du 15 mai 2003 |
VINS |
En réponse à l'intervention de Monsieur Paul Brunet (L'Hôtellerie n° 2818 du 24 avril 2003), je me permets de donner mon avis. Professeur de service et commercialisation en lycée professionnel, je pense que Monsieur Brunet parle des formations dispensées en lycées technologiques et non en lycées professionnels, que je connais mieux.
L'enseignement de
l'nologie et du 'cru des vins' dispensé dans les lycées d'enseignement hôtelier
est très important dans la formation, mais pour être assimilé par les élèves,
certaines notions de base en sciences et en géographie, ainsi qu'une certaine maturité,
sont indispensables. Les élèves que nous accueillons aujourd'hui en lycée professionnel
ont-ils ces notions ? J'en doute.
Jusqu'aux années 60, seuls existaient des lycées hôteliers, ils accueillaient
certainement des élèves différents du public actuel. Nos élèves de LP (anciens
collèges d'enseignement technique puis lycées d'enseignement professionnel) sont plus
jeunes (à partir de 16 ans) et n'ont certainement pas les mêmes connaissances de base.
De plus, la 'culture' du vin est de moins en moins importante au sein des familles. Ces
différents points obligent l'enseignant à aborder autrement l'enseignement des vins et
à ne plus considérer cette matière comme une matière de technologie pure apprise dans
des salles banalisées. Il est vrai que la place de l'étude des vins français dans les
programmes de BEP et CAP est moins importante, mais la part faite aux autres boissons a
été augmentée - apéritifs, digestifs, bières, eaux minérales, boissons sans
alcool...
Les programmes de BEP et CAP demandent, en technologie, de faire une approche de tous les
vignobles français avec une étude plus approfondie des vignobles et vins locaux ou
proches de la région de localisation du lycée. Cette approche est complétée par les
périodes de formation en entreprise faisant partie intégrante de la formation. Ces
connaissances sont approfondies en bac professionnel par une étude des produits
régionaux dont les vins sont une partie importante. L'étude des vins français est
complétée au niveau du bac par une connaissance des principaux vins européens.
Pensez-vous qu'il soit plus important pour un jeune d'être plus vendeur que technicien ?
Vaut-il mieux savoir proposer à ses clients un vin blanc sec avec des fruits de mer, ou
savoir en connaître le cépage, la production... ? La question reste posée.
Pour enseigner les anciens programmes de technologie dans lesquels l'nologie et
l'étude des vignobles et des vins avaient leur part, nous disposions en BEP et CAP d'une
heure la première année et de 2 heures l'année suivante. Avec les nouvelles grilles
horaires, nous disposons de 1 h 30 les 2 années, à nous de bien répartir le
référentiel dans nos progressions de technologie afin d'aborder au mieux l'enseignement
des techniques de base des vinifications et de la connaissance des vignobles et des vins
(par exemple, en 2e année de BEP, les élèves étant un peu plus matures ont fait une
période de formation en entreprise).
Les vins sont par ailleurs étudiés dans les séances de travaux pratiques et dans les
cours de technologie appliquée en groupe réduit, ce qui nous permet d'approcher les
techniques de dégustation et d'accords avec les mets dans les meilleures conditions. En
bac professionnel, les vins sont souvent abordés au travers de soirées thématiques. Ces
séquences de cours nous permettent d'aborder l'étude des vins de manière différente,
de motiver les élèves à l'importance du vin sans être rébarbatif par des listes de
cépages, d'appellations, de crus... à apprendre 'par cur'. Ces approches
différentes révèlent des vocations vers des compléments de formation. Monsieur Brunet
dit que de nombreux élèves ont atteint le niveau de Meilleur sommelier de France, mais
les jeunes ayant atteint ce niveau de qualification l'ont fait avec un complément de
formation sur le terrain ou en formation complémentaire. D'où l'importance des
formations en sommellerie.
De là à dire que les vins ne sont plus enseignés au lycée hôtelier, il y a un grand
pas. Disons que l'approche vers la connaissance des vins est totalement différente dans
nos établissements.Jean-Paul Bourniquel. zzz68m
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L'Hôtellerie Restauration n° 2821 Hebdo 15 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE