René Bergès, 53 ans, Maître cuisinier de France
René Bergès en famille avec son gendre, Ronan Duffait, et son épouse Danielle.
Demandez à parler
au chef du Relais Sainte-Victoire, à Beaurecueil, dans la campagne aixoise, et vous aurez
l'épouse, Danielle, le gendre, Ronan Duffait, la fille, Natacha, et en prime, le
négociant de truffes. C'est ainsi. René Bergès, 53 ans, cultive la vie de famille avec
ferveur. Quant aux amis et confrères, il les traite avec chaleur, générosité et
respect. Ce n'est donc pas un hasard s'il a célébré presque en même temps le mariage
de Natacha avec un jeune cuisinier, chef de partie chez Dominique Frérard (Sofitel Vieux
Port), mais aussi les 50 ans de son établissement et sa médaille du tourisme. Chez les
Bergès, vie professionnelle, famille et amis ne font qu'un. Question d'ambiance.
Pourtant, ce bel équilibre pourrait se rompre puisque René et Danielle ont mis l'affaire
en vente il y a quelques mois. Un coup de blues dû au tournant de la cinquantaine, l'âge
du décès du beau-père, et surtout à "l'écurement pour la manière dont
on traite les petites entreprises de main-d'uvre".
En fait, René et Danielle ne croient pas qu'ils pourraient tirer leur révérence
puisqu'ils continuent à investir : terrasse l'été dernier, et en novembre, de nouvelles
chambres pour le personnel (dont la moitié loge ici), 3 chambres pour les clients, et une
salle de séminaire supplémentaire. Ce qu'ils voudraient, c'est prendre le temps de
souffler en laissant partiellement l'affaire aux enfants... Dans 2 ou 3 ans, quand Ronan
aura fini de faire ses classes chez les grands cuisiniers. Alors, il pourrait succéder à
son beau-père, tout comme celui-ci avait succédé à Gabrielle, sa belle-mère,
elle-même 'héritière' de son beau-père, Jean-Baptiste Jugy, le fondateur. Chez les
Jugy-Bergès, dont René porte les deux noms sur sa blouse, le goût de la cuisine se
transmet par les 'pièces rapportées' depuis 3 générations, bientôt 4.
Question cuisine, René Bergès n'en revient pas d'être étoilé au Guide Rouge
depuis 1994 et d'accueillir des stars comme Charles Trenet, qui avait ses habitudes, et
tant d'autres séduits par le site et l'hôtel 3 étoiles dont les 12 chambres portent les
prénoms familiaux.
Une cuisine d'homme
S'il se qualifie d'ouvrier, "puisque que je travaille avec mes mains", il
remarque : "Citez-moi une profession qui possède autant d'aura." Cet
'homme simple' ne pavoise jamais. Ce qu'il aime : qu'on se sente bien chez lui, dans cette
atmosphère familiale. "Après tout, être restaurateur, c'est recevoir à
domicile." D'où l'attention portée au décor raffiné et au service
impeccablement discret. Quant à sa cuisine, elle emprunte ses saveurs et odeurs aux deux
rives de la Méditerranée où il a vécu successivement. "C'est une cuisine
d'homme, de panache." Une cuisine qui "a du goût" et s'affiche
sur une carte (3 entrées, 3 poissons, 3 plats de viande, 3 desserts) renouvelée tous les
10 jours, sur laquelle on a noté ses "ufs pochés à la crème de truffe
comme les aimait ma belle-mère", la Fricassée de homard aux douces épices,
légumes de saison, la Poitrine de canard grillée sur plaque, bigarade d'agrumes au
gingembre, figues rôties, ou encore, la Tarte aux figues arrosée de jus de lavande,
millefeuille à la fleur d'oranger, Bavarois chocolat et pistache...
Tour du monde
Porte-parole d'une cuisine de couleurs, il aime en faire la promotion partout dans le
monde, avec ou sans les institutions : au Liban, où il est allé 6 fois, mais aussi au
Canada, aux Etats-Unis, au Japon... et en Italie, en Afrique du Sud et en Chine, pour la
3e fois. L'an dernier, il était resté 5 semaines à Pékin avec son ami Paul Dietrich
des Olivarelles à Rognes. A la mi-novembre, il y retourne avec Lucien Lani (Etape à
Bouc-Bel-Air). Son objectif est de "faire connaître notre cuisine sur un marché
encore fermé". Amusé par son expérience passée et les erreurs de traduction
de l'interprète qui, un jour, a confondu carotte et poireau, il se délecte à l'avance
des 'découvertes' qu'il fera et qui, un jour, s'afficheront sur sa carte 'à la façon de
René Bergès'.
Autre obsession du chef, la formation des jeunes pour laquelle il s'implique avec Francis
Robin, président formation du CHR 13, et M. Passédat, du Petit Nice. Conseiller
d'enseignement technologique, il est à l'origine de la création du CFA d'Aix où il
enseigna, mais aussi des mentions complémentaires de Corot et Bonneveine. Fier d'être
membre d'une profession "qui s'occupe le plus des jeunes", René Bergès
est un homme heureux. Et comme chacun le sait, le bonheur est communicatif.
D. Fonsèque-Nathan zzz18p zzz22v
En datesw 7 juin 1949 |
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L'Hôtellerie n° 2793 Hebdo 31 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE