Il ne suffit pas de se croire
dans ce que l'on appelle "son bon droit" pour se faire entendre des
instances politiques. Les restaurateurs, convaincus que le niveau de la TVA qui est
appliqué à leurs prestations est trop élevé, en savent quelque chose ! Longtemps, ils
ont cru qu'en demandant à leurs instances syndicales d'intervenir auprès des
ministères, ils finiraient par être entendus... Perdu.
Las de ressasser les mêmes discours aux divers ministres délégués de congrès en
congrès, de réunions internes en réunions internes, ils ont fini par croire que la
surdité des pouvoirs publics envers leurs revendications n'était que la conséquence de
leur discrétion... Aussi, se sont-ils organisés et sont descendus dans la rue.
A prendre l'air ensemble, ils y ont pris goût, et partout, quand l'occasion leur était
donnée, ils n'ont pas hésité à défiler sous l'il chaleureux du public qui
s'amusait à voir ces toques blanches taper sur leurs casseroles... Pourtant, si leurs
revendications étaient alors moins confidentielles, elles n'en étaient pas pour autant
prises au sérieux par les instances politiques... La colère allait monter chez certains,
alors que d'autres allaient chercher à travailler autrement pour rentabiliser leurs
entreprises et retournaient à leurs fourneaux, comme le leur avait d'ailleurs recommandé
Jacques Thé, alors président de la FNIH, lors de la première manifestation au
Champ-de-Mars à Paris à l'automne 1995... L'homme savait que ce n'était pas dans la rue
que l'on se faisait comprendre, on se contentait de s'y faire entendre... rien de plus.
Pour se faire comprendre, il fallait accepter de monter des dossiers, de montrer, chiffres
à l'appui, l'intérêt général des mesures revendiquées, au-delà de l'intérêt
catégoriel... Mais pour faire aboutir ses revendications, encore faut-il accepter la
règle démocratique qui consiste à respecter les institutions auxquelles on s'adresse.
C'est ce que certains comprennent mieux que d'autres aujourd'hui. Jacques Borel, à
travers son Club TVA, a en effet réussi à réunir tous les protagonistes, restaurateurs
syndicalistes frères ennemis pour certains, autour d'un même dossier, présenté avec
des chiffres qui se tiennent, avec une analyse cohérente. Même si certaines données
peuvent être contestées, elles servent de base de discussion aux politiques à qui l'on
s'adresse dans une logique qui est la leur. Depuis, le dossier est enfin pris au
sérieux... Refuser maintenant de donner aux politiques l'occasion d'aller jusqu'au bout
de la négociation européenne, demander aux élus de ne pas respecter les règles
démocratiques quand on n'hésite pas par ailleurs à faire appel au Conseil d'Etat pour
faire entendre son droit, c'est prendre le risque de ne plus jamais être pris au
sérieux.
PAF zzz80
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L'Hôtellerie n° 2786 Hebdo 12 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE