Bordeaux en travaux
La capitale girondine vit actuellement au rythme d'un gigantesque chantier. Comment la profession vit-elle et perçoit-elle les futurs aménagements ? Comment évolue-t-elle aussi ? Questions à Serge Pétoin, président de l'Umih 33.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Serge Pétoin : "Faire de Bordeaux une destination touristique à part
entière."
L'Hôtellerie : La presse régionale se fait l'écho
des nombreux soucis causés par l'aménagement du tramway. On parle d'embouteillages
monstres et de baisse de chiffres d'affaires. Comment la profession vit-elle ces travaux ?
Serge Pétoin : Nous assistons actuellement, avec
l'implantation du tramway, à une refonte complète de la ville. Bordeaux renaît. Ce
n'est pas un simple lifting, mais une réelle rénovation qui porte également sur le
patrimoine culturel. Regardez la rive droite de la Garonne, qui va du quai des Chartrons
au quai Louis XVIII. L'espace est aujourd'hui débarrassé des hangars qui cachaient la
vue sur le fleuve. Le passage du tram à cet endroit est accompagné par l'aménagement
d'espaces verts, d'aires de jeux, mais aussi de points de restauration. C'est un immense
chantier qui vaut le coup. L'objectif est de faire de Bordeaux une destination touristique
à part entière. Elle en a le potentiel historique. Bien sûr, cela occasionne pas mal de
contraintes, entre autres pour les hôtels qui sont à proximité. Je pense au problème
de chargement et de déchargement des taxis. Mais les professionnels savent réagir et ils
se sont organisés avec les taxis pour que ceux-ci les appellent quand ils approchent,
afin de pouvoir accueillir ou accompagner les clients une ou deux rues plus loin selon le
cas. Pour les terrasses, la période est difficile. Ce n'est jamais agréable de se
retrouver avec une pelleteuse sous le nez. La Communauté urbaine de Bordeaux et la
chambre de commerce et d'industrie ont mis en place un service qui va étudier les
possibilités d'indemnisation sur les pertes de chiffres d'affaires. Il faut justifier des
bilans des 3 dernières années, et comparer avec la période en cours. C'est une
indemnisation à l'amiable sur préjudice commercial.
Bordeaux, ses alentours et ses spécialités culinaires...* Les huîtres du Bassin d'Arcachon |
L'Hôtellerie : Le premier casino de Bordeaux a ouvert
ses portes en juin dernier. Est-ce une bonne affaire pour le commerce local ?
Serge Pétoin : D'un point de vue personnel, je ne
crois pas aux retombées financières pour le petit commerce. L'infrastructure est telle
que les consommateurs ont toute l'animation sur place. En revanche, c'était nécessaire
aux ambitions touristiques de la ville. En outre, il est situé à Bordeaux Lac, au
cur d'une importante zone hôtelière. Mais aussi près du palais des congrès,
lui-même en court de rénovation. Ce parc hôtelier en avait besoin. Et puis, c'était
sans doute la localisation qui était à la fois la moins onéreuse sur le plan
stratégique.
n Rumeurs
L'actuel président de la CCI de Bordeaux souhaite effectivement que celle-ci
bénéficie de nouveaux locaux, plus modernes, plus proches de sa politique en termes
d'image. |
L'Hôtellerie : Ne craignez-vous vous pas que les
hôteliers, à terme, souffrent de la fermeture momentanée du palais des congrès ?
Serge Pétoin : Non, car les services commerciaux ont
continué. Sachant aussi que la ville et en particulier le parc des expositions a permis
l'accueil de séminaires et autres. Le calendrier 2003-2004 est déjà en train de se
remplir. Le moral des hôteliers est resté serein.
L'Hôtellerie : Comment se développe le secteur des
CHR à Bordeaux ? Y a-t-il beaucoup de changements, d'ouvertures prévues ou en cours de
réalisation ?
Serge Pétoin : En hôtellerie, le taux de remplissage
est limite. Il tourne autour de 60 %. Là encore, j'ai confiance dans les nouveaux
aménagements qui vont permettre d'attirer une nouvelle clientèle. En matière de 4
étoiles, il y a trois grands projets. L'un concerne l'aéroport avec l'arrivée d'Holiday
Inn. Le groupe Radisson s'intéresse à un emplacement qui se trouve face au Grand
Théâtre. On parle également des locaux de l'actuelle CCI, qui offre un remarquable
cadre XVIIIe. En restauration, nous comptons environ 2 000 couverts supplémentaires
depuis 1 an avec des établissements de grande capacité : entre 200 et 300 places. Quant
aux licences IV (il y en a environ 400 sur Bordeaux), je constate une modification du type
des établissements avec une politique de recherche de thème, qu'ils soient sportifs ou
culturels. Les limonadiers se cherchent, se bougent. Vous savez, la demande, aujourd'hui,
c'est le dépaysement, l'oubli du quotidien. Avant, au bistrot, on faisait de la politique
ou on refaisait le match du dimanche. De nos jours. Le bistrot est beaucoup plus que ça.
C'est un lieu de détente, où il fait bon faire une pause. La notion va plus loin. Pour
vous situer quelques nouveautés, citons le Café de la Marine, avec 400 couverts, qui
s'est installé près de la base sous-marine, dans un quartier qui avait bien besoin
d'être relooké. Le Régent, qui est une institution locale, a changé de mains, et s'est
désormais tourné vers les fruits de mer. Je viens de vous le dire, cela bouge. Je ne
sais pas si tous les établissements vont durer, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a une
volonté d'avancer. Mon inquiétude porte davantage sur les hôtels. Nous avons
suffisamment de 3 étoiles à Bordeaux. Il ne faudrait pas qu'il y ait trop de chambres 4
étoiles avec un déclassement, à terme, en 3 étoiles. zzz74v
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Vous avez dit bordeaux de marque ?Mouton-cadet a été le premier bordeaux de marque. Malesan a été le suivant. Son
créateur, Bernard Magrez souhaitait entrer dans l'univers du vin bordelais en se
distinguant. "Ma réflexion fut alors la suivante : si je vends des châteaux
comme tout le monde, je vais être une entreprise grise, avec des produits gris, que tout
le monde vend. Pour me détacher, j'ai décidé de lancer une marque." C'était
en 1979. Le principe a rapidement fonctionné, aidé par le développement de la grande
distribution. Mais le phénomène s'est accéléré ces dernières années, investissant
également le secteur des CHR. "Il y a 5 ou 6 ans, sur 100 bouteilles de bordeaux,
il se vendait 65 châteaux et 35 marques. En 2002, la tendance s'est renversée. Il se
vend 35 châteaux contre 65 marques", livrait récemment une enquête |
Une ville pleine de projets
D'importants chantiers ont
été ouverts dans le cadre du projet urbain de la ville, la création d'un pôle
universitaire rive droite, le développement du tourisme fluvial, la réhabilitation des
docks les aménagements de certains quais conduisent à la rénovation totale de certains
quartiers. Incontestablement, un potentiel important pour la rénovation et la création
des entreprises d'hôtellerie- restauration. |
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L'Hôtellerie n° 2787 Hebdo 19 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE