du 23 septembre 2004 |
L'ÉVÉNEMENT |
Loi Evin
RENFORCEMENT DES SANCTIONS
Depuis 1992, les CHR ont l'obligation de mettre en place des espaces non-fumeur dans leur établissement. En pratique, on constate que cette obligation est peu ou prou respectée par les professionnels. Une loi sur la santé publique* vient d'étendre la liste des personnes susceptibles de sanctionner les professionnels pour le non-respect de la loi Evin.
La lutte contre le
tabac n'a jamais été aussi active. C'est une véritable campagne contre le tabac qui a
été engagée au printemps 2003 par le gouvernement dans le cadre de son plan cancer. Les
principales actions se sont déjà traduites par une augmentation considérable du prix de
vente du tabac, mais aussi par l'interdiction de vente du tabac aux mineurs de moins de 16
ans pour réduire l'accès au tabac des adolescents.
La mission interministérielle de la lutte contre la drogue
et la toxicomanie (Mildt) a été chargée d'améliorer le respect de la loi Evin qui
limite la consommation de tabac dans les lieux publics et collectifs. En effet, un rapport
de la commission Berger chargé de l'évaluation de la loi Evin en octobre 1999 avait
conclu que "de nombreuses mesures prévues par cette loi de 1991 souffrent d'un
défaut d'application effective dont l'une des plus importantes est l'interdiction de
fumer dans les lieux collectifs".
C'est une loi du 10 janvier 1991, dite loi Evin relative à la lutte contre le tabagisme,
qui a posé le principe de l'interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage
collectif, sauf dans les emplacements réservés aux fumeurs. Un décret du 29 mai 1992
est venu fixer les modalités d'application de cette loi. Ces dispositions ont été
intégrées dans le Code de la santé publique aux articles R.355-28-1 et suivants.
Il est
interdit de fumer dans les lieux publics
Les textes posent en principe l'interdiction de fumer dans tous les lieux fermés et
couverts accueillants du public ou qui constituent des lieux de travail, sauf dans les
endroits réservés aux fumeurs. Ceci concerne les restaurants, les cafés mais aussi les
hôtels.
Ce texte prévoit la possibilité pour le responsable de l'établissement de mettre des
emplacements à la disposition des fumeurs à la condition qu'ils soient aérés et
ventilés, ceci afin d'assurer la protection des non-fumeurs. Ces emplacements peuvent
être soit des locaux spécifiques soit des espaces délimités, mais dans tous les cas,
ils doivent être suffisamment aérés et ventilés. En effet, ces emplacements doivent
respecter des normes de ventilation bien précises.
Quand la ventilation est assurée de façon mécanique ou naturelle par des conduits, le
débit minimal de ventilation doit être de 7 litres par seconde et par occupant
(extracteurs). Mais attention, les épurateurs d'air qui traitent de l'air sans le
renouveler ne sont pas suffisants au regard de la loi.
Le volume doit être de 7 m3 par occupant pour les locaux dont la ventilation est assurée
par des ouvrants extérieurs (fenêtres ou portes).
Mais surtout, une signalisation apparente doit rappeler le principe de l'interdiction de
fumer et indiquer les emplacements mis à la disposition des fumeurs.
Si le responsable d'établissement n'a pas la possibilité
matérielle de mettre des zones fumeur et non-fumeur dans son établissement, il doit
alors déclarer la totalité de celui-ci en espace non-fumeur.
Une
réglementation peu suivie par les professionnels
Si à la date d'entrée en vigueur de la loi, le 1er novembre 1992, une grande majorité
de professionnels avait joué le jeu en appliquant cette réglementation à la lettre, on
constate que 10 ans après les professionnels se sentent moins concernés. A cela
plusieurs raisons. La première et la principale : les professionnels ont toujours
considéré que leurs établissements étaient des lieux de convivialité et qu'ils
n'étaient pas là pour faire la police. Ils sont moins nombreux à signaler les
emplacements fumeur et non-fumeur et n'hésitent pas à modifier les sections fumeur au
gré des demandes de leur clientèle, mais il est vrai souvent au détriment des
non-fumeurs, car les espaces ne sont pas suffisamment ventilés. En outre, la loi ne se
voulait pas trop coercitive et ne fixe pas de surface minimum réservée aux non-fumeurs.
Ce qui fait qu'en pratique on constate que les professionnels qui n'ont pas les moyens
matériels de mettre des emplacements fumeur et non-fumeur ont détourné l'esprit de la
loi en laissant leur établissement totalement fumeur, alors que la loi dans ce cas leur
impose de le déclarer totalement non-fumeur.
Les
professionnels sont passibles d'amendes
Le texte prévoit que toute personne qui fumera en dehors des emplacements mis à la
disposition des fumeurs sera punie d'une amende prévue pour les contraventions de la 3e
classe soit 450 e par cigarette grillée illégalement.
Quant au responsable d'établissement qui n'aura pas réservé aux fumeurs des
emplacements conformes ou qui n'aura pas respecté les normes de ventilation, ou ne mettra
pas en place la signalisation obligatoire, il sera passible d'une amende prévue pour les
contraventions de la 5e classe soit 1 500 e et 7 500 e en tant que personne morale. Mais
ces sanctions ont été rarement appliquées faute de moyens.
Mais
qui étaient rarement appliquées
Si la loi définit bien les contrevenants et les sanctions,
en pratique seuls les OPJ (officiers de police judiciaire) avaient le droit de constater
les infractions commises par les fumeurs et de leur appliquer les sanctions prévues par
le Code de la santé publique. Mais ces derniers avaient autre chose à faire que d'aller
réprimander les fumeurs hors la loi.
Quant au non-fumeur qui souhaitait faire respecter la loi, il devait porter plainte
auprès du procureur de la République ou s'adresser au commissariat pour qu'on lui prenne
sa déposition, en admettant que la plainte dans les deux cas ne soit pas classée sans
suite.
Il restait bien sûr les associations de lutte contre le tabac qui ponctuellement
faisaient des actions contre les restaurateurs. En 2003, sur tout le territoire français,
c'est uniquement 10 procès qui ont été intentés à des restaurateurs qui ne
respectaient pas la loi Evin.
De nouveaux
acteurs peuvent sanctionner les professionnels
C'est la raison pour laquelle la nouvelle loi sur la santé publique publiée au mois
d'août de cette année a étendu la liste des agents qui peuvent contrôler l'application
de cette loi en leur donnant les pouvoirs en conséquence. Ces nouvelles dispositions vont
permettre une meilleure application de la loi Evin.
La
loi prévoit l'attribution de pouvoirs de police administrative et de police judiciaire à
certains agents publics :
Les agents de police judiciaire
Les fonctionnaires et agents du ministère de la Santé ou des collectivités
territoriales habilités et assermentés
Les médecins inspecteurs de la santé publique
Les ingénieurs du génie sanitaire
Les inspecteurs de l'action sanitaire et sociale
Les inspecteurs et contrôleurs du travail et les fonctionnaires de contrôle
assimilés.
Désormais, ces
agents publics ont la possibilité de constater les infractions à la loi Evin dans les
lieux publics.
En outre, cette loi étend la possibilité d'exercer une action judiciaire en cas
d'infraction à la législation à des associations autres que celles Ïuvrant contre le
tabagisme. Désormais, des associations familiales, de consommateurs pourront elles aussi
traduire les professionnels qui ne respectent pas la réglementation devant les tribunaux.
Vers une
interdiction totale de fumer dans les lieux publics
Si les professionnels ne mettent pas réellement en place des espaces pour les
non-fumeurs, il est plus que probable qu'à terme on assiste à une interdiction totale de
fumer dans les lieux publics. Cette
politique est d'ailleurs celle pratiquée dans les transports en communs, qu'ils soient
ferroviaires ou aériens. Sans parler de nos voisins européens qui ont déjà mis en
place une telle politique, comme les Irlandais qui n'ont plus le droit de fumer dans les
pubs.
En outre, le Comité national contre le tabagisme (CNCT)
vient de lancer un appel pour que la loi Evin soit renforcée afin d'interdire de fumer
dans les lieux de travail, les lieux publics et à usage collectif comme les bars,
restaurants et discothèques. Philippe Douste-Blazy a déclaré qu'il fallait d'abord
faire respecter la loi Evin avant de vouloir bannir la cigarette de tous les lieux
publics.
P. Carbillet zzz66h
* Loi n° 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, publié au Journal officiel du 11 août 2004.
Vos
obligations
Délimiter votre
établissement en zones fumeur et non-fumeur. En cas d'impossibilité matérielle, vous
devez déclarer la totalité de votre établissement non-fumeur.
Signaler les emplacements fumeur et
non-fumeur. Cet affichage peut se faire par n'importe quel moyen.
Ventiler les zones réservées aux fumeurs en renouvelant l'air ambiant de 7
m3 par occupant pour une aération par ouvrants à l'extérieur (fenêtres et portes) et
de 7 litres/seconde par occupant en aération mécanique (extracteurs).
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