De toute urgence...
Nous avons interrogé quelques professionnels, leur proposant de répondre à une question simple : "Si le nouveau président de la République, une fois élu, vous demandait quelle mesure, d'après-vous, devrait être immédiatement prise pour améliorer le secteur de l'hôtellerie-restauration, que lui proposeriez-vous ?" Leurs réponses se rejoignent très souvent...
Henri Fauveau, p.-d.g.
de Pizza Pino
"Il
est absolument indispensable de faire baisser la TVA et les charges sociales si on veut
préserver la compétitivité de notre métier face à la concurrence étrangère pour le
tourisme et face à la concurrence intérieure représentée par la nourriture
déstructurée représentée par les fast-foods et tous les commerces alimentaires de
détail.
Un arrêt de la multiplication des lois et décrets en tous genres, qui deviennent
antinomiques, incompréhensibles et inapplicables est indispensable. On ne veut plus
investir pour ne pas être soumis aux nouvelles règles." zzz22c zzz36v
Laurent Caraux, président
d'El Rancho "De baisser la TVA sur la restauration. C'est la seule mesure phare qui permettrait à ce secteur de retrouver la confiance en l'avenir en lui dégageant un horizon bouché. Les entreprises retrouveraient des marges de manuvre dans les domaines essentiels à leur bon fonctionnement : un accroissement du marché par la baisse des prix qui s'ensuivrait, l'emploi d'une main-d'uvre plus nombreuse et mieux rémunérée, permettant une amélioration de la qualité de service, une rentabilité retrouvée justifiant de nouveaux investissements, la confiance des milieux financiers pour le financement de la croissance." zzz22c zzz36v |
Joël Jondeau, patron du
Dupont Café à Paris
"Il faut baisser la TVA en restauration, c'est de très loin, pour moi, la mesure
la plus importante qui doit être prise." zzz22c zzz36v
Laurent Gréco, consultant
et créateur dans l'activité du bar "Il faut
une revalorisation des métiers et des diplômes. L'éducation technique, c'est la base de
tout. Or, aujourd'hui, les jeunes ont honte de dire qu'ils font un CAP en pâtisserie ou
en café brasserie. Ce n'est pas normal. Il faut une profonde réforme de l'éducation
nationale. Il faut cesser |
Alain Leblanc, directeur
du Télégraphe à Paris
"La première mesure pour améliorer le secteur de la restauration consiste
à s'intéresser à la formation et à la valorisation de la profession. Quand les gens
sont motivés à travailler, les entreprises fonctionnent.
Actuellement, on ne trouve pas de personnel formé. C'est dommage de refuser de la
clientèle, surtout quand on est n° 1 du tourisme.
Arrêtons de dévaloriser la profession et de ne parler que de ses contraintes.
Où en est-on dans les centres de formation ? Les jeunes qui sortent diplômés des
écoles ne répondent pas aux annonces et les gens au chômage attendent au maximum avant
de se remettre sur le marché du travail." zzz22c zzz36v
Régis Bulot, président
international des Relais & Châteaux
"Je demanderais au nouveau président des mesures afin
d'autoriser la profession à faire venir de la main-d'uvre étrangère. Nous avons
certes des clients dans nos maisons, mais nous n'avons plus de salariés français qui
veulent exercer nos métiers. Dans ces conditions, nous refusons des clients. Ce qui
signifie que nos chiffres d'affaires baissent. Par conséquent, l'Etat enregistre une
diminution importante de ses recettes fiscales. La France voit en outre son image de
tourisme de qualité se réduire, et elle ne sera bientôt plus la première destination
mondiale. L'état du Colorado, qui subit une situation identique à la nôtre, a
récemment mis en place une attribution de visas et de permis de travail, uniquement
réservés à des emplois pour l'hôtellerie et la restauration dans son état. Le
chancelier allemand a entrepris la même chose pour les informaticiens indiens désireux
de travailler dans ce secteur en Allemagne. A travers le monde, beaucoup de jeunes (en
cuisine, en salle, en sommellerie...) souhaitent travailler en France pour parfaire leur
formation. Il faut leur donner les moyens de le faire, car c'est ainsi que l'on pourra
maintenir le rayonnement de la gastronomie et de l'art de vivre à la française."
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Philippe Vaurs, fondateur de Elysées
West Hotels "Baisser les charges sur les bas salaires, voilà une décision d'urgence qui permettrait de remotiver l'ensemble des salariés de notre secteur. Ayant moins de coûts salariaux à supporter, nous pourrions mieux payer nos collaborateurs. Et donc récompenser le travail fourni à sa juste valeur ! Une autre action devrait également être menée concernant l'utilisation de la taxe de séjour afin qu'elle soit totalement allouée au secteur du tourisme. Aujourd'hui, cette dernière est encore trop souvent destinée à des fins purement politico-politiciennes." zzz22c zzz36v |
Rodolphe Ermel, président
de Best Western France
"Je vois pour ma part 3 mesures importantes à prendre en faveur de notre
profession. La première consiste à assouplir et moduler le processus de RTT en prenant
en compte les difficultés de recrutement de personnel qualifié et la diversité de nos
entreprises, taille, saisonnalité, taux d'activité... La seconde est la réduction
immédiate du taux de TVA sur la restauration. Enfin, j'estime qu'il est important de
supprimer la taxation des plus values s'appliquant sur les produits de la cession des
entreprises dans le cas d'un réinvestissement dans le capital d'une entreprise dans un
délai maximal de 2 ans." zzz22c zzz36v
Grégory Coutanceau, chef
et patron des Flots à La Rochelle (Charente-Maritime)
"Pour
moi, il est urgent de baisser les charges sociales et patronales. Je ne suis pas sûr que
la baisse de la TVA permette réellement de résoudre les difficultés du secteur. Il faut
revoir les charges. Quand un salarié touche 1 220 e, cela coûte 2 134 e à
l'entreprise. Il faut donner la possibilité aux entreprises de mieux payer leurs
salariés. En les payant mieux, ils dépenseront plus. C'est le seul moyen pour relancer
la consommation et dynamiser les entreprises. Les 35 heures sont catastrophiques pour les
petits restaurants qui n'auront pas, de toute façon, les moyens de payer des salariés
supplémentaires. C'est la mort de tout un secteur à court terme." zzz22c zzz36v
Eric Gallet, patron et
propriétaire des Plaisirs d'ailleurs à Auxerre (Yonne)
"Moins de
TVA ! Quand vous donnez à la fin du mois plusieurs milliers de francs, ça énerve. Et
puis, il faudrait faire un abattement sur les charges sociales spécialement pour le
secteur de la restauration. Cela nous permettrait d'employer une ou deux personnes en
plus, ce qui ne serait pas du luxe vu notre charge de travail.
Quand je vois le découragement des plus anciens de la profession qui travaillent pour
pouvoir vendre leurs fonds, je ne veux pas finir pareil. Si les choses ne changent pas,
soit je me dirige sur une autre activité, soit je pars m'installer à l'étranger où mon
travail sera pris en considération. zzz22c zzz36v
Jean Lavergne, président
d'Inter Hôtel "Il faut d'urgence uniformiser le taux de TVA. Toutes les entreprises qui servent à manger doivent en effet payer un taux identique à 5,5 % ou autre chose... C'est là un principe d'égalité ! Parallèlement, je crois que le nouveau président de la République doit aussi revaloriser le travail au lieu de le diaboliser. Si sur le fond la réduction du temps de travail est socialement intéressante, il faut donner la possibilité aux gens de travailler comme ils l'entendent. Ce qui signifie ne pas pénaliser ceux qui souhaiteraient travailler davantage." zzz2zzz36v |
Gérard Frey, propriétaire
du Café du Pré de Foire à Sallanches (Haute-Savoie)
"Etre sur le même pied d'égalité que nos voisins européens en
matière de TVA (Italie et Espagne), le mieux serait une TVA à 5,5 % pour être à
égalité avec les autres formes de restauration." zzz22c
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Michel Gaillot, proviseur
du Lycée Hôtelier de La Rochelle (Charente-Maritime)
Je souhaiterais que l'on se penche sur l'enseignement des langues étrangères. On
envoie nos jeunes à l'étranger, on en reçoit aussi, le monde est très ouvert et il
faut qu'il le reste. Mais quand on pense que nous avons le nombre d'heures de cours de
langue le plus insignifiant d'Europe, je m'inquiète. Nos jeunes sont mal placés sur le
marché européen de l'emploi en hôtellerie et restauration. C'est un véritable
problème et on le sous-estime." zzz22c zzz36v
Bruno Henri, patron
de La Taverne du Port à Marseillan (Hérault) "La mesure la plus urgente, c'est la baisse des charges. TVA, Urssaf... On ne fait que payer, sans pouvoir créer d'emplois. En ce qui concerne mon affaire, on est tout petit, et on va le rester. Nous n'avons pas les moyens d'investir, ni de prendre des employés supplémentaires. A ce problème des charges s'ajoute la loi sur les 35 heures. Il faut un nombre d'heures libre, payé, mais libre. Ce sont deux priorités essentielles, sinon il va y avoir beaucoup de casse dans les mois qui viennent, beaucoup de restaurants et de cafés vont devoir fermer leurs portes." zzz22c zzz36v |
Frédéric Pedrono, directeur
du Chiberta à Paris
"Ma
première demande concerne la baisse de la TVA à 5,5 %. Cette différence entre les deux
taux constitue une mesure fiscale honteuse. L'alignement sur le taux de la restauration en
vente à emporter serait un bon élément de motivation. Pourquoi s'installer, prendre des
risques quand on sait que le fruit du travail va repartir en impôts ? On a presque
l'impression que c'est mal de créer une entreprise, de gagner de l'argent. Pour
l'instant, si j'ai le choix entre acheter un restaurant en France ou à New York, je vais
à New York. Ensuite, il faut réduire les charges patronales et revoir le problème des
35 heures. Je pense que l'on a le droit de travailler autant que l'on veut." zzz22c zzz36v
Dominique Ruchaud, directeur
général des Hôtels Parisiens - 5 Hôtels à Paris
"Je proposerais de mettre en place une homologation européenne de la
classification des hôtels afin qu'il existe une uniformité dans les prestations
proposées et dans la politique tarifaire. Le but est que par exemple, un hôtel 3
étoiles français soit comparable à un hôtel 3 étoiles italien ou allemand en termes
de prestation et de prix." zzz22c zzz36v
Bertil Charbonnier, président
de Choice France
"Quel
que soit le président élu, il est indispensable que le tourisme français bénéficie de
véritables moyens financiers et humains au sein du ministère qui aura la charge de ce
secteur.
La France doit en outre disposer d'un véritable outil de représentation et de promotion
à l'étranger. Notre profession a besoin d'un meilleur appui financier de la part des
offices de tourisme, les CRT, les CDT... Plus de cohésion et de concertation entre ces
organismes permettrait à l'évidence une meilleure promotion. Il faut également que les
instances publiques s'impliquent davantage dans la mise en avant des villes de congrès et
d'incentives. Enfin, faciliter l'obtention de financement à la modernisation des
entreprises serait une décision fort appréciable." zzz22c
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André Galien, Le
Tethys à l'Ile-de-Ré (Charente-Maritime) "Je demanderais que la TVA bénéficie d'un taux unique à 5,5 % et en contrepartie, les 14,10 % de différence serait reversé en salaire pour pouvoir attirer et conserver notre personnel." zzz22c zzz36v |
Christophe Monnaye, patron
du Café du Métro à Paris
"Il faut faire bouger les mentalités, faire en sorte que les gens aient au moins
autant de devoirs que de droits. Personnellement, en tant que professionnel de la
restauration, je voudrais qu'on me donne les moyens de récompenser les bons salariés,
qu'on me laisse la possibilité de leur offrir une perspective financière ou évolutive
au sein de l'entreprise. Aujourd'hui, beaucoup de choses m'interdisent cette approche. On
pousse les gens à ne pas faire grand-chose. Certains préconisent des grèves de la TVA,
mais est-ce vraiment le fond du problème ? J'attends de l'Etat qu'il nous soutienne dans
notre combat de tous les jours. zzz22c zzz36v
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L'Hôtellerie n° 2767 Hebdo 2 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE