Insécurité
A l'heure de la requalification de l'offre régionale vers davantage de qualité, la sécurité des principaux pôles touristiques reste un motif d'inquiétude pour les acteurs locaux même si la situation n'a rien d'alarmant.
Dans le Languedoc, l'environnement de l'offre touristique est de mieux en mieux
sécurisée.
Si l'actualité politique semble placer les questions de sécurité au cur des préoccupations des Français, c'est la baisse de la TVA et la RTT qui accaparent toujours l'esprit des professionnels du Languedoc-Roussillon. A côté de ces deux réformes jugées prioritaires, certains responsables départementaux évoquent pourtant de nouvelles difficultés liées à la recrudescence d'actes de petite délinquance. Pour Bernard Taligrot, le président de l'Umih gardoise, l'insécurité serait un phénomène bien réel dans le département, "un sentiment de plus en plus vif chez nos adhérents, et dont l'impact va bien au-delà du racket fiscal dont nous sommes victimes avec une multiplication des vols commis à l'intérieur des établissements. Agressions qui frappent indistinctement les professionnels et la clientèle. Il nous est malheureusement impossible de quantifier celles-ci faute de statistiques". Un phénomène qui serait, toujours selon le représentant syndical, particulièrement sensible à Nîmes et à Sommières, "avec un déplacement du problème dans les stations du littoral pendant la période estivale, et qui va crescendo d'année en année", ajoute encore Bernard Taligrot.
Une brasserie braquée sur la place de la Comédie
Dans le département de l'Hérault, 19 % des CHR de Montpellier interrogés dans le cadre
d'une étude menée par la CCI auprès d'une soixantaine de CHR, ont déclaré avoir été
victimes d'une agression en 2001, soit un total d'une dizaine de cafés et de restaurants
implantés pour la majorité en centre-ville (enquête publiée début mars 2002). Les
terrasses des établissements situés sur les places de la Comédie et Jean Jaurès
seraient en effet propices aux vols de portables et agressions physiques et/ou verbales à
l'encontre des consommateurs et du personnel. Dernier exemple en date avec le hold-up
commis à la Grande Brasserie en février dernier. Les malfaiteurs n'ont pas hésité à
s'attaquer en plein jour à l'un des plus célèbres établissements de la place de la
Comédie pour dérober la recette du PMU abritée au sous-sol. De quoi entretenir, non pas
une psychose générale, mais une crainte plus diffuse face à l'évolution que pourrait
prendre cette situation. A Béziers, ce sont les établissements situés le long des
allées Paul Riquet qui semblent les plus exposés. Alain Maurel, responsable de l'Umih
pour la ville, fait état pour sa part d'un nombre croissant d'agressions sur les biens
des professionnels, de la vitre cassée à l'incendie volontaire, sans pouvoir, là aussi,
procéder à un décompte précis faute de moyens de recensement des faits qui ne font pas
toujours l'objet d'un dépôt de plainte.
Un manque de moyens pour assurer la sécurité des stations
Du côté des stations balnéaires du littoral héraultais, La Grande-Motte, Carnon,
Palavas ou Cap-d'Agde, la situation serait moins préoccupante qu'au milieu des années
90. Le renforcement des dispositifs de sécurité durant les mois d'été, la montée en
gamme progressive de ces stations, et la réorientation de l'offre de loisirs ayant permis
de canaliser les bandes de jeunes à l'origine des principaux troubles enregistrés dans
ces localités, vols et rixes à la sortie des établissements de nuit dans la majorité
des cas.
Même constat dans les stations du Roussillon qui mettent plus que jamais en avant la
qualité de l'offre touristique dans un environnement de mieux en mieux sécurisé. "Nous
cherchons en effet à garder la clientèle que nous avons réussie à fidéliser. Des
touristes anglais, allemands et néerlandais qui ont des exigences en matière de
sécurité sur lesquelles on ne peut que s'aligner", expose Arlette Franco, maire
de Canet-en-Roussillon. En particulier, les vols à la roulotte ou à l'arraché
pénalisent l'activité des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration sur ce
secteur en donnant une mauvaise image de marque du département auprès de ces visiteurs
étrangers. Arlette Franco déplorant par ailleurs "le manque de moyens mis en
uvre par l'Etat pour assurer la sécurité de nos stations pendant les mois d'été",
alors que sa commune se prépare à accueillir un complexe hôtelier 4 étoiles dès l'an
prochain. Quant à l'avenir de ces différentes stations, Jacques Privat, responsable
régional de l'Umih, n'hésite pas à tirer le signal d'alarme en pointant un nouveau
problème lié au statut des microentreprises qui favoriserait, selon lui, la
prolifération de coins de restauration rapide en haute saison. "Un statut qui
leur permet de pratiquer des prix sur lesquels il nous est impossible d'entrer en
concurrence. Quand il y en a 4 ou 5 qui s'installent dans l'entourage d'un restaurant,
celui-ci n'a pas d'autre choix que de fermer, ce qui est déjà arrivé. Et si rien n'est
fait, il n'y aura plus d'établissements ouverts en hiver et les stations mourront."
De quoi, en pleine période électorale, accentuer la pression sur les responsables
politiques de la région. zzz24 zzz22v
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L'Hôtellerie n° 2766 Hebdo 25 Avril 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE