du 11 décembre 2003 |
ÉDITO |
C'est une constance : en France, les indicateurs sont nombreux et précis sur
l'industrie, mais quand il s'agit de services, on reste vague, discret, un peu comme si ce
secteur n'avait qu'une importance mineure... Et pourtant, en France, c'est bien des
services en général que dépend la croissance, et c'est dans les services que l'on
enregistre le plus de créations d'emplois ! Si l'industrie a perdu plus d'un million
d'emplois en 20 ans, sur la même période, le tertiaire en gagnait près de 3 millions.
Et pourtant, les hommes de poids ne sont issus que de l'industrie, toutes les lois et
négociations en matière sociale ne sont élaborées que par rapport à l'industrie ? De
vieux réflexes, de puissants lobbys.
Le problème en France réside dans le fait que l'on ne reconnaît aucun mérite aux
services, et que l'on ne valorise pas ceux qui sont dans le tertiaire. Un peu comme si
l'on considérait ce secteur comme un secteur de seconde zone... Un mal nécessaire dont
on n'a pas lieu d'être fier... Grave et dangereuse erreur. Il suffit de chercher à se
faire servir pour comprendre. Entrer dans un bar et demander un simple café tient de
l'épreuve de patience, le serveur vous regarde, passe devant vous, plusieurs fois. Il
vous servira quand il le voudra, et vous êtes prié de vous taire et d'attendre...
Changement d'équipe, on passe les consignes et les clients sont priés d'attendre... Au
restaurant, vous avez réservé, vous êtes à l'heure, eh bien tant pis pour vous, vous
attendrez, on vous bousculera un peu avant de vous demander de vous retirer en dehors du
passage pour ne pas gêner le service... Vous êtes client, mais vous dérangez... Vous
osez demander des détails sur la composition d'un plat ? On vous regarde, accablé.
Contentez-vous de commander et de payer... Vous serez mieux vu.
A l'hôtel, vous aviez réservé un type de chambre particulier, eh bien, on vous a donné
autre chose... Pourquoi, il n'y avait plus de disponibilité ? Si, mais on n'a pas tenu
compte de votre demande et vous perdez 20 minutes en va-et-vient... Accueil raté. Vous
posez une question sur la ville où vous venez de descendre, et à la réception, on
s'excuse : "Je ne suis pas d'ici, je n'en sais pas plus que vous".
Pour que la France soit sauvée aujourd'hui par les services, il faudrait très vite
redresser la barre et faire en sorte que les gens soient fiers de ce qu'ils sont, de ce
qu'ils font et du service qu'ils rendent...
PAF zzz80
Vos réactions : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
Rechercher un article : Cliquez ici
L'Hôtellerie Restauration n° 2851 Hebdo 11 décembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE