du 6 novembre 2003 |
ÉDITO |
Comme toujours, quand le problème est grave, les 'faut qu'on', 'y'a qu'à', et 'on n'a
qu'à' font leur meilleur effet... Les Français ont fait part de leur émotion face aux
conséquences de la canicule sur les décès des personnes âgées. On les a fait
culpabiliser, les conduisant ainsi à la situation idéale pour les amener à éprouver le
besoin de s'impliquer dans un processus de 'sauvetage' de leurs aînés. A ce stade-là,
rien de grave, si ce n'est que l'opinion publique exige au plus vite la solution miracle
pour déculpabiliser et... classer le dossier. C'est bien connu, les problèmes de
société, c'est de la responsabilité de l'Etat... Alors, comme le magicien sort le lapin
du chapeau, le gouvernement a sorti la suppression d'un jour férié... Aux premiers
sondages dans un grand élan de générosité, toutes les personnes interrogées ont
adhéré. Le symbole était fort : tous allaient travailler pour offrir le fruit du
travail de cette journée à nos anciens. Malheureusement, comme toujours, on a
précipité les choses et l'on n'a pas vraiment dit la vérité... Encore une fois, les
politiques n'ont imaginé la mise en place de ce mécanisme qu'en partant du modèle de
l'industrie et des très grandes entreprises. Encore une fois, ils sont complètement
passés à côté de la réalité économique et sociologique de notre pays, et ont
oublié que les gens étaient plus nombreux à travailler dans les PME que dans
l'industrie. Partir du principe qu'une journée de travail de plus - en l'occurrence un
lundi - serait une source de CA supplémentaire pour les entreprises, qui trouveraient là
les ressources suffisantes pour assumer une augmentation de cotisations sociales, qui
seraient alors utilisées à l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées,
c'était une fois de plus complètement irréaliste...
Les commerces habituellement fermés le lundi n'ouvriront pas celui de Pentecôte et ne
supporteront pas une augmentation de leurs cotisations...
En hôtellerie-restauration, ceux qui accueillent une clientèle touristique ont toujours
travaillé le lundi de Pentecôte, à la seule différence que si le jour n'est plus
férié, c'est une diminution de leur CA qu'ils enregistreront... Pour ne pas sortir du
manque de réalisme, des politiques proposent aujourd'hui "la suppression d'une
journée RTT"... Ils ignorent que tous les salariés n'ont pas de journée RTT...
Dans la cacophonie la plus totale, les uns et les autres lancent des idées, sans
fondement pour la plupart... Est-ce bien comme cela que l'on doit diriger un pays ? Ne
devrait-on pas, avant de communiquer sur des projets non aboutis, valider la faisabilité
des hypothèses retenues avec les groupes concernés ? En l'occurrence, les entreprises,
et trouver avec elles les solutions adéquates ? Et les politiques continuent à ne pas
comprendre leur manque de crédibilité...
PAF zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2846 Hebdo 6 novembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE