Etienne Marcel à Paris
Le dernier fleuron de l'empire Costes, Etienne Marcel, vient d'ouvrir ses portes... à l'angle de la rue Etienne Marcel et de la rue Montmartre à Paris.
Montorgueil, c'est un quartier en pleine ascension, à l'origine très populaire, qui a vu ces dernières années une kyrielle de boutiques et de bars branchés venir remplacer les petits commerces d'antan. C'est là que les Costes viennent d'ouvrir le dernier-né de leur lieu branché. L'instigateur de l'opération, Thierry Costes, fils de Gilbert Costes, (président du tribunal de commerce de Paris), jeune homme passionné d'art contemporain et déjà à l'origine du Georges, le restaurant perché sur les toits du centre Georges Pompidou. Thierry Costes a donc racheté progressivement et méthodiquement une boutique de vêtements, une boucherie et un primeur pour créer un lieu de 600 m2 au total, à la hauteur de ses ambitions. Ensuite, il a fait appel à quatre garçons à la pointe de l'avant-garde, Pierre Huyghe et Philippe Parreno, tout d'eux artistes d'art contemporain ainsi qu'à Mathias Augustiniak et Michael Amzalag, graphistes de l'agence M & M (ils ont entre autres signé le dernier clip de Björk). Le fils Costes leur a laissé carte blanche et ces quatre artistes ont dû mettre de côté leur ego pour créer à 8 mains un restaurant du sol au plafond.
Une déco faussement négligée réalisée par Pierre Huyghe, Philippe Parreno
(artiste d'art contemporain), Mathias Augustiniak et Michael Amzalag (graphistes).
Pas d'enseigne, c'est très tendance
De l'extérieur, le restaurant tient ses promesses : pas d'enseigne (c'est très
tendance), une façade classée très élégante composée de différents verres jouant
avec les opacités et les transparences, et surtout jouissant d'une superbe terrasse plein
sud de 35 mètres de long. On franchit le pas de la porte et là, surprise, le résultat
n'a rien de surprenant : on est très loin du gigantisme du Georges. Le restaurant est de
taille moyenne, aux lourdes cloisons, avec trois espaces pratiquement identiques reliés
par un luminaire magique, pièce maîtresse du restaurant, uvre d'art qui a
représenté la France à la dernière biennale d'art contemporain à Venise. On peut
regretter le fait que ce très beau luminaire ait un peu de mal à égayer ce cadre un
brin morose, mais tout s'éclaire quand on vous explique la volonté première des
artistes. Sous une apparente simplicité, ce lieu s'avère beaucoup plus complexe qu'il
n'en a l'air ; il suit un peu à une tendance très forte : le faussement négligé. Les
fauteuils blancs et massifs en fibre de verre sont des rééditions de modèles des
années 70, et les tables carrées en bois sont copiées sur le design des planches de
skate, pratiquement toutes d'une couleur différente, et l'on retrouve ces mêmes couleurs
au sol et sur les murs en résine, qui évoquent, selon les artistes, la diffusion des
ondes musicales. Le long de ces chemins de résine sont collés au sol des bouts de
moquette grise avec des graffitis noirs censés représenter l'ombre portée d'une
fenêtre... Pas évident de s'en rendre compte si on ne vous l'avait pas dit avant !
Cerise sur le gâteau, l'endroit possède un juke-box, mais un juke-box Tech en forme
d'écran plasma mettant à votre disposition 2001 titres. C'est tout pour le dépaysement
car le service dispensé par de jolies nymphettes et de gentils éphèbes vous rappelle
très vite que vous êtes bien dans un établissement Costes, tout comme la carte des
réjouissances toujours aussi rassurante, votre aller-retour aux herbes et votre moelleux
au chocolat n'ayant pas bougé d'un pouce ni d'un euro ! C'est toujours l'encéphalogramme
plat dans l'univers gustatif des Costes. Si le spectacle n'est pas dans l'assiette, il se
trouve bel et bien dans la salle qui accueille les fashion victim du quartier, les jeunes
artistes dans le vent, les Very important person et les habitués de la maison Costes qui
se posent tous la même question de manière compulsive : "Tu le trouves comment
le nouveau resto Costes ?"
J. Boukobza zzz22t
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L'Hôtellerie n° 2767 Hebdo 2 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE