du 11 mars 2004 |
VIE PROFESSIONNELLE |
Election présidentielle à l'Umih sous le signe de la baisse de la TVA
L'Union des métiers de l'industrie hôtelière (Umih) désignera son président lundi prochain pour un nouveau mandat. Selon toute vraisemblance, André Daguin, président sortant qui a annoncé sa candidature en début d'année dans les colonnes de L'Hôtellerie, afin de poursuivre le combat pour la baisse de la TVA en restauration, devrait être reconduit dans ses fonctions. Avec son colistier Francis Attrazic, il sera opposé au 'ticket' Roland Bernard (Umih 69) et Jean-Robert Chelot (Umih 81), qui ont le mérite d'ouvrir le débat.
7 questions posées aux 2 candidats par L'Hôtellerie
1. Vous vous présentez à la
tête de la centrale confédérale, pourquoi ?
2. Comment vous définissez-vous ? Quelles sont
concrètement les actions menées à terme dans le cadre de vos mandats qui vous
paraissent avoir été les plus utiles à la profession ?
3. L'Umih parle de modernité. Or la profession souffre
d'une image conservatrice auprès du grand public. Dans l'esprit des gens, les
restaurateurs sont surtout des nantis. Le débat sur la TVA a semble-t-il accentué ce
phénomène. Quels volets ouvrir pour éclairer
la profession sous une lumière qui lui soit plus favorable ?
4. La profession manque de personnel. En dehors de
l'aspect financier, comment jugez-vous le rapport patron/salarié dans les deux domaines
restauration et hôtellerie ?
5. Y a-t-il au sein de l'Umih une commission portant
sur la réorganisation des entreprises, sur l'aménagement des postes de travail ? Je
pense notamment au problème de la coupure. Si oui, où en est l'Umih ? Quels sont les
résultats des travaux ?
6. Quels sont les points forts et les points faibles,
selon vous, des métiers de l'hôtellerie ?
Par ordre, hôtellerie de chaîne, hôtellerie familiale, saisonniers, restaurateurs,
cafetiers et discothèques ? Si vous êtes élus, toujours par ordre, quels chantiers
allez-vous mettre en uvre les concernant ?
7. Comment voyez-vous l'élargissement de l'Europe ?
Quelles seront les conséquences pour le secteur ? Sur son activité comme sur son
fonctionnement ?
André Daguin"Augmenter les salaires, ça permet d'embaucher" 1. J'ai toujours dit que je ne me représenterais pas. Je pensais en avoir assez fait en 7 ans à la tête de la FNIH, puis de l'Umih. Il se trouve que l'évolution plus lente du dossier TVA m'a fait changer d'avis. La TVA, ce n'est pas une lutte, c'est un moyen de faire des avancées sociales, des allégements de charges. On vient d'en avoir la preuve. Le directoire a été unanime. Ils m'ont dit : "Tu ne peux pas déserter." J'ai réfléchi longuement et je me suis rendu compte que les circonstances faisaient que j'étais en position de faire avancer ce dossier. Toutefois, il ne faut pas que l'Umih continue comme avant et Jean Biron l'a compris, il fallait au moins changer quelqu'un du ticket. Vous savez, il n'y a pas d'homme providentiel. Mais il y a des circonstances où certaines personnes sont plus à même d'être efficaces que d'autres. 2. Moi, je n'ai rien
obtenu. C'est l'action de tous les présidents départementaux et régionaux et de leurs
conseils d'administration qui ont permis d'obtenir des choses. Citons le récent chéquier
Titre Emploi Entreprise, la semaine de l'hôtellerie qui est en route, Restaurateurs de
France grâce notamment à Francis Attrazic, l'atelier sur les normes hôtelières où
nous sommes très présents. 3. Pour changer l'image, il faut jouer sur les salaires. Il faut être sérieux. On ne peut pas dire qu'on va embaucher si on n'augmente pas les salaires. Il faut déclencher un cercle vertueux : augmenter les salaires, ça permet d'embaucher. Et comme dans ce cas-là, on aura assez de personnel, on va aussi pouvoir l'envoyer en formation. On leur ouvre ainsi une perspective de carrière, et on évite le reflux ou le bout de la route. Chez nous, on n'attire pas assez. Pire, au bout d'un an, ils foutent le camp. L'image est inexacte. Les jeunes qui arrivent viennent pour devenir des Troigros, Veyrat ou Gagnaire. Il y en a qui y arrivent. Mais tout le monde ne peut pas en arriver là. Il faut que les carrières intermédiaires soient possibles et rémunératrices. 4. Il y a des tas d'anecdotes, à la radio, dans la presse écrite, à la télé. Le métier est horrible, on est des affreux. Quel est le secteur de France où il y a le moins de grèves ? Quel est le secteur où la fidélité à son premier patron est à ce point ? Quel est le secteur qui soit aussi utile que le nôtre à la promotion et à la prescription des produits agricoles et à l'accueil des touristes ? Je vous le demande. A part dans les très grandes villes, le tissu touristique et social de la France profonde est basée sur les 3 activités : hôtel-café-restaurant. Plus de 50 % des professionnels exercent les 3 métiers, et 70 % au moins deux de ces métiers. Il ne serait pas juste de juger en différenciant restauration et hôtellerie. 5. On est en plein dedans. On s'est aperçu qu'il y avait autant de gens qui voulaient la suppression des coupures que des coupures allongées. Il faut réfléchir à la suppression de la coupure, mais quand ça arrange les gens. La suppression de la coupure signifie qu'on passe à 1,5 ou 2 équipes. C'est rentable quand il y a un flux important de clientèle. Mais c'est impraticable quand le client est rare. 6. * Points forts de l'hôtellerie de chaîne, c'est un réservoir de compétences et d'intelligence, de l'hôtellerie familiale, l'humanisation de l'accueil, des saisonniers, le site, de la restauration, nous avons la plus formidable agriculture du monde, et nous en sommes les prescripteurs, du cafetiers, c'est le seul endroit avec les vestiaires des sports où les barrières sociales s'abolissent, des discothèques, le rôle sociale vis-à-vis des jeunes. * Points faibles de l'hôtellerie de chaîne, moins humain, quoique... de l'hôtellerie familiale, très grande diversité et vieillissement du parc, des saisonniers, les problèmes de logement, de la restauration, le métier n'a pas pu se moderniser à cause du système fiscal, des cafés, la désaffection liée à la baisse de la consommation d'alcool, des discothèques, n'ont pas la cote auprès des banquiers. 4 Chantiers respectifs : 7. L'Europe et le monde, il y a longtemps que nous sommes dedans. Les frontières n'ont aucune influence. Sinon, il n'y aurait pas de tourisme. Et cessons de nous imaginer que, dans un pays qui reçoit des touristes du monde entier, on puisse continuer à ne se référer qu'aux textes et à la législation intérieurs.
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Roland Bernard"Espérance pour les nouvelles générations"
1. Personnellement, je crois en l'intérêt général. Vous savez, cela fait 20 ans que je milite au sein de la FNIH, puis de l'Umih. J'ai une longue expérience en département et en région. Aujourd'hui, si j'ai décidé de porter cette expérience à l'échelon national, c'est pour faire évoluer la gouvernance de l'Umih vers le dialogue, la transparence et la lisibilité. Que ce soit dans la stratégie comme dans le financement. Je veux donner aux adhérents la possibilité de se réapproprier son organisation professionnelle. Vous savez, le terrain est à la limite de la fracture et de la dissidence. Personnellement, j'avoue que je me sens mal dans cette espèce de pensée unique qu'on est actuellement obligé de digérer et de transmettre à des adhérents qui sont las des discours médiatiques. Ma candidature, associée à celle de Jean-Robert Chelot, n'est pas une candidature de division ou de destruction. Mais de construction et de mobilisation nouvelle. 2. Je suis un homme de
conviction, d'engagement, libre et indépendant de toute pensée ou groupe politique. Je
ne peux pas concevoir le rôle d'un responsable d'organisation professionnelle autrement.
J'ai porté le dossier notamment sur la surcapacité hôtelière. Je citerai aussi
l'action menée en 2002 contre le monopole Train + Hôtel du groupe Accor, qui pouvait
apparaître comme un crime de lèse-majesté puisque je m'attaquais à une autre branche
adhérente de l'Umih. Bien au contraire, la pertinence et la justesse du dossier ont
permis d'instaurer un respect et un dialogue avec le leader français et international de
l'hôtellerie. 3. Cette image, nous en sommes un peu responsables. On parle toujours de la pénibilité, des contraintes horaires. Nous ne faisons qu'accentuer les craintes non justifiées des parents. Alors que notre secteur d'activité offre indiscutablement des ouvertures et des espérances pour les nouvelles générations. On a de très nombreux jeunes qui démarrent à 18 ans au bas de l'échelle, que ce soit dans l'hôtellerie comme dans la restauration, et qui deviennent très vite leur propre patron. Nous offrons de vrais tremplins. Une grande majorité de chefs d'entreprise de notre secteur est autodidacte. Ce sont ces réussites qu'il faut mettre en avant. 4. Le rapport entre le personnel et l'employeur dépend beaucoup de la personnalité du chef d'entreprise. Dans nos entreprises, le capital humain est beaucoup plus important que le capital financier. Est-ce que notre organisation professionnelle ne serait pas en droit aussi de se poser comme question s'il est plus important de s'occuper du maillon chef d'entreprise/salarié que du maillon syndicat/représentant politique ? Les deux sont à lier. La France est la première destination touristique au monde et ce n'est pas un hasard. Nous savons bien accueillir, bien restaurer et bien héberger. Disons-le haut et fort et arrêtons de nous autoflageller. 5. A ma connaissance, cette commission existe. Malheureusement, aucune information n'est parvenue dansles départements. Il est effectivement judicieux de réfléchir à l'organisation du travail. Surtout dans les métiers de la restauration où les 2 services sont pénalisants. Ce décalage, par rapport à l'hôtellerie, est sans doute un défaut d'attractivité. 6. * Poins forts : La
puissance du marketing et d'image de l'hôtellerie de chaîne, l'ambiance et la forte
présence des propriétaires dans l'hôtellerie familiale, la capacité des saisonniers à
accueillir et à servir un nombre important de personnes sur une période de plus en plus
courte, la restauration comme lieu de détente et de convivialité unique, le café comme
lieu de sociabilité et les discothèques comme lieu de défoulement pour les jeunes. 4 Chantiers respectifs : 7. C'est une chance pour l'ensemble de la Communauté européenne. C'est aussi la possibilité d'un élargissement de la main-d'uvre vers des pays comme les nôtres, plus structurés et à l'économie plus forte.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2863 Hebdo 11 mars 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE