du 20 mars 2003 |
ACTUALITÉ |
Le 9 septembre 2002, le département du Gard était sous les eaux. Des inondations d'une ampleur exceptionnelle pour lesquelles les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration ont payé un lourd tribut. Etat des lieux plus de 6 mois après.
Franck et Isabelle Schwoerer : "Nous espérons ouvrir à Pâques
qui est ici le début de la vraie saison."
Les inondations ont fait plus de 20 victimes et causé des dégâts matériels qui devraient dépasser le montant de 150 Me. Plus de 350 professionnels du secteur ont subi des préjudices plus ou moins importants. Certains ne pourront même plus réintégrer leur entreprise. Des démolitions pures et simples sont prévues et des expropriations ont été prononcées par le préfet du Gard (lire L'Hôtellerie n° 2802 du 2 janvier 2003). Autant dire que pour un grand nombre de professionnels, il faut aujourd'hui repartir de zéro et faire face à un réel traumatisme. D'autres travaillent encore aujourd'hui à la remise en état de leur outil de travail. C'est le cas à Anduze, commune touristique aux portes des Cévennes. 6 restaurants y ont été gravement sinistrés.
A La Bergerie, les travaux attendent (Tour d'Anduze) Fermé seulement un mois, La Bergerie est loin d'avoir retrouvé son visage habituel. Claude Durand, le chef propriétaire du fonds, a paré au plus pressé pour sécuriser sa terrasse, rendre le chemin d'accès carrossable et colmater les gouttières. "Mais comme beaucoup d'autres, j'ai des problèmes avec mon assurance. J'étais soi-disant bien couvert, et pour l'instant, ça traîne ! Et puis je ne peux pas tout prendre à ma charge, le propriétaire des murs doit lui aussi entreprendre sa part de travaux." Le restaurateur ne voudrait pourtant pas attendre trop longtemps pour redonner un visage plus accueillant à son établissement. La saison arrivera vite en Cévennes. |
Tournés vers l'avenir
Au Moulin de Corbés, aux portes d'Anduze, le temps s'est arrêté le 9 septembre dernier.
L'immense bâtisse dominant le Gardon se croyait à l'abri. Mais un glissement de terrain
sur la route juste au-dessus a détourné les eaux de ruissellement qui se sont
infiltrées partout. Installés ici depuis le mois de mars, Muriel et Christian Cormont
n'ont pourtant jamais regretté leur choix et leur départ de Nyons où ils exploitaient
jusque-là Le Petit Caveau. Au contraire, plutôt que de se lamenter, ils ont retroussé
leurs manches. "Les traces d'humidité étaient partout, il a d'abord fallu mettre
en place des assécheurs et établir au fur et à mesure le constat des dégâts",
expliquent-ils. Les peintures, une partie du mobilier, la literie des chambres d'hôte,
les faux plafonds et certains équipements électriques étaient touchés à des degrés
divers. A l'extérieur, la remise en état du parking raviné et le nettoyage de la rive
dont ils sont propriétaires leur ont coûté presque 10 000 e. "Et de çà,
l'assurance n'a jamais voulu entendre parler ! Mais les experts des compagnies ont
d'autres réactions bizarres. Dans une pièce dont il faut refaire les murs, ils ne se
préoccupent pas du plafond ou des portes. Nous avons donc décidé de compléter les
travaux remboursés par la compagnie. On estime à 30 % de l'addition totale le montant
qui sera à notre charge." En attendant de connaître le montant qui leur sera
attribué au titre du contrat de perte d'exploitation qu'ils avaient souscrit, ils ont
reçu le 14 janvier dernier une avance de 40 000 e. "Il était temps. Depuis le 9
septembre, nous étions sans revenu. Mais nous avons tout de même assuré avec
régularité le remboursement de nos crédits et payé nos salariés jusqu'au 15 octobre,
date de leur prise en compte par les Assedic. C'est notre train de vie qui a été revu à
la baisse." Soutenu par nombre de confrères, le couple, qui avait parfaitement
relancé une affaire qui tournait au ralenti depuis quelque temps, a également constaté
l'attachement de la clientèle conquise en 6 mois de travail. "Pour ne jamais
laisser le téléphone sonner dans le vide, nous avons mis en place un transfert d'appel
sur notre portable. C'est comme cela qu'en un mois, du 6 décembre au 6 janvier, nous
avons enregistré 426 appels de la part de clients pour des réservations. Nous les avons
toujours tenus informés de l'avancement des travaux et fait de la Saint-Valentin la date
de la renaissance de notre restaurant." Un rendez-vous symbolique pour une
renaissance.
Au Coq en Pâte, une affaire d'experts L'expert de l'assurance, d'un côté, celui retenu par Mireille Roustan qui exploite Le
Coq en Pâte dans le centre d'Anduze, et de l'autre, c'est un vrai face-à-face que se
sont livré les deux techniciens chargés d'estimer le montant de l'indemnisation.
"Le moral n'était pas toujours là et l'on se sent souvent désarçonnée face aux
travaux qui nous attendent. Pourtant, il a bien fallu se décider à repartir. Ce
restaurant, c'est mon gagne-pain", avoue-t-elle. Les entreprises de maçonnerie ont
investi les lieux au début de l'année et l'ouverture n'est pas prévue avant la fin
mars. |
Un nouveau départ
Le visage d'Isabelle Schwoerer est reposé et volontaire à la fois. Certes, avec Franck
son époux, ils ne sont pas encore au bout de leurs peines, mais elle a réussi à effacer
ce masque de douleur et de peur qu'elle affichait ce fameux 9 septembre 2002. Elle
découvrait alors son restaurant, Les Terrasses, totalement dévasté. Deux vagues
successives l'avaient noyé sous 3 mètres d'eau, une voiture était venue s'échouer
près de l'entrée, et à l'intérieur, tout n'était que chaos... Situé presque au bord
de la rivière coléreuse, l'établissement acquis en janvier 2001 est toujours debout.
Mais ce couple venu de Normandie n'a pas imaginé un seul instant s'y installer à
nouveau. "Pourtant, entre l'achat, les travaux réalisés à l'intérieur et le
matériel, nous y avons laissé plus de 304 900 e ! C'était un bon investissement.
La première année, notre chiffre d'affaires était déjà de 260 000 e TTC, et
l'on se dirigeait vers une progression de 25 % en 2002. On a vraiment tout perdu..."
Tout sauf l'envie de se battre. "Nous n'avons pas un tempérament à nous
décourager facilement. On s'est d'abord tourné vers le rachat d'un établissement déjà
existant, mais c'était trop cher. Alors nous avons démarché la mairie pour savoir si
elle n'avait pas une solution pour nous. Et c'est là qu'on nous a proposé un hangar en
pierre. On s'est aussitôt dit que notre avenir était là !" Une bâtisse où,
certes, il y avait tout à faire, et 2 400 m2 de terrain, l'ensemble acquis pour 91 000 e.
Le couple avait fait le premier pas vers cette nouvelle vie courant novembre, le permis de
construire a été accordé le 15 décembre, et le Crédit Agricole a accompagné
l'opération. "Il valait mieux puisque l'ensemble de la réalisation représente
un investissement de 520 000 e. Mais des aides diverses, du Feder et de la CCI
d'Alès, doivent nous permettre de mieux supporter le coût important de cette opération."
Le chantier bat son plein, et l'avenir a désormais un sens bien réel pour ce couple de
professionnels qui devrait accrocher sa plaque de membre des Restaurateurs de France sur
la façade courant avril. "Nous espérons effectivement ouvrir à Pâques qui est
ici le début de la vraie saison. Ensuite, la capacité nouvelle du restaurant (plus de
100 couverts) nous permettra d'accueillir des groupes. La signature d'un contrat avec un
tour-opérateur allemand est un premier encouragement."
J. Bernard zzz22v
Le Puits du Temple fait ses comptes Même si Patrick Le Goff se montre d'une certaine façon philosophe, "il n'y a pas eu mort d'homme..." Il connaît aussi ce que lui ont coûté les intempéries. Les dégâts, avec 1,52 m d'eau dans son restaurant, ont été importants, et une partie sensible du chiffre d'affaires qu'il estime à plus de 30 % a été perdue en raison de la longue période de fermeture. Il a aussi attendu le mois de décembre et la deuxième et dernière visite de l'expert pour entreprendre la remise en état de son établissement. Début avril, il sera à nouveau en mesure d'accueillir ses premiers clients. |
L'Auberge des Templiers a limité les pertes
Le rez-de-chaussée a été complètement noyé et il y avait plus de 60 centimètres
d'eau au premier niveau. Autant dire que Jacky Ramaugé ne pouvait se contenter de faire
les choses à moitié dans les salles ou la cuisine de L'Auberge des Templiers. Pourtant,
le restaurant a ouvert ses portes une semaine après le sinistre. "Nous avons
effectué un grand nettoyage pour profiter du beau temps et ainsi sauver la fin de la
saison. Le chantier a ensuite débuté le 1er novembre 2002.
On a réalisé pour 55 000 e de travaux, et globalement, l'assurance s'est plutôt bien
comportée. Aujourd'hui, on repart avec une affaire neuve." L'activité a repris à
la mi-février.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2813 Hebdo 20 Mars 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE