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ÉDITO

LE VER EST DANS LE FRUIT

Les années 1990 ont été pour l'hôtellerie des années noires. Disparitions d'enseignes, éclatement de réseaux, fermetures d'hôtels, dépôts de bilan, mais aussi faillites personnelles ont été nombreuses. Imputer cette grave crise à la seule situation économique du pays serait un raccourci trop facile, mais surtout trop dangereux dans la mesure où il ne permettrait pas d'analyser les dangers qui menacent, à terme, le secteur de l'hôtellerie pourtant florissant aujourd'hui. Bien évidemment, la crise économique a amplifié le phénomène, et les plus petits, les plus fragiles, sont tombés les premiers. Mais les entrepreneurs qui sont encore là aujourd'hui s'en souviennent : c'est de surcapacité que tous ont souffert. C'est parce que l'offre était trop importante qu'à l'heure du ralentissement de la demande, le marché s'est écroulé et la guerre des prix a fait chuter les plus fragiles. C'est parce que le développement de l'offre était incohérent, parce qu'il n'était plus motivé par le développement de la demande que tout s'est écroulé. C'est parce que la finalité de l'investissement n'était pas la rentabilité que le développement de l'hôtellerie française est devenu anarchique et dangereux pour tous ses acteurs. L'investissement hôtelier était alors un produit de défiscalisation, des démarcheurs contactaient des contribuables séduits pas l'économie d'impôts qu'ils allaient réaliser à court terme, et se gardaient bien de leur parler de la réalité du marché et du risque financier qu'ils devraient assumer.
Il y eut des morts. Si la situation du secteur hôtelier aujourd'hui est satisfaisante, si la qualité de l'offre est globalement bonne, c'est que certains hôteliers ont réussi à convaincre les politiques de la nécessité d'un contrôle du développement du parc. Qui plus est, les résidences de tourisme, cerise sur le gâteau, bénéficient d'avantages fiscaux très favorables en matière de défiscalisation...
Mais aujourd'hui, parce que les résidences de tourisme ont été exclues du champ d'application de la loi Raffarin, leur développement, grâce à la défiscalisation, commence à déséquilibrer certains marchés hôteliers... D'autant qu'elles s'implantent de plus en plus souvent en ville, offrent des prestations moins chères du fait d'une réglementation moins contraignante et de charges globalement moins lourdes. A son tour, la résidence de tourisme est devenue un pur produit financier, les investisseurs se bousculent pour défiscaliser et se désintéressent de la justification économique des produits.
Une situation qui fait le bonheur des gestionnaires, mais qui fragilise à terme le marché hôtelier. Il est de la responsabilité des politiques aujourd'hui d'imposer les mêmes règles de concurrence à tous. Les investissements, qui n'ont comme seule motivation que la défiscalisation, finissent toujours par coûter très cher...
PAF zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2798 Hebdo 5 Décembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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