du 2 décembre 2004 |
ÉDITO |
"Cher Nicolas"
Faut-il que l'enjeu soit d'importance : pour la séance de clôture
du congrès de l'Umih vendredi dernier à Strasbourg, le ministre d'État, ministre de
l'Économie et des Finances, s'était déplacé afin de faire le point sur l'avancement
des dossiers concernant la réduction du temps de travail, la prime pour l'emploi,
l'attractivité du métier pour les jeunes, l'apprentissage, sans oublier - bien sûr - la
baisse de la TVA en restauration. Ouf !
Jamais le second ministre d'un gouvernement par le rang n'avait à ce jour daigné
se déplacer pour un congrès de la profession. Néanmoins, il faut croire que Strasbourg
est destinée à devenir la ville mascotte des hôteliers-restaurateurs : certains se
souviennent qu'en 1986, en cette même enceinte, un obscur secrétaire d'État au
Tourisme, Jean-Jacques Descamps, était venu annoncer la liberté des prix à la
profession. Déjà un symbole, après l'affaire Billing qui avait agité la capitale
alsacienne. Pour en revenir à Nicolas Sarkozy, qui n'est plus ministre aujourd'hui (on a
cru comprendre au détour d'une phrase que cette démission n'était pas vraiment son
choix personnel
), il a réalisé devant une salle comble l'exploit
politico-médiatique de démontrer une connaissance réelle et pragmatique des dossiers en
même temps qu'une maîtrise éblouissante de l'économie politique qu'il n'a pas apprise
à l'ENA, Dieu merci.
Si l'on osait, on pourrait dire que Sarkozy, c'est Adam Smith à l'heure
d'internet. Des constats d'évidence sur les mécanismes basiques de fonctionnement de
l'économie décentralisée, des remarques frappées au coin du bon sens sur les ravages
des 35 heures, les fausses lunes d'un dirigisme dépassé, la nécessité de retrouver en
France le goût du travail. On dira que ces bonnes paroles étaient destinées à un
auditoire acquis d'avance à la cause. Certes, mais il n'empêche. À la veille d'une
élection triomphale (les résultats du vote étaient connus vendredi dernier) à la tête
de l'UMP, Nicolas Sarkozy a trouvé le temps de venir devant les congressistes de l'Umih
pour exprimer la considération qu'il accorde aux problèmes de toutes les professions.
Animal politique à l'état pur, "cher Nicolas" - comme dit André
Daguin - sait combien les citoyens de toutes catégories, de toutes professions, de toutes
origines, sont en manque de reconnaissance dans un pays où le vote extrémiste doit être
entendu "comme un appel au secours".
À Strasbourg, Nicolas Sarkozy a illustré cette qualité de
proximité dont les électeurs sont de plus en plus friands. Il a parlé 'boutique', bien
sûr, avec des perspectives encourageantes sur la baisse de la TVA pour laquelle le
désormais ancien ministre de l'Économie a mouillé sa chemise jusqu'au dernier moment.
L'avenir devra démontrer qu'il ne s'agissait pas seulement d'un effet d'annonce.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2901 Hebdo 2 décembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE