du 9 septembre 2004 |
ÉDITO |
LA CHINE S'ÉVEILLE
Faut-il dès aujourd'hui se mettre au mandarin ? A
voir l'enthousiasme suscité dans les médias et les milieux professionnels par l'arrivée
à Paris des premiers touristes 'officiels' en provenance de la République Populaire de
Chine, la question mérite d'être étudiée, à défaut de réponse immédiate.
Les chiffres actuels ne justifient certes pas encore un
enthousiasme illimité, mais l'avenir passe incontestablement par un développement
intense des relations avec un pays, faut-il le rappeler, peuplé de près d'un milliard et
demi d'habitants, dont la croissance ultrarapide favorise l'émergence d'une classe aisée
prompte à consommer, à acheter des produits étrangers et bien évidement avide de
voyages et de découvertes. Or, la destination favorite des Chinois, qu'il s'agisse de
ceux qui ont déjà eu la chance de sortir des frontières de l'Empire du Milieu ou de
ceux qui aspirent à découvrir de nouveaux horizons, c'est la France. Cela valait bien le
déplacement d'un ministre à Roissy pour accueillir comme il se doit ces touristes d'un
nouveau genre et souligner l'importance qu'il faut attribuer dans l'avenir au
développement de ce marché touristique apparemment sans bornes.
Mais il serait profondément erroné de croire que les 'fils du ciel' viendront tout seuls
jusqu'à nous pour goûter aux charmes de la vieille Europe. Savoir que les citoyens de
Pékin ou de Shanghai adorent la tour Eiffel et les grands magasins du boulevard
Haussmann, c'est bien, mais largement insuffisant. Avec l'expérience acquise auprès
d'autres marchés étrangers tout aussi difficiles, les professionnels les plus dynamiques
qui ont compris que l'économie de cueillette est définitivement révolue savent que la
marche sera longue (sans mauvais jeu de mots) jusqu'à la conquête des cÏurs et des
porte-monnaie chinois. D'autant que la concurrence sera rude, n'en doutons pas auprès des
clients potentiels de cet immense pays tourné vers le Pacifique, c'est-à-dire le Japon,
l'Australie et
nos amis d'Amérique du Nord dont le style de vie et de consommation
fascine plus d'un cadre pékinois.
L'affirmation d'une démarche efficace passe donc à la fois par une prise de conscience
publique de la nécessité d'une action en profondeur, mais aussi par une conviction
ancrée chez tous les professionnels : demain, en espérant que la 'libéralisation' des
voyages depuis la Chine vers l'étranger s'accentue au cours des prochaines années, c'est
l'ensemble des professionnels, et pas seulement les concierges des palaces et les maîtres
d'hôtel parisiens qui devront tenir compte des exigences et des coutumes de ces touristes
venus d'un ailleurs tellement différent.
C'est pourquoi il faut ici rappeler, en conclusion, le 'flair' d'Henri Ducret qui, malgré
parfois des critiques pas toujours bien intentionnées, a organisé, avec les chefs
étoilés de Rhône-Alpes (ce n'est pas ce qui manque) plusieurs opérations de promotion
dans L'Empire du Milieu. Ce qui s'appelle être un précurseur qui devrait faire des
émules.
L.H. zzz80
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2889 Hebdo 9 septembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE