Jeux automatiques
Les jeux automatiques, moribonds, cherchent à se refaire une santé en obtenant la légalisation des machines à sous dans les bistrots. L'exhortation n'est pas nouvelle. En organisant mercredi dernier une conférence de presse, Claude Tastet, président de la CFA, n'a fait que prouver encore et encore l'indifférence des politiques à l'égard du secteur.
Allez, on ne lui en voudra
pas de ce petit coup de reviens-y juste avant les élections. Claude Tastet, président de
la Confédération française des professionnels en jeux automatiques (CFA), a lui aussi
le droit d'exprimer son mécontentement, pour ne pas dire son découragement devant
l'indifférence des pouvoirs publics à quelques jours du premier tour des
présidentielles. On ne sait jamais ! Et puis, n'est-ce pas là le moindre de ses devoirs
que d'interpeller une gent gouvernante ou administrative invariablement sourde à une
réalité économique de la taille d'une goutte d'eau dans l'océan ? Qu'est-ce que 200
000 personnes (cafetiers compris) au bord de l'asphyxie face à 2 214 400 demandeurs
d'emploi ? Le fait est que les machines à sous illicites, celles qui flirtent de manière
éhontée avec les zincs fragilisés, constituent un problème indubitable. Claude Tastet
rabâche inexorablement "l'énorme évasion fiscale" qu'elle représente,
l'estimant aujourd'hui à 600 millions d'euros. L'argument ne fait pas mouche. Il souligne
également l'injustice qui règne en France alors que la plupart des pays d'Europe
autorisent le principe, pourfendant l'attitude de la direction des libertés publiques du
ministère de l'Intérieur qui "fait barrage et trompe les ministres depuis des
années" sur la dangerosité des machines douces (à mises et gains limités). "A
qui profite le crime ?", répète-t-il, en citant, par exemple, les "surfacturations"
auxquelles ont droit les machines à sous acquises par les casinos. "Une machine
vaut 3 800 euros, or, les casinos les achètent entre 6 800 et 7 600 euros..."
Ajoutant peu après : "Ce sont les membres de la CFA qui sont chargés de la
maintenance des machines dans les casinos alors que leur fabrication est interdite sur le
sol français."
Folklore, farce ou tragédie ? Et de pointer du doigt cette fois les "forains ou
prétendus forains" qui "exploitent au nez et à la barbe des autorités
de véritables casinos ambulants à la sortie des bouches de métro sans jamais un ennui,
utilisant des machines à sous acceptant même les billets..."
Lettre aux candidats
D'autres arguments récurrents reviennent en surface. Le nombre de morts, l'implication du
milieu, des cafetiers qui ne sont plus chez eux... Pour Jean Biron, vice-président de
l'Umih, ancien cafetier lui-même, s'il y a danger, un autre regard s'impose, sur l'autre
mainmise, celle de la "Française des Jeux qui n'octroie à ses distributeurs que
5 % sur la vente de ses produits, et du PMU, qui accorde péniblement 1,6 %. Il ne s'agit
pas de transformer les bistrots en minicasinos ou en tripot, mais d'offrir aux
consommateurs une distraction qu'ils réclament et d'apporter un peu d'oxygène aux
cafés". Le secteur des jeux automatiques reverse traditionnellement au cafetier
30 à 40 % des bénéfices. On est effectivement bien loin du taux pratiqué par la
Française des Jeux dont le poste "réclame généralement la présence d'une
personne supplémentaire".
Dans une lettre ouverte, adressée à tous les candidats à la magistrature suprême,
Claude Tastet a décidé de porter par écrit le mal- vivre du secteur. L'homme n'est sans
doute pas dupe du faible intérêt qu'il va susciter. Même si Noël Mamère aurait déjà
annoncé qu'il ferait quelque chose pour lui, au cas où ! Seule lueur d'espoir, l'oreille
bienveillante des sénateurs et des députés, toutes tendances confondues, qui acceptent "souvent"
de soutenir la cause des jeux automatiques au détour d'un amendement ou d'un discours. Un
bien mince fil d'Ariane.
S. Soubes zzz30
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L'Hôtellerie n° 2763 Hebdo 4 Avril 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE