Paris-plage
Des milliers de franciliens ont battu le pavé le long des quais, dimanche, pour la première journée de l'opération estivale Paris-plage. Trop, sans doute, pour apprécier les quelques palmiers et animations promises ici et là. Retour sur promenade.
Devant les berges envahies, de nombreux promeneurs se sont rabattus sur les quais.
Photos et reportages filmés montraient palmiers et parasols en bordure de Seine, dans la douce quiétude du vieux Paris. Mais dimanche après-midi, la promenade releva du défi. Il fallut d'abord trouver la bonne station de métro. Derrière les cabines vitrées des bouches métropolitaines les plus éloignées du cur historique de la capitale, l'information n'avait pas été transmise ou enregistrée. Bref, plusieurs coups de fil furent nécessaires avant d'obtenir des noms : Pyramide, Chatelet... La sortie Pyramide n'était pas la plus judicieuse, mais c'est elle qui fut retenue. La traversée du Louvre releva du pèlerinage touristique, avec ses cortèges de badauds, appareil photo autour du cou et banane à la ceinture. Décidément, Paris est bien la première destination touristique au monde ! Le soleil, de retour au-dessus de Notre-Dame, ajoutait à la nonchalance des cadences. Humer Paris. Voir la ville grouiller, bouger, s'animer... Quel grand moment. Même pour un Parigot, parfois jaloux. 15 heures à la montre. Mais où est donc Paris-plage ? Un panneau tout de jaune citron accroche les regards égarés. Il faut descendre et longer la Seine direction... Chatelet ! On y est presque. La Riviera nous attend, au bout du bain de foule. Les berges ressemblent aux couloirs - bondés - du métro un jour de grève surprise. Pas vraiment poétique, ni relaxant le coude à coude. Tiens ! Un vendeur d'esquimaux (officiel ou non ?) renouvelle son stock qu'il pioche dans des sacs de congélation de grande surface. Compte tenu de la température ambiante, proche de 30 °C, émettons de sérieux doutes quant au respect de la chaîne du froid. Après quelques minutes de marche, des drapeaux bleus dressent leur haute silhouette. L'aimable balise démarre les festivités. Quelques palmiers, à peine aperçus, habillent la galerie. Qui de nous est le train ? Qui de nous est la vache ? Si gazon il y a, l'affluence des passants empêche la découverte champêtre. Un goulot d'étranglement, à hauteur du mur de varappe réduit à trois ados par grimpette, entame sérieusement le moral de l'entreprise. Va-t-on continuer la balade ? Une buvette pointe son nez. Malheureusement, la terrasse est prise d'assaut et une queue impressionnante s'affronte devant l'échoppe. Décourageant. Une grappe de jeunes, arborant le tee-shirt violet de Paris-plage, près d'un kiosque d'information, papote, caquette, agace. Il faut bien 5 minutes et plusieurs SVP, dont un nettement plus appuyé que les autres, pour que l'un d'eux réagisse enfin. Oui, répond-t-il, il y a d'autres buvettes plus loin. L'horizon grouillant vient à bout des meilleures intentions. L'escalier qui mène au pays des animaleries s'ouvre comme une délivrance, un chemin libératoire. Fin de l'errance.
Paris-plage, jusqu'au 18 août (fermé le 28 juillet, date de l'arrivée du Tour de France cycliste). Rive droite, des Tuileries (1er) au quai Henri IV (4e). Ouverture des buvettes dès 9 h 30.
Une bonne affaire pour les bistrots. Pourvu que ça dure.
Une dernière sensation de compressibilité permet aux plus hardis de se faufiler, vite
fait, de s'extraire, au mieux, jusqu'au quai de la Megisserie. La première chaise de
café libre venue fait l'affaire. Couac ! Les réfrigérateurs du Saulnier sont vides des
boissons tant désirées. Plus de sorbet non plus. Dans un ultime sursaut, la transhumance
se jette sur une table encore miraculeusement libre du Camelia, le bar voisin. La terrasse
déborde, regorge. Le serveur, submergé, fatigué, qui avale kilomètre sur kilomètre
depuis le début de son service, affiche un sourire non feint, une bonne humeur
généreuse. Il plaisante sans chercher à blesser. Il a le verbe fort et le sourire
gentil. Un client renverse involontairement le verre qu'il vient de lui servir. "Ce
n'est pas grave. On remplace", rassure-t-il. La convivialité du bonhomme fait
plaisir à voir, plaisir à entendre. Elle passe de table en table, malgré l'abondance.
L'homme mérite un bon pourboire. Et il l'aura. Paris-plage. Paris fourmille.
S. Soubes zzz16
Les premières chaises longues ont été investies dès 9 heures dimanche.
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum de L'Hôtellerie
Rechercher un article : Cliquez ici
L'Hôtellerie n° 2779 Hebdo 25 Juillet 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE