du 11 novembre 2004 |
L'ÉVÉNEMENT |
SOUS L'EFFET D'IMPORTANTES DIFFICULTÉS CONJONCTURELLES
L'HÔTELLERIE FRANÇAISE VOIT SA RENTABILITÉ AFFECTÉE EN 2003
La 27e édition de L'industrie hôtelière française - étude réalisée par KPMG auprès de 1 414 établissements - révèle une dégradation manifeste des marges bénéficiaires, notamment pour les catégories haut et moyenne gamme au terme de l'exercice 2003. Excepté pour le segment superéconomique, qui a réussi à mieux tirer son épingle du jeu.
Pas de surprise notoire. L'année 2003 restera
marquée d'une pierre noire dans les annales de l'hôtellerie française. C'est en tous
les cas ce que conclut le rapport statistique annuel du cabinet KPMG Tourisme,
Hôtellerie, Loisirs, qui fait référence dans la profession. Faiblesse persistante de
l'économie mondiale, conflit en Irak, épidémie de Sras, naufrage du Prestige polluant
les côtes de l'Atlantique, grève des intermittents du spectacle
Rien n'a épargné
le secteur l'an passé. Un contexte défavorable qui a logiquement entraîné un
fléchissement sensible des taux d'occupation moyens. D'autant plus sensible d'ailleurs
que la France demeure une destination tournée vers une clientèle internationale
d'affaires et de loisirs. Parmi les catégories les plus durement frappées en termes de
fréquentation figurent évidemment les hôtels 4 étoiles supérieur de la capitale. Leur
taux d'occupation a chuté de 13,5 points par rapport à 2002 ne dépassant pas les 59,4 %
contre 72,9 % un an plus tôt. S'agissant des autres catégories de l'hôtellerie
d'Ile-de-France, la régression est certes moindre, mais demeure cependant significative :
- 8,3 points en 4 étoiles standard, - 4,9 points en 3 étoiles, - 2,7 points en 2
étoiles et - 1,3 point en 0/1 étoile.
En province, la situation est à peine meilleure.
Comme pour la Ville lumière, ce sont les unités haut de gamme qui ont été le plus
affectées. Les 4 étoiles supérieur en région Paca ont ainsi perdu 2,3 points tandis
que le taux d'occupation des 4 étoiles standard diminuait de 4,9 points. Du côté des 3
étoiles, le niveau de remplissage a atteint 60,3 %, en recul de - 0,6 point. En revanche,
les 0/1 étoile sont parvenus à limiter la casse avec un taux d'occupation en retrait de
seulement 0,4 point à 73,2 %.
TAUX D'OCCUPATION MOYEN - ÎLE-DE-FRANCE 2003 | |
4 étoiles supérieur | 59,4 % |
4 étoiles standard | 61,0 % |
3 étoiles | 68,1 % |
2 étoiles | 66,9 % |
0/1 étoile | 73,7 % |
TAUX D'OCCUPATION MOYEN - PROVINCE 2003 | |
4 étoiles supérieur Paca | 61,1 % |
4 étoiles supérieur autres régions | 59,1 % |
4 étoiles standard | 57,6 % |
3 étoiles | 60,3 % |
2 étoiles | 63,6 % |
0/1 étoile | 73,2 % |
PRIX MOYEN PAR CHAMBRE LOUÉE - ÎLE-DE-FRANCE 2003 (EN EUROS, HT-SC) | |
4 étoiles supérieur | 394,90 euros |
4 étoile standard | 157,90 euros |
3 étoiles | 92,80 euros |
2 étoiles | 55,00 euros |
0/1 étoile | 31,60 euros |
PRIX MOYEN PAR CHAMBRE LOUÉE - PROVINCE 2003 (EN EUROS, HT-SC) | |
4 étoiles supérieur Paca | 351,50 euros |
4 étoiles supérieur autres régions | 223,80 euros |
4 étoiles standard | 126,40 euros |
3 étoiles | 73,70 euros |
2 étoiles | 49,60 euros |
0/1 étoile | 29,90 euros |
Ratio de RBE de 22,7 % pour le 4
étoiles supérieur en Ile-de-France
Parallèlement, l'étude de KPMG
indique que, à la désaffection de la clientèle, l'industrie hôtelière française a
enregistré un tassement de ses prix moyens chambre, en particulier "dans
l'hôtellerie francilienne de gamme moyenne et supérieure". Et pour cause. Les
prix moyens par chambre louée en région parisienne ont chuté de 2,6 % pour les 4
étoiles supérieur, de 1,8 % pour les 4 étoiles standard et de 1,6 % pour les 3
étoiles.
Par contre, la revalorisation progressive des prix moyens constatée en 2001 et 2002 s'est
poursuivie tout au long de l'exercice 2003 pour l'hôtellerie de province. Et ce, tant
pour le haut de gamme que le segment économique.
Résultant de ces évolutions, le revenu par chambre disponible (RevPar) a augmenté dans
presque toutes les catégories en région. À l'inverse, cet indicateur a observé une
nette régression par rapport à 2002 à Paris et en Ile-de-France, hormis pour la
catégorie 0/1 étoile.
Autant d'éléments qui ont lourdement pesé sur les
niveaux de résultat brut d'exploitation (RBE ou Gross Operating Profit), marge
correspondant au résultat après imputation des redevances de gestion et frais de siège,
et avant imputation de charges telles que le loyer, les taxes professionnelles, les
amortissements. En valeur relative - c'est-à-dire exprimés en pourcentage du chiffre
d'affaires -, les RBE ont d'ailleurs baissé dans la plupart des catégories étudiées.
Le fléchissement le plus conséquent a été observé dans les 4 étoiles supérieur
d'Ile-de-France dont le ratio est tombé à 22,7 % contre 33,6 %, soit à peu près 11
points de moins qu'en 2002. Malgré des reculs assez forts, les ratios des autres
catégories à Paris et en région parisienne ont réussi à se maintenir au-dessus de 30
%.
Concernant les 0/1 étoile, l'étude de KPMG révèle une amélioration du RBE, qui a
franchi la barre des 40 %. "Cette évolution reflète notamment le développement
de nouvelles unités superéconomiques très performantes ces dernières années, en
périphérie immédiate de Paris, voire dans Paris intra-muros", explique le
cabinet.
En province, au contraire, les professionnels ont de quoi se faire du souci. Les ratios de
RBE ont partout dégringolé, sauf pour les hôtels 2 étoiles qui se sont stabilisés. La
donne est telle que la plupart des ratios de RBE sont passés sous la barre des 30 %,
voire des 20 % pour la catégorie 4 étoiles supérieur 'autres régions'.
Au plan national, l'exercice 2003 se solde donc par
des résultats bruts d'exploitation en recul de 7,8 points pour les 4 étoiles supérieur,
de 2,1 points pour les 4 étoiles standard, de 2,1 points pour les 3 étoiles, et de 0,9
point pour les 2 étoiles. Celui du segment 0/1 étoile a crû, pour sa part, de 0,7 point
à 37,4 %.
Claire Cosson zzz20a
RÉSULTAT BRUT D'EXPLOITATION (EN % DU CA TOTAL HT-SC) - ÎLE-DE-FRANCE | ||||||
Catégorie | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | Évolution 2002/2003 |
4 étoiles supérieur | 33,4 % | 34,3 % | 32,5 % | 33,6 % | 22,7 % | - 10,9 |
4 étoiles standard | 33,4 % | 34,9 % | 35,3 % | 34,7 % | 33,2 % | - 1,5 |
3 étoiles | 38,3 % | 38,2 % | 37,6 % | 37,8 % | 35,4 % | - 2,4 |
2 étoiles | 32,8 % | 34,8 % | 32,8 % | 33,8 % | 31,8 % | - 2,0 |
0/1 étoile | 37,9 % | 38,2 % | 37,2 % | 37,7 % | 41,2 % | + 3,5 |
RÉSULTAT BRUT D'EXPLOITATION (EN % DU CA TOTAL HT-SC) - PROVINCE | ||||||
Catégorie | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | Évolution 2002/2003 |
4 étoiles supérieur Paca | 25,6 % | 35,2 % | 34,6 % | 34,0 % | 28,1 % | - 5,9 |
4 étoiles supérieur autres régions | 21,7 % | 23 % | 23 % | 21,9 % | 19,5 % | - 2,4 |
4 étoiles standard | 24,2 % | 29,2 % | 29 % | 30,3 % | 26,4 % | - 3,9 |
3 étoiles | 28,4 % | 28,8 % | 29,4 % | 27,9 % | 26,6 % | - 1,3 |
2 étoiles | 28,1 % | 26,7 % | 26,8 % | 28,7 % | 28,7 % | - |
0/1 étoile | 38,8 % | 38,9 % | 36,2 % | 36,4 % | 36,0 % | - 0,4 |
Coûts nourriture et boissons
bien maîtrisés
Malgré quelques
fluctuations conjoncturelles, les ratios coûts nourriture et boissons sont globalement
bien maîtrisés. Le tout dans une fourchette oscillant entre 24 et 25 % dans
l'hôtellerie 0/1 étoile, 30 et 33 % pour les 2 et 3 étoiles, 22 % pour les 4 étoiles
standard et 23 à 24 % pour le 4 étoiles supérieur.
Un employé, c'est combien ?
Jusqu'à présent, on constatait que les
coûts par employé avaient tendance à augmenter à mesure que le standing de
l'établissement s'élevait.
Un phénomène que l'on expliquait aisément par un niveau d'expérience et de
qualification supérieur dans le haut de gamme comparativement à l'hôtellerie dite
économique. Reste qu'aujourd'hui, l'étude de KPMG révèle que les écarts tendent très
sérieusement à se réduire, voire s'effacer, au niveau des hôtels 0/1 étoile et ceux
dits de moyenne gamme.
Hausse de la part des recettes
hébergement dans l'hôtellerie économique
L'analyse de la structure
des recettes en 2003 est intéressante à plus d'un titre. Pour commencer, si nous la
comparons aux résultats observés en 1999, on s'aperçoit d'emblée que cette structure
est demeurée relativement stable pour les catégories 3 étoiles, 4 étoiles standard et
4 étoiles supérieur. Parallèlement à cette stabilité, on observe un net renforcement
de la part des recettes hébergement en hôtellerie économique (2 et 0/1 étoiles). Selon
KPMG, ce phénomène s'explique par une croissance soutenue des niveaux de RevPar dans ces
catégories au cours de ces 5 dernières années, et par une érosion parallèle des
recettes hors hébergement.
VOCABULAIRE
Petit dictionnaire des termes utilisés
Taux d'occupation
Ce chiffre s'obtient en divisant le nombre de chambres
occupées par le nombre de chambres disponibles.
Prix moyen par chambre louée
Le prix moyen par chambre louée se définit comme le rapport des ventes nettes chambre
par le nombre de chambres louées.
Revenu moyen hébergement par chambre
disponible (RevPar)
Pour parvenir à ce chiffre, il faut diviser le chiffre d'affaires hébergement (hors
taxes, service compris) par le nombre de chambres disponibles sur l'année. C'est-à-dire
le nombre de chambres dont dispose l'établissement multiplié par le nombre de jours
d'ouverture.
Recettes chambre
Il s'agit des recettes correspondant à la location de chambres (nettes de taxes, mais
incluant le service lorsqu'il est appliqué). La location de salles de séminaire et de
salons n'est pas prise en compte ici.
Recettes nourriture
Ce sont les recettes qui proviennent de la vente de nourriture (HT/service compris) dans
les restaurants ou par les services étages et banquets.
Recette boissons
Ce sont les recettes issues de la vente de boissons (vins, alcools, jus de fruits
)
dans tous les points de vente (HT/service compris).
Frais de personnel
C'est l'ensemble des salaires bruts versés, au service distribué, aux charges sociales
et salariales y afférant. Sont également inclus les congés payés, les primes, les
repas des employés et autres avantages en nature.
Résultat brut d'exploitation
Il correspond dans cette étude au résultat brut découlant directement de l'exploitation
avant imputation des charges fixes ou celles résultant du coût du capital (loyers, taxes
foncières, professionnelles, assurance, immeuble, amortissements, frais
financiers
).
Le téléphone ne sonne plus à
l'hôtel
Depuis bientôt 10 ans, les recettes
téléphone/fax par chambre louée ne cessent de diminuer dans l'ensemble des catégories
d'hôtel. Cette baisse sensible résulte en grande partie du développement exponentiel de
la téléphonie mobile ou à carte.
Avec l'intégration, dans l'hôtellerie de luxe notamment, des technologies de
communication basées sur l'internet, on avait observé l'an passé une reconstitution des
recettes téléphone/fax par chambre louée sur le segment 4 étoiles supérieur en
Ile-de-France (+ 24 % entre 2000 et 2002).
Hélas, cette tendance haussière ne s'est pas poursuivie en
2003 à cause de difficultés conjoncturelles et de la désaffection de la clientèle
internationale.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2898 Hebdo 11 novembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE