du 9 octobre 2003 |
À LA LOUPE |
En opposition au fast-food, le mouvement Slow-Food prône la défense du goût et des produits de terroir dans une perspective de développement durable. Rencontre avec son nouveau président national, Jean Lhéritier.
Née en 1989 en Italie, en réaction au culte grandissant du fast-food, la doctrine Slow-Food compte aujourd'hui près de 80 000 adeptes disséminés dans une cinquantaine de pays. Ennemis des McDo, Coca et autres OGM, ils défendent l'authenticité et la qualité des produits pour former des consommateurs citoyens, exigeants et gourmands. Un combat utopique ? Pas si sûr. Car si l'on en croit le nouveau président de Slow-Food France, élu en mai dernier à la tête des 2 000 adhérents nationaux, l'association est appelée à jouer un rôle moteur dans la défense du 'manger vrai'. "Nous représentons désormais un véritable groupe de pression capable d'influer sur les décisions en matière d'alimentation. Nous défendons ainsi la biodiversité en repérant les produits ou les savoir-faire menacés, car nous estimons que la défense du fromage de Salers ou celle d'une variété de pomme correspond à la défense d'un territoire et d'une culture. En Italie nous avons sauvé la vraie mortadelle, celle de Bologne, et nous avons près d'une centaine de dossiers en cours sur le territoire français. Notre discours est aussi fondé sur la culture du goût, ce qui signifie biodiversité, traditions et savoir-faire dans une dimension éthique et citoyenne", annonce Jean Lhéritier.
Cavistes, vignerons et restaurateurs
Ce professeur d'économie au lycée perpignanais Notre Dame de Bon Secours vient
d'ailleurs d'être reçu par le secrétaire d'Etat à la Consommation, Renaud Dutreil. "Une
rencontre qui m'a permis de présenter un certain nombre d'actions concrètes en matière
de sauvegarde du patrimoine gustatif français. Un thème cher au chef de l'Etat."
Encore méconnue du grand public, l'association s'appuie tout naturellement sur de
nombreux professionnels de la viticulture ou de la restauration, "car si nous
avons vocation à attirer les non-professionnels, nous ne pouvons nous passer des pros du
goût et des saveurs pour nous développer. De fait, l'association compte de nombreux
vignerons, cavistes et autres restaurateurs sensibles à notre démarche et à nos
préceptes culinaires et qui relaient notre message en direction du grand public",
résume Jean Lhéritier. Et au menu des activités Slow-Food, encore et toujours la
défense des saveurs menacées. "Au-delà d'interventions lors de salons
alimentaires ou de participations à diverses publications, nous avons mis en place nos
propres structures de réflexion. Nous travaillons d'abord au recensement des produits
menacés. A travers l'Arche du Goût, nous essayons de dresser un inventaire des légumes,
fruits ou de races animales dont l'exploitation est en voie d'extinction. A partir de là,
nous choisissons des produits sur lesquels des actions de sauvegarde peuvent être
entreprises selon une charte très précise. Notre but est de redonner une viabilité
économique à des produits qui sont amenés à disparaître comme le navet de Cerdagne ou
le porc noir du Pays Basque. Un combat qui ne s'arrête pas aux frontières de
l'hexagone", poursuit Jean Lhéritier, en évoquant une action de sauvegarde
commencée au Maroc pour préserver la production d'huile d'argan. "Nous avons
aussi créé les laboratoires du goût. Là, les producteurs communiquent sous forme de
dégustations ouvertes au public. Et en Italie, nous développons des mastères et une
université internationale du goût. Un modèle que nous allons bientôt suivre en
France." Autres moments forts de la vie de l'association, l'organisation de
soirées thématiques associant débat public et menus découverte. Membres de Slow-Food
International, le chef Jean Plouzennec s'attaquera par exemple au Pot-au-feu d'Alexandre
Dumas décliné en trois services lors de la soirée buf prévue à la fin novembre
à Amélie-les-Bains. Soirée accompagnée d'une conférence intitulée : 'Y a-t-il une
place pour une agriculture paysanne en France ?' Alors, révolution de palais ? zzz76v
Slow-Food France
Mas Delfau
66000 Perpignan
Tel. : 01 45 51 90 44 6 Fax : 04 68 64 69 42
E-mail : france@slow-food.org
Web : www.slow-food.org
En dates
= 1952 : Naissance à
Rivesaltes
= 1997 : Création de
Slow-Food France
= 2003 : Elu président
national
Vos réactions : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
Rechercher un article : Cliquez ici
L'Hôtellerie Restauration n° 2842 Hebdo 9 octobre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE