du 11 novembre 2004 |
ÉDITO |
Green Card
Comme vous pouvez le lire dans ce numéro de L'Hôtellerie
Restauration, les autorités américaines viennent de lancer la procédure de
participation à la fameuse loterie d'attribution de la Green Card, qui permet aux
étrangers désireux de résider et de travailler sur le territoire américain d'avoir
l'esprit libre. Enfin, presque, si l'on en juge par les formalités à remplir pour avoir
le droit de participer à ce qui semble pour beaucoup la clef d'un eldorado bien souvent
virtuel.
Il n'empêche, ils sont de plus en plus nombreux chaque année, les petits 'frenchies' qui
décident de traverser l'Atlantique, malgré l'accent du Kansas, le 'peanut butter', Fox
News et l'indéfectible amitié de Donald Rumsfeld à notre égard. Pourquoi cette
attractivité pour un pays dont la bienveillance envers tout ce qui vient de la 'Vieille
Europe' est plus que mesurée ? Pour des raisons en contrepoint qui soulignent parfois
cruellement, comme dans le rapport Camdessus très critique et déjà oublié, les
inhibitions économiques et sociales qui condamnent un jeune ambitieux à faire au mieux
du surplace dans l'Hexagone.
Certes, les États-Unis ne sont pas cette nation aux rues pavées d'or où la fortune
sourit systématiquement aux nouveaux arrivants : conseil aux immigrants de fraîche date
venus de la douce France où l'on ne risque pas grand-chose, par un restaurateur français
installé à Chicago où ses affaires prospèrent : "Ici, tu as tous les
droits
sauf celui d'être pauvre" !
En revanche, dans les métiers de la cuisine, il est vrai qu'au-delà des remarquables
réussites des chefs français installés aux États-Unis, de Jean-Georges Vongerichten ou
Daniel Boulud à New York en passant par Georges Perrier à Philadelphie ou Dominique
Tougne à Chicago, de nombreux jeunes et moins jeunes, ignorés des médias - tant mieux
pour eux -, accomplissent de très beaux parcours au pays d'Oncle Sam. Bien sûr, il faut
pour cela une forte détermination, une capacité d'adaptation à un mode de vie fondé
sur le stress et le 'business mind', savoir ne pas compter ses heures, se fondre dans une
société fort différente de la nôtre, et vaincre la solitude inhérente à toute
expatriation.
C'est un peu tout cela, la Green Card - qu'il ne faut pas considérer comme le sésame
vers un nirvana capitaliste.
Et en prime, Andy MacDowell, certes, qui donnait la réplique à notre célébrissime
'Depardiou' dans le film du même nom, mais aussi G.W. Bush et toujours les fonctionnaires
complètement dénués d'humour de l'immigration. Sans oublier le constat de Talleyrand
dès la fin du XVIIIe siècle : "30 religions et un seul plat",
qui s'ennuyait ferme au pays de George Washington.
Bonne chance toutefois à tous les candidats à la loterie de la Green Card.
L. H. zzz80
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2898 Hebdo 11 novembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE