Belgique
Le ministre fédéral libéral flamand Rik Daems a convoqué, le 18 septembre dernier, les 'Etats généraux de l'horeca' à Bruxelles, une manière de rendre public un engagement commun pris avec la profession. Objectif rentabilité, baisse des charges contre sincérité des comptes et déclaration des salariés.
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Le ministre des
Classes moyennes (en terminologie belge, le secteur des PME et travailleurs
indépendants), Rik Daems, a pris publiquement, devant les représentants de la
profession, l'engagement d'agir sur 3 points précis pour soulager le compte
d'exploitation des cafés, hôtels et restaurants belges : agir au plan européen pour
faire classer ces entreprises comme secteur à fort coefficient de main-d'uvre
justifiant un taux réduit de TVA ; agir en Belgique pour rendre entièrement (ou presque)
déductibles les frais de restaurant des entreprises ; et prendre un certain nombre de
mesures "sur le plan social et fiscal en matière de prestations saisonnières ou
occasionnelles" pour alléger les charges. Le ministre demande en retour un
engagement clair de la profession en matière "d'assainissement fiscal et social
et d'autodiscipline", engagement confirmé par les fédérations syndicales. Rik
Daems n'est pas tout le gouvernement belge, mais il représente la même sensibilité que
le Premier ministre Guy Verhofstad et pèse son poids. Le but de la manuvre est de
monter au front intérieur d'abord, pour obtenir des résultats dès 2003 sur la
déductibilité et les charges sociales, et vraisemblablement en 2004 au niveau européen.
Guy Verhofstad se félicite de voir le gouvernement français sur la même ligne, mais
regrette de constater encore un front scandinave apparemment irréductible. Il escompte un
changement d'attitude en Allemagne.
Pour renforcer sa position, Rik Daems a fait réaliser une étude sur le secteur par
l'Université Libre de Bruxelles, qui montre la fragilité des entreprises. En particulier
les difficultés de la restauration à accroître le volume de ses prestations en raison
du poids des charges sociales d'une part, et de la pression sur les prix dus à la
concurrence et au niveau élevé de la TVA d'autre part. Toutes les entreprises avaient
reçu le questionnaire. 7 400 avaient répondu, soit un taux très élevé de retour (18
%) au moment où ont été saisis les résultats. Ce questionnaire demandait aux
professionnels de citer leurs principaux problèmes dans l'ordre d'importance à leurs
yeux. Quelle que soit la position de l'entreprise en taille, type de restauration ou
situation géographique, la TVA, la déductibilité et les charges sociales forment le
trio de tête. Le ministre a indiqué vouloir argumenter sur la taille, l'importance dans
la conscience belge de ce secteur (la restauration est chez nos voisins une gloire
nationale et un élément fondamental du bien-être tout comme en France), et sur ses
problèmes spécifiques (la productivité trouve vite ses limites) pour imposer son point
de vue.
La profession peut-elle en retour s'autodiscipliner ? Sans trop de complaisance, l'étude
universitaire s'appuyant sur des sources nationales et européennes parle de 20 % de
chiffre d'affaires supplémentaires au noir, et ce qui paraît assez fou, de plus de 50 %
des salaires payés au noir... Le président de la puissante fédération Ho.Re.Ca.
flamande, Eric Raes, nous a répondus sans détour que ce serait "un effort
constant soutenu par la fédération". "Nous sommes favorables à une
baisse des charges, mais à une concurrence saine entre les entreprises, ce qui signifie
que tous paient également leur dû", nous a-t-il indiqués. Une très grande
partie de ces salaires au noir est versée en période de pointe (vacances, fêtes, ou
grandes manifestations). Ce qui explique que le ministre annonce vouloir porter ses
efforts sur les saisonniers et les extras.
A. Simoneau zzz74v
RepèresL'horeca (les CHR) belge représente 42 000 établissements, soit 9 % de l'effectif total du pays, mais 16 % des faillites. L'horeca emploie quelque 140 000 personnes (patrons compris) pour un chiffre d'affaires prudemment évalué à 7 milliards d'euros environ, en augmentation constante. La restauration représente 5 % du budget de la famille belge. Les frais de restauration des entreprises ne sont déductibles qu'à 50 %. Le taux de TVA applicable en Belgique (21 %) est le 4e de l'Union européenne. |
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L'Hôtellerie n° 2789 Hebdo 3 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE