En 2002
Lancé en 1999 à Lille Lesquin, le produit Suitehotel a su séduire
une nouvelle clientèle. La croissance de la dernière-née du groupe Accor va donc s'accélérer au fil des prochains mois avec 4 nouvelles unités d'ici la fin de l'année.
Olivier Devys : "Une nouvelle génération de consommateurs émerge.
Suitehotel répond à son besoin de liberté."
Quel espace ! Le mot est vite
lâché. A peine a-t-on franchi la porte d'entrée d'une chambre Suitehotel que l'on s'y
sent déjà comme chez soi. Avec ses 30 m2 (soit 20 % de plus que Novotel et près de deux
fois Ibis) de superficie aménagée en 2 pièces communicantes, sa salle de bains
spacieuse (douche et baignoire distinctes) et son bar équipé pour une restauration
légère, la dernière enseigne hôtelière du groupe Accor affiche de fait de sacrées
allures d'appartement privé. Une aubaine pour les clients à la recherche d'un hôtel
dont "les fonctionnalités et l'ergonomie concilient les exigences de travail et
le besoin de détente".
Qu'on le veuille ou non en effet, les comportements et les attentes de la clientèle
d'affaires se sont fortement modifiés au cours des dernières années. "Une
nouvelle génération de consommateurs émerge. Férue de zapping, individualiste et
autonome, elle dit non à un mode de produit unique", explique Olivier Devys,
p.-d.g. de la chaîne. Et de poursuivre : "Cette nouvelle 'tribu' est en quête de
sens, de liberté, d'authenticité et d'harmonie avec ce qu'elle vit dans son univers
professionnel comme dans ses moments de loisirs."
Développement volontariste
Une évolution que le leader de l'hôtellerie européenne n'a évidemment pas prise à la
légère. Paul Dubrule, coprésident de la compagnie, a du reste personnellement initié
l'idée de lancer le concept de l'hôtel 'all suites'. Et même si au début de cette
réflexion, le projet "n'était pas officiel et son avenir pas garanti"
au sein d'Accor, la donne a désormais sensiblement changé.
L'entreprise s'est effectivement maintenant fixée pour objectif de développer un réseau
d'environ 50 établissements Suitehotel d'ici 2006.
C'est dire l'intérêt du groupe à disposer de ce type de produit dans sa gamme
hôtelière. Après un premier hôtel à Lille en 1999, puis un second à Paris porte de
Montreuil en 2000, et un troisième à Saint-Denis-Stade de France l'an passé, l'enseigne
s'apprête d'ailleurs à doubler sa capacité en 2002.
Sont ainsi programmées dans les mois qui viennent, les ouvertures de 2 nouvelles adresses
à Roissy-Charles-De-Gaulle (174 chambres/148 chambres), une unité à Calais-Fretin (100
chambres) et une autre à Vienne en Autriche (158 chambres). "Nous avons un
développement volontariste qui consiste à implanter Suitehotel dans des pays où nous
sommes fortement présents comme la France, l'Allemagne, l'Autriche, le Benelux, les
Pays-Bas et le Luxembourg", précise Olivier Devys. Ce qui ne signifie pas pour
autant que l'enseigne Suitehotel n'essaimera pas le cas échéant hors de ce périmètre. "Il
y aura en effet une croissance opportuniste. Notre produit étant au service des
opérationnels", indique le p.-d.g. de la chaîne. A titre d'exemple, un
établissement Suitehotel verra prochainement le jour à Lisbonne dans le cadre d'un
projet multimarque Accor.
Le prix moyen de Suitehotel est égal à 95 % du tarif affiché.
Ouverture à la franchise en France
Avec un investissement de quelque 170 Me, Suitehotel s'est d'ores et déjà assuré le
développement de 25 établissements (3 200 chambres). Mais la chaîne prévoit également
dans son expansion de recourir au partenariat et à la franchise en particulier à travers
l'Hexagone. Les premiers hôtels franchisés devraient d'ailleurs sortir de terre du
côté de Dijon ou bien encore de Clermont-Ferrand, villes où sont établis des
partenaires historiques du groupe Accor. Un mode de gestion qu'Accor connaît sur le bout
des doigts, et qui pourrait faire beaucoup d'autres émules dans les mois à venir.
D'autant plus rapidement que la chaîne prouvera sa rentabilité. Un point loin d'être
facile à faire comprendre aux hôteliers traditionnels. "J'ai conscience que
notre offre déconcerte sur le plan économique parce que nos prestations chambre sont de
niveau 4 étoiles, tandis que nos prix oscillent entre ceux d'un 2 étoiles et d'un 3
étoiles", confie Olivier Devys.
Et d'ajouter : "Nous offrons néanmoins une bonne rentabilité parce que nous nous
sommes libérés du carcan de la règle du millième. Comment ? En réduisant d'une part
de manière sensible les surfaces allouées aux parties communes, et en pratiquant d'autre
part une politique de juste prix qui nous permet d'éviter les discounts massifs."
Au regard de la conception même de la suite, le restaurant, les salles de séminaires et
les réceptions classiques s'avèrent de fait inutiles. Il y a bien là un gain de
superficie indéniable. Sans oublier les autres astuces techniques apportées par les
équipes techniques de Pascal Pingon.
Une signature
Quant au choix de la stratégie tarifaire, elle semble judicieuse si l'on observe les
'fossés' qui existent habituellement dans l'industrie hôtelière entre prix affichés et
prix moyens réalisés. Forte de tous ces éléments, la chaîne Suitehotel vise à terme
un taux de RBE (résultat brut d'exploitation) de 50 % et un Roce (retour sur capitaux
investis) de 15 % en vitesse de croisière. S'agissant d'occupation, l'enseigne table sur
58 % cette année (hors ouverture) et un Roce de 8,8 %. Des chiffres d'autant plus
réalistes que la marque est encore en phase de lancement. Elle doit en effet asseoir sa
notoriété auprès du grand public. Dans ce but, Suitehotel vient d'ailleurs de se doter
d'une signature : "Une autre façon de vivre l'hôtel." En parallèle, la
chaîne procède également à une refonte totale de ses documentations internes et
commerciales. Le tout en affichant haut et fort ses couleurs via de vastes bâches sur les
façades de ses premiers maillons. A noter que Suitehotel propose en outre des forfaits 4
nuits (la 4e est à moitié prix) et 7 nuits (la 7e est offerte).
C. Cosson zzz36i
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L'Hôtellerie n° 2763 Hebdo 4 Avril 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE