Depuis 28 ans, ils ont posé leurs valises à Villefort et oublié Paris. Coup de foudre pour une région, et adaptation réussie au menu des propriétaires de l'Hôtel Balme.
La gentillesse naturelle de ce couple et sa compétence ont conquis depuis
longtemps les Villefortais.
Adieu bar du
Claridge ou du Royal-Monceau, bye-bye poste envié de secrétaire de direction dans de
grandes sociétés internationales... Bonjour le retour aux sources d'une vie simple !
On est au milieu des années 70, en pleine migration vers les Cévennes. C'est le
ras-le-bol de la capitale qui pousse Michel et Micheline Gomy à franchir le pas décisif
de leur vie. "En 1972 et 1973, nous sommes venus à Villefort en vacances, explique
Michel, et petit à petit, l'idée a germé d'une installation dans cette région."
Le hasard d'une discussion avec la propriétaire de l'Hôtel Balme a fait le reste. En
février 1974, l'achat de ce fonds de commerce (23 chambres, 50 couverts) est conclu pour
60 979,60 e.
Mais passer d'une vie de salarié parisien à celle d'employeur dans un chef-lieu de
canton qui compte moins de 700 habitants n'est pas évident. "La différence
essentielle concernait notre couple lui-même, se souvient Micheline. A Paris, on
ne faisait que se croiser. Ici, nous nous retrouvions ensemble 24 h/24."
Ne pas tout bousculer
Le secret de leur intégration, c'est dans la vie quotidienne qu'ils l'ont trouvé. Celle
côté restaurant : "Au début, nous nous sommes imposés de ne pas tout bousculer",
commente Micheline.
Et celle côté village : "Ce fut assez facile. En particulier parce que j'ai un
tempérament à prendre part à la vie associative, explique Michel. Il y a eu le
club de tennis local dont j'ai assuré la présidence pendant 20 ans, le comité des
fêtes, l'office de tourisme, et maintenant, la confrérie de la Peyroulade que nous avons
créée avec quelques amis. Sans parler de mon implication au niveau départemental
puisque j'ai été président des Tables Gourmandes de Lozère."
Un nom reconnu
Chef d'entreprise tout autant que de cuisine, Michel Gomy a voulu accentuer les atouts
touristiques de cette région au carrefour de la Lozère, du Gard et de l'Ardèche.
Cheville ouvrière du lancement d'un golf rustique, puis de la transformation du château
de Castanet en musée de la mémoire, les occupations hors saison n'ont jamais manqué.
Mais surtout, elles ont fait de ces néo-cévenols des citoyens incontournables de la
commune.
Des ambassadeurs même, puisqu'ils ont multiplié les séjours dans les cuisines de grands
hôtels du côté de Singapour ou de Hong-Kong, et vanté sur place la qualité des
produits de ce coin de France. Des opérations de promotion qui permettaient de conserver
une activité économiquement intéressante alors qu'ils ne peuvent localement échapper
au phénomène de la saisonnalité.
Mais le début de cette dynamique nouvelle remonte à 1981 quand, en stage chez Roger
Vergé, Michel Gomy a eu la révélation de la cuisine du terroir et du soleil. "C'est
là le vrai départ de notre maison, avec dans la foulée la reconnaissance du GaultMillau.
On ne venait plus à l'Hôtel Balme, on allait chez Gomy. Ce changement d'attitude des
clients se déplaçant pour venir s'asseoir à notre table, la population locale l'a
ressenti..." La locomotive n'était plus l'établissement, sorte d'institution,
mais bien ses animateurs.
"Notre personnalité, par contre, n'a pas changé, relance Micheline. Ici,
il ne faut pas vouloir donner des leçons mais être à la disposition des gens et
respecter la clientèle locale." La gentillesse naturelle de ce couple associée
à sa compétence a conquis depuis longtemps les Villefortais et une population cévenole
qui a pu constater, au cours de l'hiver 1999-2000, que le chef était prêt à s'impliquer
plus encore dans la vie régionale. Il a accepté de reprendre Le Chalet du Commandeur, le
restaurant de la station du Mas de la Barque, et compensé parfois, sur son nom, le manque
de neige et donc d'attrait du lieu pour les skieurs. Il en a profité pour mettre en place
l'équipe qui exploite depuis cette maison.
Transmettre son savoir
Ce nouveau coup de rein professionnel n'est cependant qu'un petit détour sur un chemin
que le couple a désormais clairement tracé. Michel et Micheline veulent d'abord
transmettre leur savoir : "Avec l'âge, former, donner l'envie est devenu une
obsession. C'est pour cela d'ailleurs que l'on m'a proposé d'être l'un des acteurs de la
création d'une école hôtelière à Phnom Penh au Cambodge. Un challenge intéressant
même s'il faut quitter les Cévennes pendant 4 mois." "Notre avenir, avouent-ils
en chur, c'est la retraite dans 5 ans. On y pense avec plaisir car la fatigue
physique se fait sentir. On se prépare donc à cultiver notre goût du voyage quand
l'heure sonnera." Et comme leur fille n'a pas exprimé l'envie de poursuivre
l'activité, ils devront petit à petit s'organiser pour trouver un successeur. "L'établissement
a du caractère, il mérite de trouver un couple de jeunes professionnels à qui nous
passerions la main en douceur."
Un domaine dans lequel les conseils de Micheline et Michel Gomy seront tous bons à
prendre.
J. Bernard zzz18p zzz36v
En chiffres 1974 |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2797 Hebdo 28 Novembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE