du 22 avril 2004 |
VIE PROFESSIONNELLE |
< EFFETS DE LA RTT
Conséquences néfastes pour les salariés et les entreprises, le tout sans réel impact en faveur de l'industrie touristique, tel est le bilan du rapport Novelli.
Le rapport Novelli*, du nom de son rapporteur, par ailleurs député UMP d'Indre-et-Loire, fait une analyse très négative de la réduction du temps de travail. La RTT aurait eu plus d'effets pervers que d'avantages. Il est impossible de faire un résumé exhaustif de ce rapport de 300 pages, d'autant que l'analyse y est globale et non spécifique au secteur des CHR. En revanche, nous vous proposons quelques-unes des réflexions de la mission parlementaire qui nous ont paru intéressantes.
Des effets pervers
Parmi les effets pervers de la RTT, le rapport souligne notamment :
= Une législation complexe
issue d'un empilement de lois successives rendant le système illisible aussi bien pour
les salariés, les entreprises, en particulier les PME, et les partenaires sociaux.
= Un coût certain pour les
finances publiques, avec des allégements de charges liés à la RTT, estimés pour 2003
à 8 milliards d'euros, et la dérive du mécanisme d'allégement de charges qui, avant la
réduction du temps de travail, s'analysait comme un allégement du coût du travail
autorisant d'embaucher plus, et qui, depuis la RTT, est devenu un moyen de compenser le
coût du travail permettant d'éviter des destructions d'emplois.
= Un accroissement du clivage entre
les grandes entreprises, qui ont su tirer profit de la RTT, et les petites entreprises,
qui n'étaient pas armées pour appréhender les modifications de l'organisation du
travail que la RTT impliquait ; des inégalités dans les conditions de travail entre les
salariés des grandes entreprises qui bénéficient réellement de la RTT, et ceux des PME
qui en bénéficient dans une moindre mesure.
Un impact décevant sur l'industrie touristique
Quant à l'impact de la RTT sur les départs en vacances, le rapport constate des
modifications réelles mais limitées. Ainsi, malgré "un coup de fouet aux
séjours de proximité dans les régions de résidence (...), ces modifications de
comportement n'ont toutefois pas eu, comme on aurait pu l'espérer, d'incidence majeure
sur l'économie touristique". Et de citer André Daguin, président de l'Umih,
auditionné par la commission d'évaluation du 19 novembre 2003 : "Est-ce que les
35 heures ont eu une influence sur la fréquentation des hôtels et restaurants ? C'est un
jeu à somme nulle. Les petites auberges à 1 heure ou 1 h 30 de voiture des grandes
villes ont connu des week-ends plus fréquentés. Dans le même temps, les hôtels des
grandes villes perdaient une ou deux nuitées. Au final, cela s'est compensé."
Plus de liberté aux entreprises
Afin de corriger ces effets pervers, le rapport propose notamment la possibilité de
déroger par accords d'entreprise aux dispositions des accords de branche, même
préexistants, des mesures en faveur des PME avec notamment la création d'un code dédié
aux PME. Enfin, il est suggéré de faciliter le développement du dialogue social dans
l'entreprise en renforçant la représentativité et la responsabilité des partenaires
sociaux.
T. Beausseron zzz60
* Rapport au nom de la mission d'évaluation de l'Assemblée nationale sur les conséquences économiques et sociales de la législation sur le temps de travail.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2869 Hebdo 22 avril 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE