nation n'est pas un moyen de relancer la demande. Une réduction du temps de travail de 8 heures dans la profession entraîne un coût élevé dans un secteur comportant beaucoup de particularités. (...) Nous devrions avoir un allié, voire un partenaire en la personne du secrétaire d'Etat, du ministre du Tourisme ! (...) A la décharge de notre ministre de tutelle, dont le budget est moins élevé que le prix d'un avion ou celui de deux rames de métro, son pouvoir ne peut être que limité." w CONCERNANT LA GREVE DE LA TVA : "Le sujet est pris au sérieux par certains politiques mais dans un cadre électoral, alors qu'en sera-t-il demain ? Retenons toutefois un élément important : Bruxelles va revoir la liste des secteurs à large intensité de main-d'uvre pour lesquels il est acquis qu'une réduction du taux de TVA pourrait accélérer leur développement. (...) L'opposition rencontrée porte sur le coût de la mesure : 3 milliards d'euros. Cette réponse strictement budgétaire ignore les retombées économiques et sociales, elle occulte les réalités économiques de notre secteur." w CONCERNANT L'EMPLOI : |
Revendications spécifiques
A l'occasion de ce congrès, le bureau confédéral a rappelé les bases de son combat. Résumé rapide.
"Préoccupée en permanence par le maintien d'un tissu rural d'entreprises CHR, la CPIH met l'accent sur des réformes qui intègrent la spécificité des entreprises du secteur, tant dans leur taille, leur situation, leur localisation, leur caractère permanent ou saisonnier... Parmi les dossiers auxquels nous sommes attachés, nous voulons obtenir la prise en compte des particularités du secteur dans la RTT, un nouvel assujettissement de la TVA (restauration et boissons non- alcoolisées notamment), un abaissement substantiel des charges sociales, notamment sur les bas salaires, et la modification des bases de calcul et la réforme du Code de la santé publique dans le domaine des fermetures administratives."
La parole est aux jeunesParticulièrement attentif à ce que pensent les jeunes professionnels impliqués
dans le secteur, Jean-François Girault leur a donné la parole dans le cadre du débat
'Quel avenir pour la profession ?'. Il a eu raison, les jeunes ne se sont
pas privés de se faire entendre : "Les décisions que vous prenez aujourd'hui,
c'est nous qui les assumerons demain", a lancé l'un d'entre eux. "Nous
avons choisi ce métier parce que nous l'aimons, a insisté une jeune fille. Nous
vous demandons d'être plus revendicatifs auprès des pouvoirs publics, mais aussi de nous
écouter. Nous avons une passion : notre métier." |
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L'Hôtellerie n° 2760 Hebdo 14 Mars 2002 Copyright ©