du 15 mai 2003 |
VIE PROFESSIONNELLE |
Claude Izard, président des Cuisineries Gourmandes
L'originalité des démarches qualité dans la restauration, c'est qu'elles
n'ont été programmées par personne. Aucun conseiller, aucun journaliste ne nous ont
inspirés. La démarche est partie de la constatation de la motivation du client, et
surtout, de l'invasion de ce métier par des non-professionnels.
Après avoir essayé de protéger notre métier, nous avons décidé de faire la promotion
de notre métier dans tout ce qu'il comporte de savoir-faire et de compétences.
Le talent, le génie peut être le fruit d'une inspiration, d'une passion et l'homme se
transcende... Mais combien d'artisans font bien leur métier dans les règles de l'art et
ne le vendent pas bien. Combien aussi utilisent leur talent, leur inspiration, leur
passion au service de leur métier. Avant de peindre de l'abstrait, Picasso était un
artisan extraordinaire. La connaissance du goût de la couleur, de la matière est
nécessaire à tout artiste. La différence entre l'artiste et l'artisan, c'est que l'un
met le métier au service de son art, et l'autre se met au service de son métier. Il faut
de tout pour faire un monde, mais là où le danger se profile, c'est la mode, être à la
mode est le pire des dangers : tout peut être immense, et demain, partir en fumée.
L'artisan, c'est la sagesse, c'est la fourmi au quotidien - l'artiste peut être cigale.
Tout ceci pour signifier que la démarche qualité de la restauration et d'autres secteurs
n'est pas un gadget au service de conseilleurs profiteurs.
A la différence du monde rural, qui a adapté la production selon le dictat des
conseillers agricoles dirigés par des puissances occultes à la solde du profit, les
démarches qualité ont été initiées par les professionnels eux-mêmes qui ont rédigé
le référentiel (cahier des charges), et qui essayent de la développer contre vents et
marées. Il est évident que la qualité reconnue certifiée n'a rien à voir avec la
qualité reconnue par l'humeur du critique gastronomique que j'avais à l'époque nommé
'nomade de papotes', ou des journalistes détenant leur vérité qui n'est
peut-être pas la nôtre, et surtout pas celle du consommateur. Soyons sérieux dans un
monde en constante évolution, où le rapport qualité-prix peut être la recherche de la
qualité du prix, et c'est une forme de restauration, mais aussi payer le prix de la
qualité, et c'est une autre restauration.
Tout ce que je souhaite, c'est que les vrais professionnels arrivent à s'organiser pour
ne pas subir le vertige de la mode. Je me souviens encore du lancement des restaurateurs
de métier en pleine 'cuisine nouvelle'. Nous sommes toujours là, et nous le serons
demain pour peu que nous organisions l'ensemble du contexte qui nous accable :
w Baisse des charges pour valoriser le travail de nos
collaborateurs
w Baisse de la TVA
w Création d'une banque des restaurateurs
w Maîtrise de la formation à nos métiers
w Mutualiser des budgets énormes pour la promotion de la
qualité de la restauration française
w Création d'un mouvement culturel du bien manger à la
française.
Les démarches qualité de la restauration française traditionnelle ne sont pas
l'apologie du terroir, ancré dans des traditions ancestrales, mais la recherche
permanente de produits du terroir français de très grande qualité valorisés par le
savoir-faire du restaurateur. L'innovation, la création font partie de notre recherche
permanente.
N'oublions pas que 90 % des restaurateurs qui entrent dans la démarche Cuisineries
Gourmandes sont des jeunes de moins de 35 ans. zzz76v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2821 Hebdo 15 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE