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du 25 novembre 2004
ÉDITO

'Sunday is closed'

Alors que les rapports accablants se multiplient sur les pesanteurs qui handicapent gravement l'économie française, deux exemples concrets des ravages de la réglementation du temps de travail dans la profession.
Ce dernier week-end, il faisait un temps splendide sur le Languedoc, au repos après l'agitation estivale. Soleil implacable, mer calme, platanes illuminés des derniers feux de l'automne : bref, une journée idéale pour un déjeuner de soleil, de préférence au bord de la Grande Bleue. Mais c'est à croire que les autochtones ne sortent plus, ne vont plus au restaurant le dimanche, ont adopté - sous l'influence des résidents britanniques de plus en plus nombreux - le fameux 'Sunday is closed'. Et pourtant, les candidats à un moment de détente sur une terrasse ensoleillée ne manquaient pas. Les professionnels auraient sans doute bien voulu répondre à cette demande 'restée sur sa faim', si l'on ose dire. Mais comment faire ? Il faut tenir compte, malgré tout, de l'irrégularité de la fréquentation à cette époque de l'année, mais également de la réglementation du temps de travail, des RTT des uns, des congés de récupération des autres, de la difficulté à recruter et de… l'inappétence à l'ouvrage qui semble se répandre dans tout le pays.
Autre lieu, autre exemple : Paris, pas spécialement ensoleillé en cette saison et donc peu susceptible d'incliner à une douce flânerie sur les berges de la Seine. Essayez donc, en consultant le Michelin, de trouver un étoilé ouvert le jour du Seigneur. Presque tous fermés, vient de constater un visiteur étranger qui n'avait pas mis les pieds dans la capitale depuis 5 ans et qui aurait bien aimé, dimanche dernier, découvrir un des nouveaux talents de la cuisine parisienne. Aujourd'hui, les as des fourneaux ont compris ce qui fait le bonheur de tout un peuple, y compris des cuisiniers : le repos dominical absolu.
Sans dramatiser une situation finalement acceptée par une immense majorité, il faut toutefois s'interroger sur l'avenir d'un métier censé s'exercer au service de la clientèle en toutes circonstances. Mais une telle adaptation exige à la fois un sursaut de la profession, une volonté politique susceptible d'alléger l'insupportable fardeau d'une réglementation aujourd'hui absurde et un changement de mentalité.
Chez nous, scène vécue ce week-end, la patronne d'un restaurant avec vue imprenable sur la Méditerranée refusait des clients alors que des tables restaient vides. Explication sans appel : "Comprenez, il n'y a que mon mari en cuisine et je m'occupe de la salle, il n'y a plus d'employés le dimanche…" Voilà comment perdre du chiffre d'affaires, donc des recettes fiscales, donc de l'emploi, donc du PIB. Les hommes politiques devraient aller au restaurant le dimanche avant qu'ils n'aient tous fermé.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2900 Hebdo 25 novembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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