Social
Mis en cause en sa qualité de commanditaire dans un conflit social qui s'est développé au sein de l'un de ses sous-traitants, la société Arcade, Accor a décidé de formaliser ses principes de fonctionnement avec les entreprises extérieures de nettoyage.
A la clé : une amélioration sensible des conditions de travail !
Voilà des mois que l'affaire
de la sous-traitance du nettoyage dans les hôtels du groupe Accor fait couler beaucoup
d'encre. Avec l'aide du syndicat Sud Nettoyage, une poignée de grévistes parisiens,
salariés de la société Arcade, elle-même sous-traitante du numéro 1 de l'hôtellerie
européenne, a en effet réussi à déstabiliser l'opinion publique, décrivant le géant
hôtelier comme un "esclavagiste" des temps modernes. Visites dans les
établissements de la compagnie, prises à partie des clients, manifestation à l'occasion
de l'assemblée générale de l'entreprise, tout y passe. Jusqu'à l'inscription de
quelques tags sur les murs du siège social à Evry et autres courriers des dirigeants
d'Attac dénonçant les conditions de travail des femmes de chambre employées par les
sous-traitants.
Les événements prennent une telle ampleur que Jean-Marc Espalioux intervient en
personne, en mai dernier, au cours de la réunion annuelle des actionnaires afin de
clarifier la situation. Rappelant que le groupe ne peut "directement
intervenir" dans ce conflit, puisqu'il oppose les membres du personnel d'Arcade
à leur direction, le président du directoire n'en souligne pas moins la responsabilité
d'Accor en tant que donneur d'ordres. Mieux, il s'engage à jouer un rôle actif de
médiateur dans ce conflit tout en réétudiant la politique générale de sous-traitance.
Une prise de position des plus volontaristes, d'autant que le 3e groupe hôtelier mondial
admet certaines erreurs de comportement de la part de quelques-uns de ses directeurs. "Il
y a eu parfois des abus", confie d'ailleurs en toute sincérité Claude
Moschéni, patron du pôle hôtelier Affaires & Loisirs.
Obligations et devoirs
Faits qui ne pourront plus se reproduire à l'avenir tant à l'interne qu'au sein des
prestataires extérieurs eux-mêmes. Et pour cause ! Accor a en effet décidé de
formaliser les principes de fonctionnement avec les entreprises extérieures de nettoyage
afin d'améliorer les conditions sociales des salariés de ces sociétés. "Nous
avons toujours eu une forte culture sociale et nous entendons bien la garder dans
l'avenir", souligne fermement Cathy Kopp, directeur général en charge des
ressources humaines du groupe.
Pour ce faire, Accor a donc signé, mardi 3 décembre dernier, un protocole sur le recours
aux sociétés de sous-traitance de nettoyage dans ses filiales (soit 320 unités) avec
ses partenaires sociaux, CFDT, CGC, CGT et FO. Parallèlement, la compagnie a également
présenté l'ensemble de ces principes à ses 12 sous-traitants qui devront les entériner
dans le cadre de leurs contrats commerciaux 2003, ainsi qu'à ses propres directeurs
d'hôtel.
En quoi consiste concrètement ce protocole ? Il définit en réalité les obligations et
devoirs de chacune des parties concernées. Le document insiste ainsi sur des points
fondamentaux, notamment en matière d'obligations légales des sociétés de nettoyage
envers leurs employés : contrat de travail en bonne et due forme, paiement de toutes les
heures de présence où le salarié ne peut vaquer à ses occupations personnelles...
Salué par les syndicats signataires (Cecilio Garcia, délégué FO Accor, considère "le
protocole comme une avancée importante"), le dispositif stipule par ailleurs la
nécessité pour les prestataires de mettre à disposition du personnel qualifié et
formé, la présence d'un encadrant de ladite société sur les lieux, l'inscription, à
titre indicatif, du temps de nettoyage moyen par marque consacré à une chambre...
Planning prévisionnel d'occupation des chambres
Ces principes de fonctionnement engagent aussi très sérieusement les équipes d'Accor
sur le terrain. A commencer par la mise à disposition systématique pour les agents de
nettoyage de vestiaires, douches et d'un espace restauration équipé d'un micro-ondes et
d'un réfrigérateur. En clair, les salariés des prestataires de nettoyage extérieurs
devront être considérés au même titre que les membres du personnel du groupe.
Une démarche d'intégration qui va plus loin encore. "Accor demande effectivement
à ses directeurs de ne pas renégocier les conditions des contrats cadres."
Autres éléments essentiels : la définition du nettoyage de la chambre, l'établissement
d'un planning prévisionnel d'occupation, et enfin, le paiement de tout travail commandé
qui n'a pu être effectué par le prestataire pour une raison imputable à l'hôtel.
Autant de mesures qui ont le mérite de remettre les pendules à l'heure entre
prestataires de services et donneurs d'ordres. Tout en faisant probablement école auprès
d'autres opérateurs hôteliers. Au regard de l'activité toujours plus fluctuante dans
l'hôtellerie, Accor n'est évidemment pas le seul hôtelier à recourir aux services de
sociétés de nettoyage extérieures.
C. Cosson zzz36i
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
Rechercher un article : Cliquez ici
L'Hôtellerie Restauration n° 2799 Hebdo 12 Décembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE